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Prévost… et les Iroquois!

Par Rédaction

Automne 1843, Guillaume Lamothe, celui qui deviendra le 7ième chef de police de Montréal à 19 ans, pour l’instant il a choisi de devenir médecin et il étudie auprès du docteur Wolfred Nelson, le chef patriote vainqueur des anglais à Saint-Denis en novembre 1837.

Il raconte dans ses Mémoires: «Quant à la Louise, voici ce qui arriva plus tard. J’étais au bureau du docteur Nelson quant on vint me dire que deux sauvages voulaient me parler à la porte; je suis sorti les rencontrer et leur demandai ce qu’ils voulaient, «Toi, Lamothe?» «Oui» «La Louise va mourir et voudrait te voir avant, nous venions à la ville et elle nous a demandé de venir te dire qu’elle aimerait à te voir».

Elle avait été mon premier amour et dans des circonstances qu’on oublie pas.

Je demande aux deux sauvages comment et où je pourrais aller la voir, ils me dirent: «Nous partons ce soir et serons à Saint-Colomban demain, si tu viens nous t’attendrons au jour en haut du moulin avec notre canot et nous te conduirons».

C’était tout un voyage à entreprendre car il n’y avait pas de chemin de fer, mais étant décidé à y aller, je partis le lendemain matin à cheval avec deux dollars dans ma poche, quelques provisions prises dans la dépense. Je couchai à Saint-Eustache et le lendemain j’étais rendu à Saint-Colomban où les deux sauvages m’attendaient avec leur canot. Après avoir fait des milles et des milles en remontant la rivière du Nord, nous arrivâmes à la maison où je devais revoir cette pauvre Louise. Je voudrais décrire la scène de mon arrivée, pour moi il me semble qu’une situation vraiment sentie ne peut se décrire.

J’avais à peine 19 ans et je voyais dans son lit, se mourant de consomption (tuberculose) cette pauvre enfant que j’avais aimé comme on aime à cet âge.

Elle me tendit les bras en me disant: «Je t’attendais».

Le lendemain elle était morte.»

Guillaume Lamothe avait fréquenté «Louise« une Iroquoise, son premier amour, au lac-des-Deux-Montagnes, car son oncle était agent du gouvernement auprès des indiens, d’ailleurs le père et les oncles de Guillaume étaient des coureurs des bois. À l’époque les Iroquois se déplaçaient constamment sur la rivière de Nord, comme en témoignent de nombreuses recherches et découvertes archéologiques récentes, toutefois au moment où Guillaume Lamothe rejoignit Louise, il y a déjà une petite colonie formé d’irlandais qui avait commencée à défricher ce territoire, à un endroit nommé Mount Pleasant devenu Shawbridge en l’honneur de William Shaw son fondateur, présent en 1842 avec son épouse Martha Maria Mattews, l’année suivante un recensement établit à 52 colons le nombre des habitants. Dans une vidéo produite par madame Nicole Deschamps, Elvin Shaw descendant de William, raconte avec amusement que lorsqu’il se présentait pour quelque poste officiel que ce soit, on lui demandait son nom: Elvin Shaw, son adresse: 756 rue Shaw, qu’elle ville? Shawbridge «cout donc a bien des Shaw chez vous ! «Oui, mais pas de rats…» Déjà en 1834, il y a 186 ans, il y avait une maison au lac René, habiter par un couple dont l’histoire n’a pu retenir le nom, et qui vendit sa maison à un M. Spencer. Dans les années 30, Shawbridge développa une villégiature d’été particulièrement prisée par la communauté juive de Montréal.

Toutefois Orient Blondin un résident de 81ans, natif de Prévost, tout comme son père décédé à l’âge de 91 ans se souvient que, «les belles maisons patrimoniales furent presque toutes détruites lors de la construction de l’autoroute des Laurentides» il se souvient très bien que dans sa jeunesse avoir côtoyer Herman Smith Johannsen «Jack Rabbitt» (1875-1987) ce norvégien établit dans les Laurentides et qui traça sa fameuse piste de ski de fond la «Maple Leaf» entre Shawbridge et Sainte-Agathe.

