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Eau:Source de préoccupation

Par Thomas Gallenne


L’eau dans les Laurentides

L’eau est indissociable de la région des Laurentides. C’est un élément naturel caractéristique, un milieu vivant ne l’oublions pas. Symbole de pureté, sacralisé dans certaines religions, source de vie, l’eau demeure fragile si l’on n’en prend pas soin. La résurgence des cyanobactéries (les algues bleu-vert) est venue le rappeler. L’eau, cet « or bleu », présentée comme une marque de commerce, demeure une manne pour cette région de villégiature. Des milliers de lacs, de rivières et cours d’eau, des parcs d’amusements, des jeux d’eau pour rafraîchir petits et grands par temps de canicule. L’été, on joue dans l’eau comme le dirait une annonce publicitaire. Et son chalet au bord de l’eau, rêve pour certains, réalité pour d’autres.

Take a kayak!

Le Journal de Montréal en a fait ses manchettes au début du mois de juillet, annonçant le retour des algues bleu-vert dans trois lacs au Québec. Deux lacs étaient situés dans les Laurentides, soit le lac Ouellette à Ferme-Neuve et le lac Caron à Sainte-Anne-des-Lacs. «La question des cyanobactéries remet en question notre rapport à l’eau, avance Anne Léger, directrice générale du Conseil régional de l’environnement des Laurentides. Selon elle, si l’on ne prend pas conscience de nos impacts sur les rivières et les lacs, si on ne change pas nos comportements, on va perdre l’usage de l’eau, à plusieurs niveaux. Ne plus jouir de la baignade a bien sûr un impact au niveau récréatif, et par la bande, au niveau économique. L’autre aspect économique est la perte de valeur d’une propriété riveraine d’un lac ou d’une rivière contaminée. Quant à l’aspect le plus sensible est sans aucun doute celui de la santé publique. Comment voit-elle l’avenir de notre eau? «Sans porter des lunettes roses, j’ai bon espoir», répond Mme Léger. Un espoir qu’elle fonde sur la nouvelle génération, beaucoup plus sensibilisée selon elle aux problématiques environnementales. Car changer les mentalités et les façons de faire, cela prend du temps. «Il faut faire beaucoup de sensibilisation, poursuit Anne Léger. Et malheureusement aussi un peu de coercition.» Et si ce n’est du bâton, souvent les gens réagissent quand il est rendu un peu trop tard, quand le problème est rendu dans leur cour, ou dans leur lac dans ce cas-ci.

 

«Mais il reste du chemin à faire, pense-t-elle toutefois. Encore hier soir, j’ai aperçu des jeunes gens se laver dans le lac dont je suis riveraine. Avec du savon, du shampoing. J’ai pris mon kayak et suis allé les sensibiliser. Il y a du travail à faire, faut pas lâcher!» Take a kayak.

 

Rivière du Nord: encore malade?

À la fin mai de cette année, Jean-François Giasson, enseignant en sciences à la polyvalente des Monts, à Sainte-Agathe-des-Monts, a descendu avec son équipe de 9 étudiants, la rivière du Nord, entre le lac de la Montagne noire (sa source) et le lac Raymond à Val-Morin. Une trentaine d’échantillons d’eau a été prélevée durant leur descente et analysée. L’objectif de cette étude est de démontrer l’état et l’évolution des propriétés physico-chimiques et bactériologiques de l’eau de la rivière du Nord. M. Giasson part de l’hypothèse que la qualité physico-chimique de la rivière serait nettement meilleure en amont de l’affluent de l’usine d’épuration de Sainte-Agathe qu’en aval.

 

Des résultats préoccupants

Après six années d’observation faite par l’enseignant, celui-ci ne relève aucune amélioration notable de la rivière en aval de Sainte-Agathe. Au contraire, la contamination aurait empiré. M. Giasson constate avec

dépit «qu’en 2011 nous avons des canalisations pour nos eaux usées semblables à celles utilisées aux temps de l’Empire romain. Les eaux usées ne passent pas toutes par l’usine d’épuration et contaminent encore et toujours notre belle rivière. Ses nombreux utilisateurs, qu’ils soient résidents ou touristes, risquent de graves infections et maladies. Il est impératif d’améliorer et de préserver la qualité de ce plan d’eau.»

 

Le robinet de la 15

Icône kitsch de l’autoroute 15 s’il en est, au même titre d’ailleurs que le restaurant Madrid l’était pour l’autoroute 20 (ce dernier ayant été vendu, le nouveau propriétaire prévoit sa démolition), le robinet des cascades d’eau de Piedmont tarde à être démantelé. Pourtant annoncé au printemps 2010 par la direction de Mont Saint-Sauveur International Inc. (MSSI), le transfert des installations de glissades des Cascades d’eau de Piedmont sur le site du Parc aquatique Mont Saint-Sauveur pourrait être reporté de deux ans, selon Martin Giroux, directeur aux ventes et marketing à MSSI. «On regarde encore pour un emplacement adéquat, sur les terrains du Parc aquatique, explique M. Giroux. Mais il y a aussi toutes les questions de connections de tuyauterie et de reconditionnement du robinet. Ce sont des coûts substantiels.»

De quelle manière l’eau est-elle gérée au parc aquatique? «100% de l’eau utilisée sur notre site est recyclée et filtrée», explique M. Giroux. MSSI a d’ailleurs investi 150 000$ dans un nouveau système de filtration d’eau, installé plus tôt ce printemps. Quant à l’eau, celle-ci provient à la fois de plusieurs puits alimentant le réseau, et vient suppléer l’approvisionnement depuis l’aqueduc municipal. Et en bon citoyen corporatif, MSSI paie une redevance d’eau, insiste Martin Giroux.

 

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