Cloche de verre sur le centre culturel?

Par Thomas Gallenne

Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson

Le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, a émis, le 18 avril dernier, un avis d’intention de classement du centre commercial et communautaire du Domaine de l’Estérel, à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. -Thomas Gallenne

L’avis d’intention de classement vise l’enveloppe extérieure de la partie avant de l’immeuble la Blue Room et la cage d’escalier principal. Le ministre Kotto a également émis un avis d’intention de délimitation d’une aire de protection autour de l’immeuble.

En vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, la protection de l’immeuble patrimonial prend effet dès la transmission de l’avis d’intention de classement au propriétaire de l’immeuble visé, c’est-à-dire en date du 18 avril 2013. Il en est de même pour l’aire de protection entourant l’immeuble patrimonial.

Par conséquent, le propriétaire de l’immeuble patrimonial devra dorénavant obtenir au préalable une autorisation de la part du Ministère pour toute intervention touchant le bâtiment. Certaines interventions planifiées dans l’aire de protection doivent aussi faire l’objet d’une demande d’autorisation au Ministère.

Étonnement et indignation à la Ville

Si la mairesse de la Ville de SainteMarguerite-du-Lac-Masson, Linda Fortier, reconnaît ne pas être surprise de recevoir l’avis d’intention de classement pour le Centre culturel, elle se dit néanmoins indignée de la façon de procéder du ministère de la Culture et des Communications et de son ministre, Maka Kotto, qui selon elle a décidé de rompre les négociations en cours et d’agir unilatéralement avec non seulement un avis d’intention de classement pour certains éléments du bâtiment, mais bel et bien avec un avis d’intention de classement pour le site au grand complet et même pour une aire de protection tout autour du site.

«La Ville a coopéré avec le ministère et a même convaincu le promoteur de présenter son projet de redéveloppement du Centre culturel aux interlocuteurs du ministère. C’est ce que le ministère demandait, alors on a collaboré, pour se faire dire, tout récemment, que finalement il avait de toute évidence l’intention de classer le bâtiment ou du moins certains de ses éléments», ajoute la mairesse.

Voyant que le projet retenu ne pourrait voir le jour dans les délais fixés par la Ville, Mme Fortier explique que le promoteur HBO Construction a décidé d’aller de l’avant avec son projet initial de condos sur son terrain adjacent au Centre culturel, puisqu’un permis de construction, émis en 2011 avait été renouvelé en 2012.

La Ville avance que la Société d’Histoire de Sainte-Marguerite-L’Estérel ferait pression sur le ministère, mettant ainsi en péril les négociations entre la Ville, le promoteur et le ministère concernant le projet de redéveloppement du Centre culturel. «Sans se soucier des conséquences, le ministère de la Culture et des Communications agit au détriment de la population alors que la Ville avait fait preuve de bonne foi en voulant négocier les éléments à classer avec le ministère et le promoteur», a poursuivi Mme Fortier.

Au cours des prochains jours, la Ville consultera ses professionnels au dossier et fera savoir sa position quant à l’avis d’intention de classement. « Une chose est certaine, si la Ville a été collaboratrice jusqu’à présent, je peux vous assurer qu’avec l’attitude arrogante et menaçante des représentants du ministère qui ont débarqué à l’hôtel de ville, vendredi dernier en fin de journée, les échanges seront de plus en plus difficiles. J’ai le mandat de protéger les intérêts des citoyens et c’est ce que je ferai», a lancé la mairesse en guise de conclusion.

La Société d’histoire sur un pied d’alerte

Rejointe alors qu’elle s’apprêtait à aller signer un affidavit dans la cause qui oppose le Ministère au promoteur HBO Construction, Sophie Goyette, citoyenne et membre de la Société d’histoire de Sainte-Marguerite-L’Estérel, ne compte pas baisser les armes. «Mercredi soir, nous avons vu des flags rouges sur les arbres en bordure du Lac Masson, puis un premier arbre a été coupé. Le lendemain, le promoteur a rasé tous les arbres dans la bande riveraine. On a prévenu le ministère de la Culture qui a dépêché leurs représentants pour obtenir une injonction interlocutoire ex parte – ce qui est un cas unique au Québec – auprès du procureur général du Québec», mentionne cette résidente permanente depuis deux ans. Malgré cette injonction, les travaux auraient repris le vendredi. «HBO Construction a débuté des travaux d’excavation pour couler les fondations d’un bâtiment qui abriterait huit unités de condos. Mon conjoint André Émond a demandé à l’entrepreneur de cesser immédiatement les travaux. Ce dernier est allé voir l’Administration puis a repris les travaux. En fin de journée, Isabelle Huppé et Gilbert Lepage de la direction régionale de la Culture sont arrivés sur place pour déposer l’injonction. Il est clair que la Ville a manqué à ses devoirs», tone Mme Goyette qui ne cache pas ses intentions de se présenter comme conseillère dans l’Équipe Boucher. «C’est une victoire pour l’Équipe et pour les citoyens», conclut-elle.

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