Prévost devint alors le berceau du ski dans les Laurentides et on y retrouva le premier monte pente en Amérique du Nord qu‘un dénommé Alex Foster installa, actionné par un moteur Chrysler ce remonte pente auquel on se brûlait les mains sur les cordes…

Monsieur Blondin raconte à propos de «Jack Rabbitt»: «C’était tout un homme, très robuste et qui travaillait très fort, d’ailleurs il est mort à l’âge de 112 ans». Jack Rabbitt exerça une influence positive considérable sur la jeunesse de ce temps pour la pratique du ski. Monsieur Blondin se souvient aussi des fameuses briques rouges que l’on fabriquait, extraites des matériaux des falaises à Piedmont, il y a toujours des maisons qui existent sur la rue principale bâti avec ces briques, dont la magnifique église catholique de Saint-François-Xavier presque centenaire, que la municipalité de Prévost a préservée ainsi que le presbytère, en les rachetant pour éviter leur perte patrimoniale.

Elle en a fait un centre multi fonctionnel, socioculturel avec représentations de films, Diffusions Amalgame y donne ses représentations artistiques musicales, la messe y est toujours célébrée et le conseil municipal y tient ses assemblées publiques. Lors de notre passage nous avons été reçu par Pierre Marchand qui nous a aimablement guider et où nous avons pu constater qu’il y avait encore plusieurs objets d’art sacré tels des statues, le fonds baptismal, mais surtout les peintures du plafond à la Sixtine bref, sans oublier les vitraux tous parrainés financièrement par des familles de cette époque, un étonnant mariage entre le passé et le présent, une belle réussite.

Toujours dans le domaine du souvenir, Jean-Pierre Joubert conseiller municipal mentionne que tout jeune il se rendait chez le forgeron René Blondin qui ferrait les chevaux du baron Empain de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, où sont l’héritage des bâtiments Art déco… Une autre magnifique réalisation, mais cette fois sans l’apport de quelque aide que ce soit de la municipalité à l’époque, fut la sauvegarde de la gare de Prévost bâti en 1898, à l’origine la gare était complètement à l’abandon, vandaliser, menacer d’incendie par des voyous, mais un regroupement important de citoyens de tous les milieux à l’exemple des corvées de la Nouvelle-France, lui insufflèrent une vocation nouvelle et la préservèrent avec acharnement, notamment alors qu’il n’y avait plus aucune fenêtre de nombreuses familles achetèrent chacune une fenêtre pour les remplacer, vous verrez leurs noms apposés sur les fenêtres. Aujourd’hui Catherine Baïcoianu responsable permanente de la gare, nous informe que les gens durent travailler à la réfection de la gare avec bottes et manteaux car il n’y avait plus rien de fonctionnel, pas de chauffage et que grâce au dévouement remarquable de Gilles Pilon et de son groupe et aux multiples activités de levée de fonds, le groupe réussit là où plusieurs croyaient qu’ils échoueraient, la phrase mesquine prononcée à cet égard est toujours présente à l‘esprit de ceux qui s‘impliquèrent: «le pire c‘est qu‘ils réussissent». Ils ont réussi… la gare est maintenant un centre communautaire, culturel et sportif, ouvert à longueur d’année, tous les jours de 8h30 à 16h30, il s’y tient un symposium de peintures et des expositions mensuelles, les skieurs, cyclistes et marcheurs la fréquentent, la fête nationale du Québec, la fête de la famille, des repas communautaires y sont servis l‘administration des transports adaptés y est installée, bref l’endroit est très utile et aux activités multiples. L’administration de la gare à l’intention dans une deuxième phase de préservation du patrimoine photographique, la première ayant été réalisée grâce à l’apport des photographies du fonds d’archives privé de Guy Thibault qui après un protocole d’entente entre le CEGEP de Montmorency et la ville de Prévost réussit à numériser et sauver ces précieux témoins de l’histoire, ****Stéphane Parent**** conseiller municipal et professeur au CEGEP de Montmorency avait coordonner tous ces efforts. Madame Baïcoianu a l’intention de proposer de créer un espace muséal à l’intérieur même de la gare, car plusieurs objets anciens y ont été préservés dont les skis de la famille Shaw, un crachoir, le poêle du chef de gare, des outils,des objets usuels anciens, des antiquités, des objets d‘utilités pittoresques, ainsi que d’innombrables photos, plus évocatrices et intéressantes les unes que les autres, mais il y a aussi le secret de la gare: son coffre-fort, dont nous ne dévoilerons pas ici la teneur, mieux vaut s’y présenter.

