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Un éléphant blanc menace la Ville

Par Thomas Gallenne


Centre culturel de Sainte-Marguerite

Présence d’amiante, risques d’incendie, dégradation avancée du bâtiment, sol et nappe phréatique potentiellement contaminés… Voici le tableau peu reluisant que présentait la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-

Masson, lors d’une soirée d’information en décembre dernier. Et avec l’arrivée d’un nouveau joueur, la Ville ne serait pas au bout de ses peines.

 

C’est du moins ce que pense la mairesse de la Ville, Linda Fortier. «Une menace d’avis de classement de la part du ministère de la Culture et des Communications plane sur le bâtiment le site du Centre culturel, a déclaré la mairesse. Effectivement, des sources indiquent que ce ministère aurait fait l’objet de récentes pressions pour faire classer le Centre culturel, ce qui a amené ses représentants à se déplacer à deux reprises depuis un mois.»

 

En effet, le ministère de la Culture et des Communications (MCC) confirme qu’une demande de classement est à l’étude. «Cependant, le processus peut prendre du temps et nous n’avons aucune échéance», de confirmer Annie LeGruiec, Responsable des relations avec les médias à la direction des communications et des affaires publiques du MCC.

 

Une mairesse outrée

Curieusement, cette intervention de dernière minute du ministère de la Culture et des Communications survient au moment même où la Ville vient de prendre sa décision quant à l’avenir du Centre culturel.

Outrée, la mairesse prévient: «Si un avis d’intention de classer le Centre culturel est déposé, la Ville va s’opposer farouchement à cette démarche. À cette étape-ci, cela pourrait compromettre le redéveloppement du Centre culturel privant ainsi la Ville d’obtenir le projet du siècle de l’ordre de 15M$. Dans cette éventualité, les dépenses pour les travaux de désamiantage et de décontamination du bâtiment, s’il y a lieu, seraient à la charge des citoyens de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et représenteraient une facture totalisant entre 1 et 1,5M$. Sans compter que la Ville, en demeurant propriétaire du Centre culturel, devra continuer d’entretenir le bâtiment et ce même si elle ne l’occupe plus. Ce n’est pas aux citoyens d’absorber cette charge financière totalement déraisonnable. C’est d’ailleurs pourquoi le conseil a opté pour le redéveloppement du Centre culturel par un projet récréotouristique tout en relocalisant l’hôtel de ville dans un bâtiment historique.»

 

Selon Mme LeGruiec, trois organismes sont à l’origine de la demande de classement déposée en 2007: la Société d’histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et d’Estérel (SHSME) et d’Estérel, le Conseil des monuments et sites historiques du Québec (aujourd’hui Action patrimoine) et DOCOMOMO Québec.

 

«Le projet déposé par HBO Construction ne conserve ni les écuries ni la façade d’origine et prévoit ajouter un étage, ce qui va à l’encontre de toute norme de restauration. On cherche à préserver une intégrité architecturale et esthétique, ce qui n’est pas le cas dans le projet», a déclaré René Bauset, membre de la SHSME. Ce dernier ne s’en fait pas pour la question financière. «Que la Ville nous vende le bâtiment et on trouvera l’argent. On a des mécènes en vue», a simplement répondu M. Bauset.

L’administration ne cache pas qu’elle n’est pas à l’abri d’éventuelles poursuites et que si le projet avortait, elle se retrouverait dans une impasse. «Cette menace pèse sur la tête de tous les contribuables, a répété la mairesse qui a bien l’intention d’aller chercher l’adhésion de la communauté. Mais encore une fois, je me sens prise en otage.»

(Lire tribune des lecteurs en page 3)

 

Un patrimoine à préserver, mais à quel prix?

 

Le 14 février dernier, la mairesse de la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, Linda Fortier, et sa directrice générale Francine Labelle, ont fait le point sur l’avenir du Centre culturel et la relocalisation de l’hôtel de ville au centre du village. Des projets mis en péril selon elles.

En décembre 2012, l’administration massonaise dévoilait les résultats de diverses études et annonçait sa décision d’opter pour un redéveloppement du Centre culturel par un projet récréotouristique et de relocaliser l’hôtel de ville dans l’ancien couvent situé au cœur du village.

«La vente et la valorisation du Centre culturel permettraient à la Ville d’atteindre deux objectifs: préserver les caractéristiques architecturales et patrimoniales du Centre culturel et de l’ancien couvent, tout en revitalisant le noyau villageois et l’économie locale de la ville», a rappelé la mairesse.

Et les études et analyses déposées début décembre, sur l’état du bâtiment datant de 1938 « démontrent clairement son état avancé de décrépitude», martèle Mme Fortier. «La Ville a définitivement rayé l’option de procéder à une mise aux normes du bâtiment puisqu’elle aurait dû injecter entre 15 et 20 M$, une somme que les citoyens ne sont pas en mesure d’absorber», ajoute-elle du même souffle.

Parallèlement aux études portant sur l’état du bâtiment, la Ville lançait, en octobre 2012, un appel d’intentions pour l’achat et la réalisation d’un projet de redéveloppement du Centre culturel. «L’appel ciblait certains critères très précis dont la mise en valeur du caractère patrimonial, le respect des caractéristiques architecturales particulières, le maintien des acquis (accès à la plage et au tennis) pour les citoyens et l’ajout d’une plus‑value minimale au site et au bâtiment, le tout en suscitant des retombées économiques pour le milieu», souligne la DG de la Ville.

Trois promoteurs ont déposé des projets: Les Développements du Baron Empain, HBO Construction et la Société d’Histoire de Sainte-Marguerite-Estérel. Après analyse par un comité d’évaluation, HBO Construction a été retenu avec un projet évalué entre 10 et 15M$, et des retombées en taxes municipales estimées entre 100 000$ et 178 000$. Questionnée sur les détails du projet, la mairesse a simplement répondu que la Ville étant en phase de négociation, elle ne pouvait commenter.

L’autre enjeu dans ce dossier demeure la relocalisation de l’hôtel de ville. «On a un autre bâtiment historique à préserver» rappelle Mme Labelle. Le conseil a conclu une entente avec le propriétaire du bâtiment pour une location/achat avec un bail d’une durée de cinq ans avec option d’achat après 12 mois pour un coût d’acquisition maximal de 2 650 000$ et pour des frais de location annuel ne dépassant pas 230 000$, selon les améliorations locatives.

Le déménagement des bureaux administratifs devrait avoir lieu au cours du mois de décembre 2013.

 

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