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Lettre au maire Gariépy

Par Josée Pilotte

Ce qui m’a fait le plus bondir de ma chaise a été de lire le maire de Saint-Sauveur qui dit vouloir favoriser la pratique de sport de masse et pas seulement celle des sports d’élite. Comme si l’un empêchait l’autre!? Cette réflexion témoigne d’un total manque de jugement.

Ce qui me désole aussi c’est cette approche fonctionnaire qui semble totalement détachée de la réalité. Savez-vous combien dépensent ces fameux pratiquants de sports «d’élite» comme vous dites? Des pratiquants qui souvent font partie des classes socioéconomiques moyennes et supérieures. Savez-vous combien peuvent dépenser les cyclotouristes? Selon les dernières données de Vélo Québec, on parle de dépenses journalières supérieures de 6% à un touriste de base, qui vient à un concert, pose ses fesses sur sa chaise pliante, puis sacre son camp cinq minutes avant la fin du spectacle, pour ne pas être pogné dans l’trafic. Vous voyez le genre?

Demandez-vous combien un duathlète, un tri-athlète (mettez le chiffre que vous voulez), peut lâcher comme cash quand il vient.

Demandez à la ville de Tremblant si elle cracherait sur ce type de clientèle!

Parlons-en de ce type de clientèle justement: c’est un vent nouveau, qui apporte avec lui un nouveau «spirit», qui représente la santé… même si c’est intangible ce dont je vous parle, c’est pourtant un tout qui façonne l’âme d’un village. Et je pense que Saint-Sauveur a besoin d’un sérieux coup de barre! Car, si c’est ce genre de mentalité d’esprit qui gouverne notre Chambre et notre ville, bien on n’est pas sorti du bois! Parce que voyez-vous Monsieur le Maire, si on suit votre logique, il faudrait favoriser des événements de masse tels que la Fête cubaine au détriment de certains autres événements considérés «élitistes», comme le Festival des Arts de Saint-Sauveur, que vous appréciez tant, soit dit en passant… Est-ce là votre logique?

Et quant à Monsieur Urquhart qui dit vouloir protéger ses commerçants en imposant une quote-part sur les événements, ne passe-t-il pas à côté d’une belle opportunité de retombées économiques profitables pour l’ensemble de la communauté d’affaires, avec une clientèle diversifiée, multigénérationnelle, belle à voir, qui adhère à des valeurs de santé, de bien-être et de plaisir, des valeurs de sport, de plein-air, des valeurs qui nous ressemblent tout autant, sinon plus, que des rassemblements à l’ombre des cocotiers en plastique!? Comment voulez-vous que les promoteurs de tels événements, des promoteurs locaux qui plus est, et de longue date en plus – on parle de 20 ans dans le cas du duathlon de Louis Turcotte! – ne voient pas ces décisions comme des entraves, des bâtons dans leurs roues dans l’organisation d’événements. Ah, certains pointeront le fait que ces événements ne sont pas le fruit de la Chambre de commerce… Cette dernière n’a pas le contrôle sur les retombées évidemment. Défend-elle réellement les intérêts des commerçants ou ses propres intérêts, c’est-à-dire financer ses propres évènements, se demandent-ils?

Je peux comprendre que le maire et le directeur de la Chambre de commerce ne soient pas de grands sportifs. Il se peut même que la dernière fois qu’ils ont posé leurs fesses sur un vélo remonte probablement à la petite enfance. Ou qu’ils ont même couru quelques foulées. On ne leur demande pas d’être des triathlètes ou d’avoir un doctorat en économie pour qu’ils saisissent ce genre d’opportunité. Et ce n’est certainement pas une raison pour faire l’autruche comme ils le font. Saint-Sauveur se cherche une âme, un «spirit», on ne sait plus par quel «boute» le prendre le problème. Un événement sportif comme le duathlon, qui, je le répète, participe à faire l’âme de Saint-Sauveur depuis 20 ans, tire sa révérence parce qu’il n’y voit plus d’intérêt ou parce que les règles ont changé. Un événement comme le demi-marathon organisé par TopChrono se remet en question pour les mêmes raisons. Pourtant, on parle de gens bien de chez nous…

J’ai de la difficulté à comprendre la logique derrière la quote-part. Si c’est pour payer les frais encourus par la tenue de l’événement sportif, je peux comprendre. Mais si c’est pour financer les événements de la Chambre de commerce, là ça me pose un problème d’éthique.

On est à l’ère de la santé et des compétitions multi-sports; des événements sportifs de cette ampleur-là attirent des communautés plus fortes et solidaires que n’importe quel autre événement, car elles partagent un mode de vie bâti autour de valeurs communes. C’est ce genre d’événement qui peut attirer de jeunes familles (d’un certain calibre) et dont on a bien besoin justement pour remonter notre ville.

Puis entre vous et moi, faites le tour de tous les commerçants et demandez-leur si une population vieillissante (les 65 ans et plus représentent près du tiers de la population sauveroise, deux fois plus que la moyenne nationale) fait rouler l’économie de Saint-Sauveur (je le dis sans aucune méchanceté). Ça ne prend pas un doctorat en économie pour savoir ça!

Je suis écoeurée de voir ces visions étriquées, à très court terme et qui ne sentent pas venir les tendances, et qui nous servent du pré-mâché. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait une montée de lait, alors merci Monsieur le Maire!

J’espère que ma prochaine foulée ne sera pas pour m’enfuir à toutes jambes, loin de la masse (n’interprétez pas mon geste comme élitiste), mais bien pour jogger mes péchés dans les rues de Saint-Sauveur. 

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