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Deux saisons dans le désordre

Par Éric-Olivier Dallard

Josée veut savoir…

Ce qu’il advient de La Rolland, le bilan de l’Opération Cisaille dans les Laurentides, la place de l’art contemporain en région… Soudain, tout cela peut apparaître, l’espace d’une édition, bien vain. Face au silence assourdissant qui suit le silence des balles.

Face à ce silence qui suit, parfois, le silence est, au départ, préférable… Que dire

L’esprit s’égare, se perd trop vite en conjectures, comme chaque fois qu’il cherche à comprendre quelque chose qui le dépasse.

Dans mon métier, quand un sujet dérape, quand l’on passe à côté de l’angle, quand l’on perd le fil conducteur d’une bonne histoire, quand le bon papier du matin devient la honte du soir, un ratage en beauté, quand une jolie phrase se teinte de lyrisme sirupeux, quand une chronique ne trouve pas son lecteur… j’aime alors me rappeler qu’il ne s’agit là que de journalisme, pas de médecine ou de littérature. Alors, quand se présente un tireur fou, dans un collège abritant 10 000 élèves… comment trouver les mots? En existe t il seulement?

Plus tard, les mots. Plus tard l’américanisation de la sécurité dans les établissements scolaires. Plus tard Littleton, Polytechnique, Concordia, le contrôle des armes à feu et les constats d’impuissance de la psychanalyse. Plus tard la recherche de la fêlure. Plus tard le multiculturalisme du collège Dawson. Plus tard, même, Virginie Larivière.

Pas maintenant, déclare le père du tueur aux journalistes frappant à sa porte le jour même du drame.

Oui, parfois, le silence.

Il sera bien temps de relire Salinger. Plus tard.

C’était en septembre dernier.

Beaucoup d’entre vous, lectrices, lecteurs, aviez réagit à cette courte chronique Altitude qui avait la prétention, ne disant rien, de dire tout.

C’est maintenant la saison suivante. Nous sommes lundi.

Il y a de plus dérangeantes tempêtes que celles qui amènent 25 centimètres de neige, un lundi de printemps.

T’en penses quoi, mon rédac’, de Virginia?, me demande, sans attendre trop de véritable réponse de l’oracle-souvent-muet, ma brune éditrice que la nouvelle du jour rembrunit. Mère de deux garçons, la énième tuerie du genre l’apostrophe.

Virgine?, très franchement, pour moi c’est, et de loin, le meilleur téléroman que l’on ait jamais écrit ici… Aucune idée où Fabienne Larouche va chercher tout ça, mais, d’année en année, son écriture ne cesse de m’impressionner.

Dire quoi? Penser quoi? Ma première réaction, la thèse psychiatrique, s’est vue confirmée quelques jours après. Josée a lié rapidement dès les premiers écrits du tueur révélés le rôle de l’argent dans son délire.

C’est Josée, avec son Espace griffé de cette semaine (page 5) qui, n’en disant rien, dit le mieux tout sur le sujet. À lire. À méditer.

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