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DISPARITION du cardiologue de Saint-Jérôme

Par mathieu-sainte-marie


Manaslu

Emporté par une avalanche dimanche au Népal, le cardiologue à l’hôpital de Saint-Jérôme, Dominique Ouimet, manquait toujours à l’appel mardi matin, au moment de mettre sous presse. Ses chances de survie tiennent maintenant du miracle.

Sa sœur, Isabelle, qui était confiante plusieurs heures après sa disparition, se résigne. «Les chances de le retrouver vivant, selon les guides de montagne au Népal, sont quasi nulles», écrit-elle sur la page Facebook de son frère.

 

Laurent Homier, le seul Québécois à avoir atteint le sommet du Manaslu, n’était pas plus optimiste. «Plus le temps passe et plus la neige tombe. Des corps d’alpinistes n’ont jamais été retrouvés», a dit le résident de Sainte-Lucie-des-Laurentides lors d’une conversation téléphonique, lundi.

 

De son côté, le responsable des opérations de sauvetage sur le terrain au mont Manaslu, Yog Raj Kandel, estimait à 1% ses chances de survie, lundi.  

 

Parti pour le Manaslu il y a trois semaines, le Dr Ouimet, 48 ans, rêvait d’atteindre le sommet d’une montagne de 8 000 mètres et voulait amasser 25 000$ pour la Fondation de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme. «C’est une expérience exceptionnelle à vivre individuellement, mais ça la magnifie de le faire pour une cause», avait-il déclaré au journal Accès dans une généreuse entrevue, seulement deux jours avant la grande expédition.

 

Malheureusement, son aventure s’est terminée samedi lorsqu’une avalanche s’est abattue sur le camp 3. À ce moment, des alpinistes dormaient alors que d’autres se préparaient à atteindre le sommet. Neuf personnes sont mortes et trois autres, dont le médecin québécois, sont portées disparues.

 

Une montagne dangereuse

Lors de notre entrevue, M.Ouimet n’a jamais abordé le risque d’avalanche. Il disait plutôt craindre l’apnée du sommeil. «La respiration est beaucoup plus présente dans notre esprit», explique M. Homier.

 

Selon ce dernier, la montagne s’était stabilisée dans les dernières années alors qu’elle était beaucoup plus dangereuse dans les années 1970. «C’est changeant, on ne sait jamais quand ça peut arriver», affirmait l’alpiniste qui disait ne pas craindre les avalanches lors de son ascension.

 

Chose certaine selon lui: si les guides croyaient qu’il y avait du danger, ils ne seraient pas restés au camp 3. «Je connais deux guides français qui ont péri et ce n’étaient pas des têtes brulées», lance Laurent Homier.

 

Dominique Ouimet qui confiait n’avoir jamais été aussi en forme pour escalader une montagne, estimait à 50% ses chances d’atteindre le sommet.

 

Avec un taux de mortalité de 3,87 %, le Manaslu, baptisé «la montagne tueuse» est le 3e mont le plus dangereux de l’Himalaya.

 

Un hôpital en deuil

Les employés et les médecins qui travaillent avec le Dr Ouimet à l’hôpital de Saint-Jérôme sont très affectés par cette tragédie. «Pour cette raison, les rendez-vous électifs qui devaient avoir lieu aujourd’hui (lundi) ont été reportés afin de permettre à l’équipe de cardiologie de concentrer ses efforts aux urgences et à la clientèle hospitalisée», explique-t-on. Un soutien psychologique est disponible pour ces employés.

 

Lundi sur sa page Facebook, des commentaires d’espoir affluaient. «T’es capable de te sortir des pires situations, promets-nous ça!», disait un utilisateur. «Je pense à toi et garde espoir», écrivait un autre.

 

Sur ce même site, des amis ont publié plusieurs photos du disparu prises lors de différentes expéditions. On le voit, entre autres, au sommet du mont Denali en Alaska et en expédition au mont Aconcagua en Argentine.

 

Plus prudent à l’avenir

Cette tragédie fait réfléchir plusieurs alpinistes, dont Laurent Homier qui n’a pas de projets d’expéditions pour le moment. «C’est certain qu’à l’avenir je vais faire une meilleure évaluation des montagnes où je vais aller. Je vais éviter les montagnes trop dangereuses», confie-t-il.

 

Notons que le cardiologue devait au préalable faire l’ascension du Shishapangma au Tibet. Toutefois, les autorités chinoises ont fermé le Tibet aux visiteurs étrangers en juin. Le groupe du Dr Ouimet s’est donc tourné vers le Manaslu, 8e plus haute montagne du monde.

 

 

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