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Entre ombre et lumière

Par Thomas Gallenne

Diversité sexuelle dans les Laurentides

En 2015, Bruce Jenner crée la commotion. Cet ancien athlète en décathlon ébranle les fondations mêmes de la masculinité en annonçant sa transition sexuelle pour devenir Kaitlyn. Depuis, il ne se passe pas une journée à travers le monde sans qu’une personne ne sorte de ce placard et ne dévoile être en quête de son identité sexuelle. Et vous?

Quoi de mieux en ce 17 mai, Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, pour se pencher sur la question de la diversité sexuelle dans les Laurentides. Qu’arrive-t-il à une personne allosexuelle?
« Souvent, le premier réflexe sera d’aller sur Internet, un endroit parfois obscur, où l’on peut s’y perdre facilement », lance Nicolas Courcy, intervenant psychosocial LGBT à l’organisme Centre Sida Amitié basé à Saint-Jérôme.
Ce dernier accompagne des personnes (de l’adolescence à l’âge adulte avancé) qui se questionnent sur leur identité sexuelle. « Je vais les aider à répondre à leurs propres questions, à faire la part des choses entre ce que la tête, le cœur et le corps ressentent. Et souvent, le conflit se situe entre la première et les deux autres. On nous a vendu l’idée selon laquelle le bonheur passe par l’hétérosexualité, alors qu’il existe une diversité. »
Assumer sa différence ou se conformer? « L’adolescence est une période difficile. Tu veux tellement être dans la masse. Alors, quand tu as une différence, tu es plus vulnérable, tu peux être pointé. Et l’orientation sexuelle et l’identité de genre, ça ne se change pas. Et les gens se permettent de juger ce qui est pourtant très intime. »

Le Québec : société progressiste?

Selon Nicolas, les lois et les livres en santé mentale ont évolué plus vite que les mentalités dans les sociétés occidentales. « Avant, l’homosexualité était diagnostiquée en santé mentale et traitée. On pouvait recevoir des électrochocs, être arrêté et emprisonné. »
Qu’en est-il des personnes transgenres? La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), publiée en 2013, n’identifie plus la transidentité comme une maladie. Il diagnostique une « dysphorie du genre » plutôt que celui de « trouble de l’identité sexuelle ». La maladie est liée à la souffrance qui peut en résulter, et non à la transidentité elle-même.
« Le Québec demeure un des endroits les plus avancés. On a une loi pour contrer l’homophobie. Toutes les opérations des personnes trans au Canada se font à Montréal. On vient même des États-Unis pour se faire opérer », souligne Nicolas Courcy.
Bien que l’assurance maladie couvre les opérations de base, le diagnostic de dysphorie du genre pour débuter l’hormonothérapie n’est pas couvert et les spécialistes pour le poser sont très rares. Il y en a deux dans les Basses-Laurentides; cependant, ils n’évaluent pas les mineurs. « Et quand tu es un ado, loin en région, que tes parents pensent que d’être trans ce n’est pas normal, c’est bien difficile de faire son coming out », pointe Nicolas.

Réseau des alliés

Ce 17 mai (jour de publication de notre présente édition), Nicolas Courcy a toute une annonce à faire. « On met en place ce qu’on appelle le Réseau des Alliés. Ça consiste à former des personnes de différents milieux, soit scolaire, de la santé, etc., à la réalité des personnes issues des minorités sexuelles ». Sensibilisées et formées par Nicolas lui-même, ces personnes pourront à leur tour faire la lutte à l’homophobie et à la transphobie. Cette formation est rendue possible grâce aux fonds reçus le 31 mars par le ministère de la Justice dans le cadre du programme de lutte contre l’homophobie. « Ce montant d’argent couvre un an et me permet de mettre en place ces formations, de faire faire des capsules vidéo, et de superviser les partenaires formés, pour un total de 20 heures par semaine », précise Nicolas Courcy.
Cependant, ce dernier précise qu’il existe quand même déjà des personnes-ressources et des actions qui sont entreprises sur le territoire des Laurentides. « Par exemple, il existe une Safe Zone, à la Maison des jeunes de Blainville, et l’intervenante en chef est Claudia Brien. Il y a aussi Lou Tremblay, intervenant scolaire à la Polyvalente des Monts à Sainte-Agathe-des-Monts. Les Alliés devront s’exposer dans leur milieu. Par exemple, ils pourront apposer un autocollant sur la porte de leur bureau, qui indique qu’ils sont ouverts à la diversité sexuelle », souligne Nicolas.
On peut rejoindre Nicolas Courcy au 450 431-7432 (bureau) ou au 450 971-3435 (cellulaire).

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