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EDITION DU MERCREDI – 600 manifestants dénoncent le huit clos sur la santé

Par nathalie-deraspe


A St-Sauveur

Lundi, près de 600 personnes issues des milieux communautaires et de la santé ont répondu à l’appel du secrétariat intersyndical des services publics (SISP) et manifesté devant le Manoir Saint-Sauveur pour s’élever contre la menace de l’incursion du privé dans le système de santé québécois.

Lundi avant-midi, une foule armée de pancartes scandaient des slogans choc sous l’appui des tams-tams à quelques pas de l’entrée du Manoir Saint-Sauveur, où se tenait jusqu’à mercredi le World Health Executive Forum, communément appelé «Davos de la santé». Même si pour certains, l’heure n’est pas à la rigolade, les manifestants ont eu droit à un «Voulez-vous coucher dans le couloir, ce soir?», version remaniée d’un hit de Nanette Workman rebaptisé pour l’occasion «Lady garde-malade».

Les syndiqués ont dénoncés tour à tour ce think-tank réunissant à huit clos plus d’une centaines de politiciens et de décideurs publics et privés en provenance du monde entier, venus au Québec pour discuter de l’avenir de la santé et ce, «sans journaliste, loin du regard du public, des médias, des groupes de pression et des lobbies», cite le document d’invitation, dont chaque bas de page se termine avec «les meilleurs rencontrent les meilleurs.»
Élargir le débat
«Nous protestons contre cette intrusion inacceptable de gens d’affaires dans un domaine qui n’est pas à vendre», a lancé la porte-parole du SISP, Michèle Boisclair. Un message repris sur tous les tons par les cinq grandes organisations syndicales sur place.

Quelques minutes avant son allocution, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, dévoilait à Accès qu’elle fustigeait la ministre des Finances d’avoir donné un mandat ferme à Claude Castonguay sans permettre au préalable un véritable débat public sur la question. « C’est presqu’une commande, mais on ne baisse pas la garde, a-t-elle déclaré. On va aller chercher des appuis dans chacune de nos assemblées en région et on va proposer des solutions novatrices pour améliorer le système.» Parmi les avenues explorées, un consensus semble se dégager vis-à-vis une chose, la réorganisation du travail.

Avec la verve qu’on lui connaît, le président de la FTQ, Henri Massé, est venu fouetter les troupes et faisait songer aux meilleures années de Michel Chartrand. «On ne les manquera pas, a-t-il vociféré. On va les frapper là où ça fait le plus mal, dans le bas du dos!» Auparavant, le syndicaliste s’est permis de relater une expérience personnelle pour admettre que «c’est un peu long à entrer dans le système, mais une fois qu’on y est, on est très bien soignés», a-t-il lancé sous un tonnerre d’applaudissements.

Se défendant de faire de la récupération politique, Françoise David, qui a tenu à assister à l’événement, s’expliquait mal l’absence du PQ, qui dit défendre les intérêts de la population. « La santé, c’est pas une industrie», d’ajouter son collègue de Québec Solidaire, le médecin Amir Khadir. «Mon stétoscope doit être avant tout au service du public. Les plus âgés savent ce qui s’est passé et ne veulent pas revenir en arrière», a-t-il précisé.

Réplique immédiate

Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) n’a pas tardé à répliquer aux manifestants les intimant de ne pas agiter inutilement l’épouvantail du privé. « Le secteur privé pourrait contribuer à rehausser sensiblement la productivité du régime public sans aucunement remettre en question les rôles de régulateur et de payeur qu’assume le gouvernement », pouvait-on lire dans un communiqué émis la journée même de la manifestation.

Le document relatait plus loin les résultats d’un sondage Léger Marketing d’octobre 2006, dans lequel «60% des Québécois accepteraient que l’État permette d’avoir un accès plus rapide à des soins de santé dans le secteur privé à ceux qui souhaitent payer pour y avoir accès, tout en maintenant le système de santé actuel gratuit et universel.»

En marge des discussions de Saint-Sauveur, le Collège des Médecins tenait son Sommet de la santé, qui réunissaient tous les acteurs hormis les politiciens pour trouver eux aussi, des solutions de rechange à la crise actuelle afin de rendre notre système de santé plus performant. Les groupes communautaires de la région se sont dit enthousiasmés par la grande diversité des organismes représentés lors de la manifestation de lundi. «Il y a longtemps qu’on n’a pas vu pareille brochette», a lancé Marcel Gosselin de Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM) à son homologue Pierre-Dionne Labelle, du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROC).

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