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Laurentides rock’n’roll

Par Jean-Patrice Desjardins

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Le courant passait entre la directrice du théâtre du Marais, Sonia Piché, et Breen Leboeuf. Photo : André Chevrier

La grosse guitare a maintenant de la relève

Après la fermeture des salles de danse, de la Butte à Mathieu et du café Chez Coco, Val-David et Val-Morin ont relevé leurs manches et la scène musicale locale compte désormais sur de nouveaux joueurs, de nouvelles salles, qui ont compris qu’il valait mieux ramer dans le même sens du courant pour survivre. Petit tour des salles actuelles dans les deux « vals ».

Si l’enseigne de la grosse guitare (Chez Coco) a accueilli les visiteurs à l’entrée du village de Val-David pendant 20 ans jusqu’en 2000, on peut dire que c’est maintenant l’affiche du café bistro Le Mouton Noir qui donne le ton à la sortie du pont de la rivière du Nord. Éric Lemieux (ex-La Chicane) et Annie Riendeau gèrent depuis 10 ans cette entreprise qui a accueilli de nombreux noms de la musique populaire du Québec et d’ailleurs.
Le Mouton Noir, c’est un lieu pour manger, où on apprécie les arts plastiques, mais qui a fourni à Val-David quelques belles soirées rock’n’roll. « Les quatre passages de Galaxie sont mémorables, pour moi. Tout ce que fait Fred Fortin, en solo, avec Galaxie ou avec Gros Mené, cela prend sens sur scène et il n’y a pas beaucoup de place comme le Mouton pour le faire », explique Éric Lemieux.
Déménagé dans les Laurentides depuis son Abitibi natale, Lemieux est le premier à dire qu’on lui a « passé le témoin » lorsqu’il a repris l’édifice qui abritait le Nouveau Continent. « On savait qu’il y avait un public, qu’on ne s’implantait pas dans le désert et, depuis le jour 1 du Mouton, on présente des spectacles ».

Le théâtre de la résilience

On peut parler de résilience lorsqu’on regarde le chemin parcouru depuis plus de 15 ans par le théâtre du Marais à Val-Morin. Passée de l’occupation d’une ancienne synagogue à l’église du village durant la construction de la nouvelle salle inaugurée en 2015, l’équipe a réussi à préserver une certaine constance dans sa programmation.
Malgré ces migrations, le rock trouve toujours sa place au Marais et il y a eu quelques soirées mémorables, comme la fois où les spectateurs tapaient le rythme sur les bancs de l’église durant le récent concert de Breen Leboeuf.
De nombreux rockeurs des Laurentides ont profité de la scène de ce théâtre pour se faire les dents dans l’industrie. On se souviendra aussi de Nanette Workman, qui a « rocké la place » malgré un accident de moto survenu quelques semaines avant. Et la soirée avec les Franklin Electrics était « folle raide », semble-t-il.
Plus récemment, Motel 72 a profité de son passage pour filmer son concert dans cette salle toute neuve qui fait en sorte que la musique rentre « directement dans les tripes », explique Morgane Chareton, employée du théâtre qui sert maintenant un bon jack’n’coke pendant l’entracte.

Bière et musique, ça roule!

Il y a plusieurs lieux (dans les restaurants, par exemple) où les chansonniers s’activent à Val-David, un village qui a une longue tradition en ce domaine. Mais si on parle de « rock’n’roll », il faut souligner l’ambiance festive du Baril roulant.
La microbrasserie mise sur pied en 2012 par Sonia Grewal et Patrick Watson s’est donnée comme mission de brasser de la bonne bière, mais aussi de présenter des spectacles dans la petite salle de la rue de l’Église, prenant la relève du Pazzaz.
« Au Baril, il y a une seule règle quand vient le temps de choisir les artistes, il faut que ça soit festif! », lance d’emblée Gina Brault, agente qui est responsable de ce volet au Baril. On peut y entendre de la musique du monde, du folk-rock, du trad. Même du jazz, le dimanche. « Une microbrasserie, ça doit être un lieu où on a envie de s’amuser et ce qui est étonnant, c’est de voir que ce sont surtout les gens du village qui forment le public. »
Le Baril roulant ne se gêne pas pour amener des artistes de la « scène émergente » à Val-David, par exemple le Gypsy Kumbia Orchestra, qui est arrivé avec 15 musiciens et deux danseuses lors du quatrième anniversaire de l’entreprise qui a maintenant ouvert une auberge.
« Je ne vois pas de compétition avec le Mouton Noir, où on va davantage pour écouter la musique, alors qu’au Baril, bien c’est très festif. Je crois qu’en quatre ans, le Baril est devenu un incontournable à Val-David. On souhaite faire de Val-David un lieu où les artistes s’arrêtent pendant leur tournée », poursuit Gina Brault.
Même son de cloche chez Éric Lemieux, qui est stimulé par l’arrivée du Baril. Il a commencé à produire des spectacles en dehors du Mouton, comme celui de Grimskunk à l’église de Val-David, le printemps dernier. Il a aussi loué le théâtre du Marais pour présenter le spectacle de Milk and Bone.
« J’ai retrouvé à Val-David et dans les Laurentides une vibration que j’ai connue à Rouyn. Ce sont les gens de la place qui viennent voir les spectacles. Il ne manquerait qu’un festival de musique à Val-David », conclut Éric Lemieux.

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Lisa Leblanc a apprécié la foule du Mouton Noir. Photo : Martin Brassard

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