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Des citoyens dénonçaient le bruit infernal de la sablière

Par Éric-Olivier Dallard

Jean Miller sur le point d’acquérir
une sablière à Morin-Heights

Jean-Philippe Dunault et sa conjointe sont heureux de souffler. Depuis que la carrière Georges V. Riddell et fils a cessé ses opérations, le couple peut désormais profiter de sa véranda. La rumeur veut que l’exploitant Jean Miller en fasse l’acquisition pour faire un développement domiciliaire doté d’un lac artificiel, même si celui-ci a œuvré plus d’une semaine à cet endroit.

Noëlla Robert a quitté Laval il y a quatre ans pour venir profiter d’un chalet paisible à la campagne. C’est du moins ce qu’elle croyait. «Je savais qu’il y avait une carrière dans les environs», mais ils opéraient loin de la maison, raconte-t-elle. L’enfer aurait commencé avec l’arrivée de Jean Miller, qui devait se porter acquéreur de la sablière vendredi dernier, et qui s’est mis à extirper du sable à une centaine de pieds de la maison.

Après une semaine, la machinerie serait déjà venue à bout de tout le sable qu’il restait à exploiter sur le site et l’acheteur de la succession de George Riddell s’apprêterait à y ériger un projet domiciliaire. Avant tout, le nouveau propriétaire devra réaménager une immense partie de terrain qui jouxte la municipalité de Mille-Isles, résultat d’une surexploitation antérieure.

Toujours des inquiétudes
«La municipalité a fait beaucoup de travail dans les années ’90 en forçant la main au ministère de l’environnement pour faire cesser les opérations d’une autre carrière appartenant à la famille Riddell, confie le directeur général de Morin-Heights, Yves Desmarais. Mais à l’époque, poursuit-il, nous avons dû passer par la Commission d’accès à l’information pour monter notre dossier. La collaboration du MENVQ n’était pas toujours là.» Les plaintes venaient en partie des riverains du lac Danava, à Mille-Isles,, qui voyaient leur plan d’eau se remplir de sable année après année. Exaspérés, les citoyens avaient décidé de prendre les grands moyens et de draguer leur lac pour y enlever un peu de sédiments, mais ils se sont fait sermonner par le même ministère. «Toutes leurs plaintes se sont retournées contre eux», déplore Yves Desmarais.

Stratégie commune, la solution?
«Il y a lieu d’examiner à court terme, l’opportunité de mettre en place une stratégie commune et régionale», affirmait la MRC des Laurentides en 2004. L’année suivante, c’était au tour de la municipalité de Saint-Faustin de craindre pour ses puits d’eau potable et des problèmes environnementaux pouvant résulter d’un agrandissement du site d’exploitation de la compagnie Lafarge.

En avril 2006, la municipalité de Wenthwoth-Nord a adopté un moratoire le temps de connaître l’inventaire des sablières approuvées par le ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs (MDDEP) et le terme des exploitations existantes avant de permettre d’ouvrir de nouvelles zones. «Ne pas permettre aux carrières et sablières de s’agrandir, serait en quelque sorte renier les droits acquis aux exploitants», affirmaient les membres de l’industrie dans un mémoire déposé en 2002 par Tremblay, Brosseau, Fleury, Savoie, S.E.N.C.
«Chaque situation est particulière, estime pour sa part Pierre Robert du MDDEP. Mais quand on parle de droits acquis, ces droits concernent l’activité, pas la personne.»
«Toutes les municipalités de la région ont vécu des problèmes de sablières, poursuit Yves Desmarais. Nous sommes une créature du gouvernement. Les chiens errants, c’est nous, les sablières, c’est le ministère. Heureusement, les joueurs sont réduits et les exploitants doivent être respectueux de la réglementation.»

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