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Menace à l’accessibilité de l’information et à la pérennité des journaux locaux

Par Thomas Gallenne

Projet de loi 122

Alors que les médias écrits traversent comme on le sait, une période très difficile en raison des changements technologiques, le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, ouvre la porte dans son projet de loi 122 à ce qu’une source de revenus importante pour la presse locale s’évapore : l’obligation jusqu’alors pour les municipalités de faire publier leur avis publics dans au moins un média écrit local. Une situation qui selon l’opposition officielle, viendrait affaiblir la démocratie locale.

« C’est inadmissible, d’autant plus que cela priverait les citoyens d’une source d’information fiable et accessible », a déploré le député de Labelle, Sylvain Pagé. Même son de cloche chez ses collègues Claude Cousineau du comté de Bertrand et Marc Bourcier de Saint-Jérôme.
« Si elle est adoptée, cette loi retirera l’obligation pour les municipalités de publier leurs avis publics dans les journaux régionaux, les privant ainsi d’une importante source de revenus, et considérant la période difficile que traversent nos médias locaux, il est raisonnable de craindre pour les emplois, et dans certains cas, pour leur survie », a déclaré quant à lui M. Bourcier.
Les médias écrits sont encore ceux qui rejoignent le plus grand nombre de citoyens, particulièrement en région et en milieu rural. À l’avenir, les citoyens vont devoir chercher eux-mêmes l’information sur les sites Internet des municipalités si le projet de loi 122 est adopté tel que rédigé. Les avis publics municipaux deviendraient des ʺavis de rechercheʺ pour les citoyens.
« La population n’a pas le réflexe de consulter les sites Internet des municipalités pour trouver ces avis et de plus, Internet n’étant pas un service gratuit, on ferait maintenant payer les citoyens pour avoir accès à l’information concernant leur milieu de vie, sans oublier qu’Internet est souvent déficient en région. C’est tout simplement insensé! », a déclaré le député Pagé.
Dans le projet de loi 122, à l’étude actuellement, le gouvernement permet aux municipalités de diffuser leurs avis publics uniquement sur Internet.
Résultat? Du jour au lendemain, une source de revenus appréciable pour les médias locaux et un service public essentiel disparaîtraient. « Par cette seule décision, le gouvernement compromet financièrement le maintien d’un nombre considérable de salles de presse régionales qui sont essentielles à la diversification de l’information en général dans les régions du Québec », a-t-il poursuivi.
Les montants associés à la publication des avis publics dans les journaux ne représentent qu’une infime partie des budgets municipaux selon les députés du Parti québécois. « Gérer des deniers publics exige de la transparence, ces informations sont donc nécessaires pour que nos citoyens soient renseignés correctement », croit le député de Labelle. « Nous ferons donc le travail en commission parlementaire afin de faire comprendre au ministre l’erreur qu’il s’apprête à causer à l’égard de nos médias régionaux», conclut le député de Labelle.

Les citoyens perdent aussi leur droit de s’opposer

Son collègue plus au sud renchérit. « En plus de leur retirer un accès facile aux avis publics, la Loi 122 retire également aux citoyens leur unique pouvoir d’intervenir auprès des villes lorsqu’ils sont en désaccord avec une décision ou un projet de l’administration municipale, comme dans les cas d’un emprunt à long terme ou d’un changement de zonage. En effet, avec la Loi du ministre Coiteux, il n’y aurait plus de référendums locaux obligatoires. Les villes pourraient faire fi de la volonté de leurs concitoyens et aller de l’avant avec des projets que le peuple ne voudrait pas. Au nom de la démocratie locale, des emplois et du droit de parole des citoyens, il faut dire non, entre autres, à ces deux aspects du projet de Loi 122 », conclut pour sa part Marc Bourcier.

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