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La MRC des Pays-d'en-Haut réagit

Par nathalie-deraspe


Maltraitance des animaux

 

En décembre 2007, Accès publiait un dossier sur le sort réservé aux animaux errants sur le territoire des Laurentides. À l’époque, l’euthanasie était monnaie courante. La pratique aurait toujours lieu, mais les choses seraient en voie de changer.

Les municipalités des Laurentides sont aux prises avec un problème de taille. La région regorge d’animaux abandonnés par leur propriétaire. Plusieurs d’entre eux sont non stérilisés, ce qui accroît de façon exponentielle la population de chats et chiens errants dans la région. À la veille de la saison des déménagements, cette problématique est monnaie courante. Déchargés de leurs responsabilités, les citoyens fautifs estiment que les bêtes réussiront à survivre dans la nature. Mais trop souvent, celles-ci aboutissent dans des quartiers résidentiels, à la recherche d’un nouveau logis. Ces animaux sont dès lors considérés comme une nuisance.

Même si plusieurs n’hésitent pas à porter plainte auprès des autorités municipales pour se débarrasser de ces indésirables, la majorité des personnes importunées ne leur souhait pas de mal pour autant. Dans bien des cas, un simple coup de fil signifie tout de même leur arrêt de mort.

Dans la région, une seule entreprise rafle la majorité des contrats municipaux pour le contrôle et la protection des animaux. Un travail qui semble fort lucratif. Mais le SPCM, ou Service de protection canine des Monts, est une compagnie pour le moins nébuleuse. Il n’y a ni site internet, ni numéro de téléphone où les joindre. Dans de telles conditions, il est pratiquement impossible pour un propriétaire de retracer son animal de compagnie. Car si par malheur, votre chat s’aventure à deux pas de la maison ou que votre chien n’est pas tenu en laisse même sur votre propre terrain, le SPCM peut sévir et attirer la bête dans ses filets. Au bout de quatre jours, parfois moins, l’animal est euthanasié. À moins que ce dernier ne soit revendu. Il est en fait impossible de faire la lumière sur le sort réel qui lui sera réservé.

Aucun contrôle

Le directeur général de Saint-Sauveur, Jean Beaulieu, admet que les municipalités donnent le champ libre au SPCM. L’entreprise s’occupe de vendre les licences pour animaux (les profits lui sont réservés) et fournit une fois par mois le détail de ses opérations. Une facture qui s’élève à 15 000$ pour la seule ville de Saint-Sauveur. Mais personne n’est en mesure de valider les informations fournies par la compagnie. «On n’a aucun contrôle», confesse le directeur général.

Le SPCM posséderait une animalerie à quelques pas de la Polyvalente A.N. Morin. Le commerce est introuvable dans l’annuaire téléphonique. On avance que des animaux non réclamés seraient vendus au public. Si tel est le cas, l’entreprise peut hypothétiquement doubler ses recettes. D’une part, les coûts de l’euthanasie peuvent être transférés aux municipalités. D’autre part, l’animal toujours vivant peut être vendu à de nouveaux propriétaires. La propriétaire, une certaine «Mme Bélisle», n’a jamais voulu nous accorder d’entrevue. 

Les animaleries improvisées dans la région ont également tout le loisir d’agir à leur guise. Peu d’interventions semblent avoir été menées auprès de ces établissements pour s’assurer que les animaux présents sur place soient gardés dans des conditions optimales. Bon nombre de ces commerces agit de manière illicite. Seules les plaintes en provenance de l’entourage peuvent éveiller les soupçons et conduire à une visite des inspecteurs municipaux. 

Après de présumés cas de maltraitance rapportés en assemblée, la MRC des Pays-d’en-Haut a formé un comité ad hoc sur la protection et le contrôle des animaux sur le territoire. Le comité en question recommande aux municipalités locales de se munir d’un devis élaboré qui respecte le projet de loi C-50 modifiant le Code criminel en matière de cruauté envers les animaux. On recommande également que la firme retenue fournisse à son employé à charge un téléphone cellulaire afin que ce dernier puisse être rejoint en tout temps, que la population ait accès à un site internet pour vérifier les animaux recueillis et qu’elle soit en mesure de visiter l’endroit où ceux-ci sont hébergés. Sainte-Adèle a déjà emboîté le pas. La Ville exige notamment de maintenir la fourrière ouverte de 9h à 19h pour que le public y ait accès. Si une semaine après l’envoi d’un courrier recommandé, l’animal n’a toujours pas été réclamé, la firme peut l’offrir en adoption.

Pour l’instant, rien n’a changé depuis 2007. Quand un animal est recueilli par le SPCM, un patrouilleur invite son propriétaire à venir le rechercher dans un stationnement municipal, moyennant le paiement de son hébergement. Comme l’entreprise est difficilement atteignable, il n’est pas rare de voir ces frais grimper en flèche. «D’habitude, le contrat est renouvelé automatiquement, explique Jean Beaulieu. Mais nous sommes en train de travailler sur un devis beaucoup plus exigeant. Notre crainte, c’est que personne ne veuille le contrat. C’est ce qui est arrivé à Morin-Heights.» Seule la ville de Sainte-Agathe-des-Monts fait affaire avec la SPCA-Laurentides qui, en aucun cas n’a recours à l’euthanasie.

Ce samedi, une manifestation aura lieu dans plusieurs villes de la province y compris Saint-Jérôme, pour dénoncer entre autres les fourrières à but lucratif, les usines à chiots et les animaleries qui écoulent des bêtes de provenance douteuse. L’événement aura lieu devant le Palais de justice de 13h à15h.

 

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