Ce fût en 1973 que la ville de Prévost prit naissance du regroupement des villes de Shawbridge, Lesage et Prévost. Le nom retenu de Prévost (1977) fut choisi en reconnaissance pour les familles Prévost car elles avaient joué un rôle prépondérant dans les Basses-Laurentides. Il y a un grand nombre de Prévost pionniers, hommes politiques ou d’affaires; nous avons retenu pour le lecteur

Gédéon-Mélassippe ( 1817-1887 ) notaire, qui agit comme courrier pour les patriotes en 1838 et fabriqua des balles, il eut même le cran de témoigner en Cour Martiale pour les patriotes, son cousin Jean-Baptiste-Léon-Léandre notaire lui aussi, fut fortement impliqué comme frère chasseur: «Le 2 novembre dernier, un certain nombre de personnes sont venus me voir pour me dire qu’une seconde rébellion surviendrait, qu’une conspiration avait été mise en place par la prestation d’un serment secret. J’ai compris que la conspiration de Terrebonne n’était que le rameau d’une conspiration générale et que Joseph-Léandre Prévost était la personne la plus importante qui faisait prêter ce serment secret» Témoignage de Joseph-Octave-Alfred Turgeon en Cour Martiale.

Que ce soit Wilfrid Prévost (1832-1898) député des Deux-Montagnes à la Chambre des Communes, et premier maire de Saint-Jérôme, le nom choisi pour la ville de Prévost fut le bon choix si l’on considère qu’on vint près de la nommer Mirador ou Belvédère, en ce sens il y a une continuité historique. Aujourd’hui Prévost est en processus d’urbanisation et sa croissance démographique peut en inquiéter plusieurs si un plan d’urbanisme adéquat n‘est pas mis en place, car aux maisons patrimoniales, se sont immiscés des «projets».

Plusieurs résidents du domaine «Les clos Prévotois» dont ****Sylvie Legault**** directrice adjointe des loisirs communautaires de la ville de Saint-Sauveur, s’inquiètent de la menace qui pèse sur le Parc de la coulée où les résidents y pratiquent le ski de fond, le vélo de montagne et la marche, un endroit idéal pour la famille, d’ailleurs lors de notre passage nous avons pu converser avec quelques citoyens qui nous ont tous confirmé qu’ils n’y avait pas de communication entre la ville et les citoyens à cet égard, malgré leurs demandes d’informations réitérées, rappelons qu’il y a un développement prévu de 800 maisons, où seront-elles bâties? La ville demeure toutefois avant-gardiste et dynamique à plus d’un point de vue comme en témoigne ****Diane Richard**** coordonnatrice en communications qui lors de son arrivée à Prévost fut agréablement surprise de l’implication écologique des responsables municipaux que ce soit avec les premiers bacs de recyclage ou les barils de récupération d’eau de pluie.

Prévost, un passé intéressant, des réalisations de préservation du patrimoine bâti magnifique, mais une menace: l’urbanisation, sera-t-elle modérée, équilibrée, ou désordonnée?

Chance au coureur, pour l’instant Prévost est une ville à découvrir, nous vous suggérons de faire une ballade sur la rue Principale, charmant et étonnant il y a le pont Shaw…

La présence amérindienne sur la rivière du nord remonte à la préhistoire, des artefacts multiples, une histoire inconnue demeure dissimulée sur ses berges, au fond de la rivière, où sur des sites de campement précis, voilà un projet de recherche et de création d’emplois et d’intérêt général, dont la ville de Prévost pourrait parrainer la mise sur pied conjointement avec d’autres instances gouvernementales, elle pourrait ainsi, par son initiative,créer un précédent et tout en modernisant ses infrastructures, préserver l’héritage collectif et devenir une ville unique au Québec.

Peut-être y découvrait-elle le campement où Louise décéda en 1805…

Prévost, c’est aussi les gens, voir à ce propos les vidéos du site HYPERLINK « http://www.inter-actif.qc.ca.garedeprevost » www.inter-actif.qc.ca.garedeprevost

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