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Dominique Normand

Par Thomas Gallenne

Voyage mystique chez les Cris

Après avoir passé un mois de pèlerinage en raquettes, lors du Journey of Wellness, Dominique Normand est de retour du grand Lac Mistassini. Inspirée, motivée, la tête remplie d’images, l’artiste multidisciplinaire laurentienne planche maintenant sur le documentaire qu’elle a été invitée à filmer et à photographier.

Son aventure a commencé il y a sept ans, lorsqu’elle entreprit un long voyage vers la Baie James pour retrouver des amis rencontrés au Pow Wow du centre Jeunesse de Batshaw. L’expérience fut marquante: des forêts sans fin, des milliers de lacs, des rivières majestueuses, la vraie nature sauvage, et une rencontre touchante avec le peuple Cri qui allait changer sa vie. Depuis ce jour, elle revisite la communauté de Mistissini au moins trois mois par année, comme amie, peintre, professeure d’ateliers artistiques et cinéaste.

Documenter la vie des Cris

De la fin février à la fin mars, l’artiste a été invitée à capturer sur film, les activités quotidiennes de cette expédition afin d’immortaliser le mode de vie traditionnel des Cris de la Baie James et les liens étroits qu’ils entretiennent avec la nature. De cette expérience, qu’elle qualifie «d’unique» et qui l’a transformée, naîtra un documentaire de 45 minutes mettant en lumière les divers aspects du quotidien partagé avec le groupe de 17 participants Cris.

Ce «pèlerinage vers le mieux-être» permet la transmission des modes de vie traditionnels des Cris aux nouvelles générations, par l’action directe: la participation aux tâches, l’apprentissage des rudiments de la survie en forêt en saison froide, le montage des tentes, l’enseignement de la trappe, de la pêche et de la chasse, la cuisine, et les cercles de partage. L’étroite complicité avec la nature et les défis du pèlerinage invitent à l’endurance, au recueillement, à la remise en question, encourageant la prise en charge de soi, et le désir de changer sa vie pour le mieux.

Le froid sibérien du mois de mars n’a pas facilité les prises de vue et la manipulation des équipements. «Le mercure s’est tenu en moyenne sous les -27°C, osant souvent des -39°C au petit matin!, raconte l’artiste. Marcher de longues heures dans le Grand Blanc est une expérience gravée dans ma mémoire.»

La reconnaissance que Dominique éprouve envers ceux qui l’ont acceptée, avec gentillesse, patience et encouragement est sans limite. «Les Cris sont un peuple discret, généreux, sage et accueillant. Ils aiment rire et souligner les rites importants de la vie.»

Une fois le documentaire terminé, le comité de développement social et culturel de Mistissini sera muni d’un outil de promotion et d’enseignement précieux pour les écoles et les générations à venir. Dans les Laurentides, une série de conférences seront annoncées, permettant à l’artiste de partager cette expérience unique et de participer à faire connaître le peuple Cri et ses enseignements.

Vous pouvez rester à l’affut des évènements, expositions et conférences en visitant son blogue et son site internet au www.dominiquenormand.com et www.dominiquenormand.ca.</em>

Carnet de voyage

«Tirant mon toboggan, transportant caméras, hache, pelle à neige, vêtements de rechange, bannique et thermos de thé, je marchais presque machinalement, absorbée par l’espace autour de moi qui semblait diriger mes mouvements et ma pensée. Le son rythmé de la neige craquait sous mes raquettes. Un à un, nous marchions vers la prochaine destination, savourant à l’avance l’idée d’une pause bien méritée. Mais le thé devrait attendre car il y avait beaucoup à accomplir avant de pouvoir faire bouillir de l’eau!»

«Choisir un espace entre les épinettes loin du vent glacial, couper et débiter une vingtaine d’épinettes, écraser la neige à pied, amasser le branchage et les poteaux qui serviront de porte, plancher, table, séchoir, chandelier, toilette. Monter la tente, la renflouer d’un haut mur de neige, transporter les bagages, faire un trou dans la glace pour recueillir l’eau, fendre du bois pour chauffer le poêle, faire bouillir l’eau et cuisiner pour le souper… et enfin, prendre une pause!»

«On revient indéniablement changé d’un tel périple. Le retour au village est célébré en grand! Familles et amis sont conviés à fêter et à souligner l’importance de cette expérience par un grand festin sous la grande tente (Sabtuan). Plusieurs tentes sont érigées tout autour, et les ainés sont invités à partager leur savoir-faire: fabrication de filets, d’outils, plantes médicinales, confection des mitaines et mocassins, broderie, perlage, cuisson des viandes sauvages sur feu extérieur pour tous.»

«La somme des expériences vécues, les enseignements reçus, l’émerveillement face à cette nature grandiose, ainsi que la communion entre les participants marquent profondément les êtres ouverts à recevoir.»

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