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54 ans et toutes mes rides

Par Mimi Legault

La chronique à Mimi

Mimi Legault, collaboration spéciale
mimilego@cgocable.ca

 

Il y a quelque temps ou quelques années (on s’en fout), j’ai eu 54 ans au compteur. Ce fut une année toute particulière. Autour de moi, mes amies de mon âge suaient leur cinquantaine, surtout la nuit. Moi, j’en riais, puisqu’à 47 ans, j’ai subi une ménopause chirurgicale. Avec la prise d’hormones, j’ai pu ainsi éviter le calvaire des bouffées de chaleur.

C’est subtil vieillir. À 54 ans, j’ai commencé à boire du lait 1 %. À découvrir le fromage allégé. À manger des confitures sans sucre. À me faire battre au tennis par mon fils. À hurler de frustration parce que soudainement les journaux et revues avaient diminué leurs caractères d’imprimerie, même chose pour les menus de restaurant. Et c’est sans parler de mes soins dentaires qui ont quadruplé en deux ans.

N’empêche que, comme elles, j’étais devenue une « quinqua ». La chose m’a particulièrement frappée lorsque je suis arrivée face à face avec une ancienne amie Marie qui venait d’enjamber avec brio le pont de la soixantaine. Impossible de la louper, son corps svelte était recouvert d’un ensemble de jogging vert fluo qui lui enlevait quelques années. Elle avait l’air radieux du chat qui se promène avec un oiseau dans sa gueule. Elle devait être tombée dans la fontaine de jouvence. Je voulais connaître le nom de sa crème hydratante, de son masseur ou de son esthéticienne. « Rien de cela, me dit-elle en riant. Je me suis fait opérer aux yeux et on m’a injecté du Botox! »

La semaine suivante, mon rendez-vous était pris. C’était une clinique ultra moderne. Deux dames âgées discutaient dans la salle d’attente. L’une d’elles en regardant une revue demande à l’autre : « Te souviens-tu lorsque l’on voulait ressembler à Brigitte Bardot? Ben maintenant, ça y est »! Son propos me déprime, mais je n’ai pas le temps de regretter ma visite : une jeune femme au corps de déesse (à côté d’elle, j’avais l’air d’un lutteur de sumo), pomponnée, « cutextée », parfumée, modelée, me conduit directement dans une salle remplie de miroirs impitoyables qui me font découvrir des rides dont je ne soupçonnais même pas l’existence. C’est comme rien, c’était arrangé avec le gars des vues… Le jeune médecin arrive, l’air grave.

Ses constatations passées au vitriol finissent de m’achever lorsqu’il me met sous le nez un miroir grossissant. Mon moral, comme une fin d’hiver, tombe à zéro. « Mme Legault, permettez-moi d’affirmer que chacun de vos 54 ans a laissé sa trace. » Et dire que je payais une couple de cent dollars pour me faire dire ça! Il se met à me parler de mes yeux, de mes joues, de mon menton, de mon front, de mon cou, alouette! Je nomme alors le nom de Marie et de sa simple opération. Il répond aussitôt que je ne suis pas Marie et que je n’ai pas l’élasticité de sa peau. Il me parle de l’effet du Botox qui paralyse les muscles du front; on ne peut plus froncer les sourcils. Pour rire, je lui demande si ça fait disparaître les soucis? Il ne la trouve pas drôle… Si ma vie a commencé à 50 ans, c’est à 50 ans que cela a commencé à paraître. Et puis, qu’est-ce qu’il a mon front? Il n’a quand même pas l’apparence d’une tôle ondulée! Votre mère, Doc, ne vous a-t-elle pas dit un million de fois de ne pas exagérer?

J’ai, comme on dit, « pogné mon over flow ». J’avais besoin d’un trou normand dans ma vie, je reviens avec un trou dans mon budget. Ma journée n’était pas terminée! Faute de me faire remonter la figure, je décide de me remonter le moral. En revenant, je décide d’arrêter dans un bar où l’une de mes amies travaillait. À peine assise, j’aperçois un beau jeune homme dans la trentaine qui me fixe intensément. Le voilà qui s’approche doucement toujours en me regardant droit dans les yeux. Il se penche et m’embrasse sur la joue. Il s’écrie : « Ma tante Mimi, tu ne me reconnais pas? »

La chirurgie plastique… comme Michel Beaudry disait, elle est comme le ski alpin. Ce sont les remontées qui coûtent cher, les descentes sont gratuites!

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1 Comment

  1. Lorraine Robillard

    Chère Mimi.
    Ta chronique m’a DERIDEE!! Comme tu sais bien le faire ,mais cette semaine tu t’es surpassée.
    Un gros Merci,j’en avais besoin.

    Reply

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