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Erik Guay au sommet de sa forme

Par Sandra Mathieu

C’est un Erik Guay confiant et tout sourire que j’ai eu la chance de rencontrer au pied des pistes de sa montagne natale à Mont-Tremblant durant la semaine de relâche scolaire. Même si le nouveau champion du monde de super-G est le skieur le plus âgé à monter sur cette plus haute marche du podium, il respire la jeunesse et entend bien mettre à profit sa maturité pour la suite des choses. Tête à tête avec un athlète complet et inspirant!

Quelle est la première image qui t’est venue en tête lorsque tu as réalisé que tu remportais l’or aux Championnats du monde?

J’ai immédiatement pensé à toute l’équipe d’arrière-scène, entraîneurs, médecins, physios, qui m’ont permis d’être là malgré mes hauts et mes bas. J’ai vécu énormément d’émotions avec mes blessures et mes six opérations depuis 2011.

À quoi ressemble le quotidien d’un athlète de ton niveau?

Durant la période de compétitions qui dure six semaines consécutives, je m’entraîne normalement sur les pistes les mercredis, jeudis et vendredis. Les samedis et dimanches sont dédiés aux courses, le lundi est notre journée de voyagement et le mardi, on refait le plein. À travers tout ça, j’essaie d’appeler régulièrement à la maison malgré des journées bien remplies qui débutent à 6 h et se termine vers 22 h.

Quelles sont les principales différences entre l’athlète que tu étais il y a dix ans et celui que tu es aujourd’hui?

C’est assurément l’expérience. Je mange mieux, je me prépare mieux et je suis à l’écoute des messages que mon corps m’envoie. J’ai également une meilleure connaissance des pistes et des éléments.

Quelle place prend le psychologique par rapport à la préparation physique?

Je dirais que le physique, la technique et le mental ont des parts égales. Pendant très longtemps j’ai misé beaucoup sur les deux premiers et dans les dernières années, j’ai beaucoup travaillé sur l’aspect psychologique.

Comment te prépares-tu mentalement à une épreuve? As-tu des rituels spécifiques?

Je n’accomplis pas de gestes précis comme Nadal par exemple, mais je passe à travers ma checklist mentale tout au long de la journée. Je m’assure de me réveiller avec une attitude upbeat et à chaque étape de ma routine, je suis alerte et je prends le temps d’étudier mon état mental. Juste avant la course, je recherche l’équilibre parfait de mon état d’esprit : ni trop crinqué, ni trop calme.

Quelle partie de ta vie d’athlète trouves-tu la plus difficile?

Autant qu’au début de ma carrière, j’adorais les voyages et le fait de découvrir des montagnes partout dans le monde, depuis que j’ai des enfants, je trouve ça difficile d’être loin de ma famille et j’ai hâte d’arriver chez moi pour passer du temps avec eux.

Quel est le message que tu aimerais transmettre à tes filles et aux jeunes en général en lien avec l’importance du sport dans la vie?

Le sport nous apprend la discipline et la persévérance. J’irais plus loin, ça nous apprend à nous bâtir un caractère et à bien vivre. On peut appliquer ce qu’on en retire dans toutes les sphères de notre vie.

Malgré que tu sois toi-même l’idole de plusieurs jeunes sportifs, as-tu encore un modèle ou un mentor aujourd’hui?

Plusieurs athlètes m’inspirent, mais j’ai envie de dire Roger Federer. Je trouve qu’il a de la classe. C’est aussi un père de famille et il travaille beaucoup avec les jeunes. Je crois que c’est important d’encourager la relève.

Quelle cause te tient à cœur?

Je suis porte-parole du 24h de Tremblant et je pense que c’est primordial de m’impliquer auprès des jeunes et de promouvoir par le fait même l’activité physique.

Immanquablement, après une performance comme celle-là, les gens doivent te parler des Olympiques. Comment vis-tu avec cette pression?

Je me concentre sur ce qui s’en vient à court terme. Il me reste encore deux courses cet hiver et une dizaine de courses l’an prochain avant les Olympiques. La pression est un drôle de phénomène, on se la place soi-même sur les épaules. C’est certain que je la veux cette médaille, c’est celle qu’il me manque, mais ça ne me sert à rien de trop y penser pour l’instant.

Penses-tu parfois à la retraite, qu’entrevois-tu pour la suite?

Je me concentre beaucoup sur le présent, alors je ne veux pas passer trop d’énergie à penser à ma vie après la compétition. On me demande souvent si je vais devenir entraîneur et la réponse est oui, à un niveau récréatif. J’aimerais rester impliqué dans le ski, mais pas à un haut niveau. Je vais avoir le goût de passer à autre chose et être près de ma famille.

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