|

Des effets secondaires lourds de conséquences

Par benerice-jette

 

 

 

 

 

Pour traiter une grippe saisonnière chez sa fille  de six ans en décembre dernier, Karine Hoinville lui administre du Tylénol toux et rhume liquide de nuit, pour enfants de six à 11 ans acheté en vente libre. Or, à la mi-janvier, la mère remarque désorganisation, angoisses régulières, pleurs, manque d’appétit et de qualité du sommeil chez sa petite. Encore enrhumée, le médicament est quelques fois utilisé, et l’état de la fillette continue de se détériorer en février. 

Préoccupés, les intervenants scolaires incitent Mme Hoinville à consulter un psychologue, pour déceler un trouble affectif d’éloignement possible chez son enfant. Finalement, fin février, l’enfant est retirée de l’école; une fois à la maison, son état s’améliore. Mais un gros rhume en mai, et une seule dose de Tylénol toux et rhume éveille les soupçons de la mère. «Le lendemain, ma fille était incapable de fonctionner, de jouer. Elle a pleuré toute la journée», raconte Karine Hoinville qui va faire alors le lien entre les symptômes et la prise de médicament et non l’école.

 

L’arrêt du traitement et deux jours de repos permettent à l’enfant de retrouver son état normal. Mais cette mésaventure soulève des questions chez la mère de famille. «Disons qu’un parent dans la même situation décide de médicamenter son enfant pour trouble d’attention, croyant qu’il s’agit de la cause; l’enfant se retrouverait traité pour contrer les effets secondaires d’un autre médicament. Cela va loin et c’est effrayant», déplore la maman.

 

Des ingrédients déconseillés aux jeunes enfants

«En date du 31 mars 2013, et depuis le 1er janvier 1965,  quatre rapports d’effets secondaires attribuables à TYLENOL Rhume et toux nuit, pour enfants de six à 11 ans ont été reçus. Cependant, il est souvent impossible de déterminer si un effet indésirable (EI) déclaré à Santé Canada est le résultat de l’utilisation d’un produit de santé. L’état de santé d’une personne ou d’autres produits utilisés en même temps pourraient être des facteurs contribuant aux effets secondaires. Les EI ne sont pas tous déclarés, alors il est impossible de conclure qu’ils sont attribuables à un produit de santé particulier», a déclaré Leslie Meerburg, porte-parole et conseillère principale en relations avec les médias chez Santé-Canada.

De son côté, la compagnie Mc Neil qui détient la marque de commerce Tylenol admet que son médicament peut engendrer des effets secondaires tels que décrits dans la monographie du produit: nervosité, angoisse et manque de sommeil.

 

Le médicament contient 5 mg de bromhydrate de dextrométhorphane (DM), un antitussif qui soulage la toux sèche. «Le DM est un dérivé de narcotique, c’est pourquoi plusieurs pharmaciens n’en conseillent pas pour les enfants de six à 11 ans, et qu’il est strictement déconseillé aux enfants de moins de six ans. Des études prouvent qu’il est non seulement inefficace chez eux, mais peut être toxique», a déclaré un pharmacien, qui tient à garder l’anonymat.

 

Le 18 décembre 2008, Santé Canada émettait un avis selon lequel l’utilisation des produits contre la toux et le rhume chez les enfants de moins de six ans n’était plus considéré comme sécuritaire. L’avis se lisait comme suit: Santé Canada exige des fabricants qu’ils modifient l’étiquetage des médicaments contre la toux et le rhume qui sont offerts en vente libre et qui incluent des renseignements posologiques pour les enfants, afin d’y préciser qu’on ne doit pas administrer ces médicaments à des enfants de moins de six ans.

 

Revoir l’accessibilité aux médicaments?

En mars 2012, des coroners ont recommandé d’inclure le DM à l’annexe II, car ces derniers s’interrogent sur la disponibilité d’une panoplie de produits pharmaceutiques qui contiennent du DM, et ce, sans prescription ni avis professionnel.

 

La section délimitée d’une pharmacie présente trois annexes, soit l’annexe III, constituée par les produits de santé en vente libre; la II, se trouvant derrière le comptoir sans nécessiter de prescription, mais demandant à consulter le pharmacien pour obtenir un produit; et finalement l’annexe I, où sont conservés les médicaments sous prescription.

 

Le pharmacien interrogé par le Journal souligne d’ailleurs l’importance de consulter, de mentionner toute allergie ainsi que la prise de produits naturels, qui pourrait causer des effets secondaires créés par l’interaction avec la prise de médicaments contenant du DM, entre autres. Il ajoute qu’il est primordial de suivre les indications quant à l’âge ciblé par le produit et la posologie. «Une panoplie de produits est aujourd’hui à la portée de tous et il faut redoubler de vigilance, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants», conclut celui qui soutient qu’un choix éclairé résulte d’un questionnement adéquat.

 

NOUVELLES SUGGÉRÉES

0 Comments

Submit a Comment

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *