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Le parc du Mont-Tremblant devra continuer à vivre avec les motoneigistes

Par nathalie-deraspe


Aires protégées

Le gouvernement vient d’annoncer en grande pompe la création de 23 nouvelles aires protégées dans la province. Dans les Laurentides, près de 500 kilomètres carrés sont ainsi retirés des griffes des spéculateurs immobiliers. Mais en laissant perdurer la présence des motoneiges dans le Parc national du Mont-Tremblant, Québec rate une belle occasion de faire à nouveau respecter la Loi sur les parcs.

La ministre Line Beauchamp affirme qu’il s’agit de l’une des plus importantes augmentations en superficie de territoires protégés d’un seul coup depuis un siècle… Le tiers de son objectif de protéger 8% du territoire québécois est atteint. La Convention pour la biodiversité, quant à elle, en recommande 12%.

Des 23 nouveaux territoires, 15 sont situés en zone boréale et couvrent plus de 4 000 kilomètres carrés. Ils sont majoritairement situés en forêt publique sous aménagement forestier. Près de la totalité d’entre eux sont désignés «réserve de biodiversité projetée». Dans la région, les secteur visés sont situés au nord, dans les MRC d’Antoine-Labelle, de la Matawinie et de Lanaudière, le plus imposant étant celui de la Vallée de la Haute-Rouge, qui fait à lui seul 142,4 kilomètres carrés. «C’est une excellente nouvelle, de dire le président du Conseil régional en environnement (CRÉ) des Laurentides, Jacques Ruelland. Cela faisait partie de nos demandes principales.» Son vœu n’aura toutefois été réalisé qu’à moitié, puisque ce territoire ne rejoint pas le parc national du Mont-Tremblant, comme le souhaitait l’ensemble des intervenants dans le dossier.

Niveau d’occupation élevé

Les observateurs sont d’avis que le gouvernement a préféré s’attarder sur les zones qui faisaient consensus et reléguer à plus tard les secteurs plus sensibles, du point de vue politique. «Dans les Laurentides, le territoire est très utilisé. En plus d’une multitude d’utilisateurs, la crise forestière, avec les conséquences qu’elle entraîne, a certainement joué dans la décision. L’industrie forestière et minière ont des droits de veto et tous les territoires qui sont potentiellement susceptibles de les intéresser sont automatiquement souscrits au processus, tout comme les sites hydroélectriques potentiels, poursuit Jacques Ruelland. On se retrouve donc avec le résiduel.» Le président de la CRÉ s’est dit surpris de voir que la station de biologie de l’Université de Montréal, qui étudie une région de Saint-Hippolyte depuis 40 ans, n’ait toujours pas réussi à imposer ses vues au gouvernement.

Fait à noter, les aires protégées votées depuis 2002 ont toujours un statut intérimaire, précise la directrice générale intérimaire de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), Marie-Ève Mar-chand, d’où la mention d’aire protégée «projetée». Le gouvernement se donne de quatre à six ans avant d’établir leur permanence.

Un parc toujours amputé

En mars dernier, la Corporation des Amis du Parc du Mont-Tremblant revenaient à la charge pour qu’on expulse les motoneiges du parc national, qui transitent encore sur 80 kilomètres de sentiers. Cette-fois, c’était pour indiquer les effets de la neige abondante sur les cervidés. Le porte-parole du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Daigle, convenait lui-même que lorsque l’enfoncement dépasse les 50 centimètres, l’animal dépense plus d’énergie pour se déplacer que ce que la nourriture peut lui apporter. Le sentier no 3, véritable autoroute de motoneigistes, leur a nuit d’autant plus cet hiver. Paniqués lorsqu’un convoi passe, les cervidés ont tendance à fuir dans toutes les directions.

Depuis de nombreuses années, l’organisme veut faire cesser cette circulation dans le parc et exige la réalisation d’un sentier de contournement. Fin décembre 2007, le gouvernement avait fait connaître sa volonté de faire sortir les motoneiges des cinq parcs nationaux qui continuent de tolérer la présence de motoneiges, pratique qui contrevient à la Loi en vigueur sur les parcs. «Ce n’est pas piloté de la même façon que les aires protégées, soutient le président de la CRÉ. Mais le gouvernement a jusqu’en décembre 2008 pour agir.»

De nouvelles aires seront annoncées d’ici la fin de l’année, a promis la ministre. Pour le moment, le Québec demeure au 10e rang dans la protection de ses territoires. La moyenne canadienne est de 10 %, mais la Colombie-Britannique en compte plus de 14,6% et se situe juste après le Nunavut, qui vient de se voter d’un coup la protection de 100 000 kilomètres carrés.

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