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Rencontre archéologique dans les Hautes-Laurentides

Par Journal Accès

La perle de traite a été en distribution principalement entre 1600 et 1625. PHOTO : Courtoisie

Véronique Piché, collaboration spéciale

Des archéologues déjeunent dans un chalet loué aux abords du grand lac Nominingue. Ils ne savent pas ce qu’ils vont trouver aujourd’hui, mais ils savent que des groupes humains habitent la région depuis au moins 5000 ans. Récit.

7 h 30 Devant l’épicerie du village, l’équipe d’archéologues est complète. Sylvain Généreux en profite pour leur raconter des histoires sur l’époque du magasin général.
L’homme, un professeur d’histoire au secondaire, est l’un des instigateurs des Gardiens du Patrimoine Archéologique des Hautes-Laurentides, un organisme dont la mission est de faire découvrir le potentiel préhistorique et historique de la région.
7 h 50 La minifourgonnette se stationne. Elle contient tout l’attirail nécessaire aux travaux de la journée : pelles, truelles, sécateurs, porte-poussière, tamis, etc. Karine Taché, professeure adjointe au département d’anthropologie de Queens College of CUNY (City University of New York), est la chargée de projet. Elle explique la teneur de l’intervention. « C’est très exploratoire, alors on y va à distance de 5 mètres entre chaque sondage, c’est-à-dire entre chaque trou de 50 cm x 50 cm. Ce n’est pas une fouille; on cherche des sites. » L’équipe se disperse sur une petite pointe rocheuse s’avançant sur le grand lac Nominingue. Un endroit colonisé par des épinettes, du lichen et des bleuets, traversé par un vent qui vous repousse les moustiques. Et la vue. Et le clapotis. Et la loutre qui barbote.
10 h Une perle de traite! Francis Lamothe, archéologue, explique que cet objet est surtout en distribution entre 1600 et 1625, que ces perles de verre, fabriquées en Italie, étaient alors au cœur des échanges commerciaux.
Les Wescarinis
Le grand lac Nominingue se trouve à un carrefour stratégique du bassin hydrographique des Hautes-Laurentides. Au début des années 1600, la région est fréquentée par des Algonquins. Roland Tremblay, archéologue grand comme un totem, explique à son tour : « Le pays, entre la Rouge et la Lièvre, donc la Petite Nation, c’était celui des gens du Cerf : la bande des Wescarinis ».
Tout au long de la journée, les découvertes s’accumulent. On peut maintenant parler d’un vrai site archéologique, celui de la Pointe Manitou. Le regard de Sylvain est pétillant. Il a trouvé des éclats de pierre, des fragments d’outils de pierre, quantité d’os blanchis. Des artefacts que seul un œil averti peut reconnaître! « Je me sens énormément privilégié », dit-il.
16 h 30 L’équipe plie bagage. L’inventaire des lieux se poursuivra le lendemain.
* * *
Depuis plus de 10 ans, l’effort citoyen des Gardiens du Patrimoine Archéologique, en particulier de Sylvie Constantin et Sylvain Généreux, ainsi que la volonté des élus municipaux de Nominingue permettent de tenir à bout de bras ce projet de recherche et de reconnaissance des occupations anciennes du territoire.
Karine Taché souhaite diriger l’an prochain une fouille archéologique sur le site de la Pointe Manitou, peut-être avec ses élèves des États-Unis.
Pour plus d’informations : www.lesgardiensarcheo.com

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