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La triptyque Sonia Piché

Par Martine Laval

 

Telle une œuvre triptyque, Sonia Piché est tridimensionnelle, habitée qu’elle est de trois passions qui lui procurent l’équilibre dans sa vie. Directrice générale du théâtre du Marais à Val-Morin, elle est également artiste peintre accomplie et, lorsqu’elle s’évade dans la grande et sauvage nature qui l’inspire, elle pêche le saumon à la mouche selon les règles de l’art. Rencontre avec cette femme touchante que la culture émeut.

Comment a débuté ton aventure culturelle Sonia ?

Tout ce qui est événementiel m’a toujours attirée, l’animation particulièrement. J’ai donc été clown pendant 10 ans ! C’était mon gagne-pain pendant mes études au cégep et à l’université. Ensuite, j’ai fait de la coordination logistique d’événements avec programmation artistique. Le monde du spectacle m’a toujours bouleversée jusqu’à des montées de larmes quand le public applaudit. Cette complicité qui s’établit entre une œuvre et son public me fait énormément vibrer. Je me suis calmée, mais je ne peux pas dire que je suis moins émue. Mais je pleure moins.
Quand tu travailles plusieurs semaines à planifier un événement majeur de trois ou quatre jours, le lendemain de la fin de l’événement, c’est la chute dans le vide. C’est terminé. J’ai toujours aimé ce côté éphémère d’un événement. Mettre plein d’énergie à créer quelque chose, le porter en soi, presque pas dormir, être dans un feu roulant… Le « buzz » est bon, et puis pouf ! C’est fini. C’est passé.
Au théâtre du Marais, c’est ça, toutes les semaines. L’événement est unique. Je travaille un an et demi d’avance pour monter ma saison de spectacles et, pendant ce temps, j’anticipe, je choisis, je décide, j’élabore mon calendrier et, à un moment donné, le jour J arrive. C’est l’aboutissement, la boucle qui se boucle, la conclusion de l’aventure. C’est bien pour ça que j’ai tant de difficulté à ne pas être présente les soirs de spectacle!
Mais tu sais t’échapper de toute cette activité pour te plonger dans d’autres passions telle la peinture !
Ouiiii. Je dirais que, particulièrement dans les trois dernières années, la peinture a été un exutoire. C’était gros la construction du nouveau théâtre ! J’ai été répondante de ce chantier plus grand que moi-même ! Ce n’était pas mon milieu. Je ne suis pas contracteur ! Ça a été géant ! Je ne comptais pas mes heures. Mais quel résultat !
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours peint. Je n’ai hérité d’aucun talent, mais ça vient de l’effet que les couleurs provoquent en moi. Le mélange des couleurs. Et puis, lorsque je peins, le temps s’arrête. Je suis complètement stone par l’envoûtement du moment.

Quelle est la pulsion qui t’amène à ta toile et tes pinceaux ?

C’est le désir d’évasion. Comme un départ en voyage. Quelque part où le temps s’arrête. Je peux être plusieurs jours à y penser. Ça m’habite. J’imagine. Je fais des plans. J’ai hâte. Et puis, le bon moment est là ! Il est clair que si je ne faisais pas ce que je fais pour gagner ma croûte, je peindrais.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

Un geste, un coup de pinceau spontané que je me mets à suivre et autour duquel je joue. Ça devient tout et rien en même temps, et chacun ira de son interprétation en regardant le résultat. J’aime beaucoup. C’est déstabilisant. C’est la toile qui me guide. Je vibre. Puis, parfois, en peignant de façon « abstraite », je vois quelque chose qui naît. Je poursuis et ça se concrétise. En ce moment, je suis plus graphique : traits précis, focus, groundée, centrée, au point où je contrôle ma respiration. Quand je fais mes coulées, mes splash, c’est un tout autre état. J’en ai des frissons, je pleure. C’est complètement différent.

Et le plein air, la pêche au saumon à la mouche ?

Dans mon enfance, nos vacances en famille se passaient dans le bois. J’adore le bois. Je ne me considère donc pas comme une fille de campagne, mais de bois. De bois sauvage. Quand, avec mon amoureux, nous allons au Baskatong, on part en bateau camper sur des îles. J’ai déjà été jusqu’à un mois, seule sur une île. Je pêchais déjà, mais un jour, je me suis dit que j’aimerais pêcher à la mouche. Il y a cinq ans, on s’y est mis. Folle passion! Si bien qu’en 2012, on s’est mariés sur le bord d’une rivière à saumons en Gaspésie.

Je peux facilement pêcher du lever au coucher du soleil, 15 à 16 heures par jour. Je suis complètement envoûtée. Pourtant, je n’attrape pas beaucoup de saumons, puisqu’on a droit à six saumons par année et que ça peut prendre une centaine d’heures avant qu’un saumon vienne sur ta mouche, bien qu’ils soient là, qu’on les voit… Mais lorsqu’on en a un au bout de sa ligne, quelle chance ! Mais la gestuelle, la lancée, la concentration, le focus, le mouvement, la nature autour… c’est captivant ! Alors, nos vacances d’été depuis cinq ans, c’est d’aller au moins trois semaines par été sur les rivières à saumons. Le bonheur…
Sonia Piché a le théâtre du Marais tatoué sur le cœur et avec Nathalie et Morgane, le bienveillant trio SoNaMo, elles offrent un moment de bien-être à quiconque passe les portes d’entrée pour venir s’asseoir dans cette salle intime et chaleureuse. Alors, à bientôt, au théâtre du Marais !

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