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Première travailleuse de rang dans les Laurentides : un poste taillé sur mesure pour Meg Delisle

Par Valérie Maynard

Cet été, quand elle a vu passer l’affichage de poste, elle a tout de suite su. « Tout collait avec qui je suis. Ce job était fait sur mesure pour moi! » Trois mois plus tard, Meg Delisle devenait, parmi une trentaine de candidatures, la première travailleuse de rang des Laurentides, la deuxième au Québec après Jackie Castonguay, en poste dans La Vallée de la Matapédia depuis deux ans. Emploi taillé sur mesure pour une fille de défi et d’action.

L’idée de doter la région des Laurentides d’un travailleur de rang émane de Bernard Laurin, un producteur laitier de Mirabel qui souhaitait mettre sur pied un service de soutien psychologique aux agricultrices et agriculteurs de la région. « En 2013, pendant l’élaboration du Plan de développement de la zone agricole (PDZA) de Mirabel, on parlait du dynamisme et de la santé du monde agricole. Je me disais que, pour ça, il fallait aussi qu’on s’occupe de nos agriculteurs », raconte-t-il.

Un seul tour de table suffit pour comprendre l’ampleur qu’atteint parfois la détresse psychologique chez les agriculteurs et la nécessité d’avoir une telle ressource à portée de main.Tristement, tous connaissent au moins un agriculteur (parfois même deux ou trois) qui, à bout de ressources ou de souffle, est passé à l’acte. Le taux de suicide chez les agriculteurs, me dit-on, serait deux fois plus élevé que dans le reste de la société.  

De fil en aiguille, Écoute agricole Lauren-tides, un organisme dédié au mieux-être des agriculteurs, a été mis sur pied, avec pour premier mandat l’embauche d’un travailleur de rang. Dans le processus, plusieurs personnes ont été rencontrées et consultées, particulièrement Audrey Simard, agente de développement rural au CLD Mirabel qui a participé à l’élaboration du document de travail et Maria Labrecque-Duchesneau, travailleuse sociale pour l’organisme Au Cœur des familles agricoles dans la région de Saint-Hyacinthe.

Ne restait maintenant qu’à dénicher la perle rare qui répondrait aux appels des agriculteurs des Laurentides, de Blainville à Mont-Laurier. « La personne recherchée devait nécessairement cumuler une expérience du monde agricole et une formation en intervention sociale », détaille Normand Bourgon, membre administrateur d’Écoute agricole Laurentides.

Meg Delisle avait les deux : elle avait grandi sur une ferme laitière, dans la région de Pont-Rouge, et détenait un diplôme universitaire en intervention psychosociale. Entre les deux, elle avait voyagé et travaillé plusieurs années comme intervenante à la Maison d’Ariane, un centre d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale situé à Saint-Jérôme. « Elle est tellement dynamique. On a tous eu un coup de cœur pour Meg », ajoute M. Bourgon.

Sur le terrain… et les réseaux sociaux

En poste depuis le 5 octobre, Meg Delisle s’active à se faire connaître, à présenter les nouveaux services, à tendre la main et tisser des liens. « Tout est à bâtir », convient-elle. Dans son journal de bord, la jeune femme note tout : ses rencontres, ses impressions, les gens à contacter, les endroits à visiter, tout. Autrement, les réseaux sociaux se révèlent un outil très facilitant qui lui permet, d’un simple clic, d’accéder à un vaste réseau d’agriculteurs. Facebook surtout semble rallier nombre d’entre eux. « Après les tâches du soir, vers 20 h, plusieurs se connectent sur Facebook », a-t-elle remarqué.

Outre les rencontres avec les gens du milieu, les organisations et les associations, Meg participera, cet automne, à plusieurs formations, dont une avec les gens du Centre de prévention du suicide Le Faubourg, à Saint-Jérôme, et une autre avec Maria Labrecque-Duchesneau. De concert avec Le Faubourg, il est également question de mettre sur pied, dès cet automne, un système de sentinelles qui travailleront à la prévention du suicide dans le monde agricole.

Un dépliant décrivant les services offerts par le travailleur de rang est présentement en préparation et sera sous peu distribué à l’ensemble des producteurs agricoles des Laurentides.

Pour joindre Meg Delisle, composez le 514 929-AGRO (2476), écrivez à travailleurrang.eal@gmail.com ou visitez la page Facebook Écoute agricole Laurentides. Les services offerts sont gratuits et confidentiels.

Financement

Pour l’heure, Écoute agricole Laurentides a amassé suffisamment d’argent pour assurer sa viabilité à court terme, notamment grâce à une somme de 45 000 $ consentie par la Ville de Mirabel, à même son enveloppe du Pacte rural. Les syndicats de base et la Coop fédérée ont aussi répondu présents au financement. « On sait que plusieurs nous observent, mais pour le moment, le financement reste difficile. On y va une année à la fois », commente M. Laurin. En prévision de l’an deux, plusieurs institutions sont déjà dans la mire des administrateurs de l’organisme : UPA, Hydro-Québec, Desjardins et les MRC des Laurentides.

Le Comité Écoute agricole Laurentides est composé de Bernard Laurin, Sophie Bélisle, Normand Bourgon, Thérèse Lavoie, Réal Brière, Lana Duchesne, Danielle Dion (CISSS des Laurentides) et Audrey Simard (CLD de Mirabel).  

Quelque 1262 exploitations agricoles sont répertoriées dans les Laurentides, dont 708 (56 %) se trouvent dans les Basses-Laurentides (MRC Mirabel, Deux-Montagnes et Thérèse-De Blainville). Pour les autres MRC, Antoine-Labelle en compte 224, Argenteuil 183, Les Laurentides 88, La Rivière-du-Nord 51 et Les Pays-d’en-Haut 8.

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