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Voyage au bout de la faim

Par Thomas Gallenne


Guignolée 2011 du Garde-Manger des Pays-d’en-Haut

Le 10 décembre 2011. Retenez bien cette date, c’est un samedi. Une fois dans l’année, le Garde-Manger des Pays-d’en-Haut «passera le chapeau» pour récolter tous vos dons. En temps, en argent ou en nourriture. Donnez généreusement!

 

Il est dix heures trente, un mardi. Nous sommes à quelques jours de la Guignolée du Garde-Manger des Pays-d’en-Haut (GMPDH). Mais ce n’est pas encore cet événement annuel qui fait activer les employés et les bénévoles de la place. Aujourd’hui, on prépare les paniers de denrées non périssables et périssables qui seront distribués à Lac-des-Seize-Îles, Morin-Heights, Saint-Adolphe-d’Howard et Saint-Sauveur. Le camion du Garde-Manger a commencé a décharger les denrées alimentaires qu’il est allé récupérer à l’entrepôt de Moisson Laurentides un peu plus tôt en matinée. Une fois fait, le groupe de bénévoles a la tâche de répartir les denrées en portions dans des casiers qui sont ensuite étiquetés et disposés dans les espaces réservés à chacune des municipalités. Coordonnatrice du Garde-Manger depuis six ans, Diane Montpetit, prête main-forte à l’équipe. Personne ne chôme.

 

Aide humanitaire en Pays-d’en-Haut

«Vendredi passé, c’est 145 personnes de Mont-Rolland et de Sainte-Adèle qui sont venues chercher de l’aide alimentaire à notre comptoir de Sainte-Adèle», raconte la coordonnatrice du GMPDH. Quant au comptoir de Saint-Sauveur – qui dessert également Sainte-Anne-des-Lacs et Piedmont, –c’est environ 35 familles qui reçoivent un service d’aide alimentaire. Selon les chiffres que tient le GMPDH, c’est au moins 350 familles présentes sur le territoire de la MRC des Pays-d’en-Haut, qui ont besoin de leurs services chaque semaine en 2011, soit près de 500 personnes. Parmi elles, de plus en plus de personnes âgées vivant seules. Et ces chiffres ne baissent pas, bien au contraire. «Quand j’ai commencé en 2005, juste à Sainte-Adèle, on desservait une soixantaine de famille, raconte Diane Montpetit. En 2011, la moyenne a été de 140 familles qui ont bénéficié de nos services d’aide alimentaire. Ça a plus que doublé en 6 ans.»

 

Le côté pauvre de la MRC

Quand on pense aux Laurentides, on imagine les paysages, le tourisme, la villégiature et… une certaine opulence. Les dernières statistiques contenues dans le profil sociéconomique édité il y a un an par le Centre local de développement (CLD) des Pays-d’en-Haut le confirmait. Dans son ensemble, la MRC est au dessus de la moyenne régionale voire nationale en matière d’éducation, de revenu et de richesse foncière. Pourtant, il y a l’envers du décor, derrière le glamour des résidences cossues et des voitures de luxe. Derrière se cache la précarité, la pauvreté.

 

«Les logements sont tellement chers, quelqu’un qui reçoit l’aide sociale, il lui reste quelques dizaines de dollars pour finir le mois», déclare la coordonnatrice du Garde-Manger. Cette précarité parmi une frange de la population des Pays-d’en-Haut s’explique selon elle, en partie par les types d’emplois saisonniers. «S’il n’y a pas de neige, il n’y a pas de touriste et le personnel sur appel ne rentre pas au travail, poursuit Mme Montpetit. J’ai des mères monoparentales qui travaillent seulement 12 heures par semaine. Elles n’ont pas assez pour boucler leur fin de mois.» Se sentent-elles découragées face à la pauvreté croissante qui touche notre région? «Dans un sens, non, car j’ai des outils pour aider les gens, répond la coordonnatrice sans hésiter. En revanche je me demande quand la pauvreté va décliner.» Et cette précarité peut toucher n’importe qui. Un problème de santé, une perte d’emploi, une séparation. L’effet domino. Personne n’est à l’abri d’avoir besoin un jour ou l’autre de ces services d’aide. «J’ai des personnes qui ont eu de l’argent et qui n’ont plus rien, confirme Mme Montpetit. On va les aider, leur donner leur premier dépannage (une liste complète d’articles de première nécessité). Si elles ont besoin, on va leur fournir par la suite une aide alimentaire et vestimentaire. On offre également l’accès à une cuisine collective: pour 10$, chaque personne repart avec cinq repas pour la semaine. On travaille beaucoup avec le CLSC, les intervenants sociaux.»

 

Diane Montpetit a également quelques succès à raconter: «On a du monde qui donne car ils ont profité de notre aide à un moment donné. Il ne faut jamais oublier que le chapeau peut faire à tout le monde!, rappelle-t-elle avec philosophie, en désignant les nombreuses tuques de Noël qui ornent le sous-sol du garde-manger. Moi mon moteur, c’est l’équité: redonner et redistribuer.»

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