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Attention c’est peut-être le vôtre

Par Josée Pilotte

Quel fut votre dimanche dernier? Rappelez-vous: il faisait beau, l’air était doux… alors que faisiez-vous?

Nous c’était comme vous: petit dimanche tranquille à flâner, à se promener pieds nus dans le gazon fraîchement coupé, à planter quel-ques fleurs ici et là. Comme vous, nous avons «déjeuné sur l’herbe», Chéri au BBQ, les enfants qui se chamaillent pour un oui pour un non. Comme vous, on a sourit. Étiez-vous comme moi avec l’envie folle d’aller rouler, de sentir le paysage Laurentien en devenir? Sentir au passage le lilas encore timide mais ô combien envoûtant, le sentir sur la peau, sur ma peau. Avez-vous comme moi proposé à votre petit Lou de rouler pour la toute première fois avec vous, roue dans la roue, sur la «vraie route»? Une toute première fois à monter à descendre le chemin de Morin Heights à Saint-Sauveur, vers une «vraie destination»: le fameux «cornet de crème à glace»? La totale. Oui, je l’ai proposée à mon petit Lou. Quelques instants plus tard, sur nos bécanes, roue dans la roue, sur la route. Dans ses yeux l’excitation… Dans les miens… dans les miens? L’angoisse. Morin Heights / Saint-Sauveur, neuf gros kilomètres environ… neuf kilomètres de sueurs froides. C’est pas une route, c’est Beyrouth; c’est pas la promenade dominicale d’un petit Lou avec sa maman, c’est un parcours de combattant. Ce n’est pas normal ça. J’habite dans le nord, dans un endroit de rêve; par-dessus tout, j’habite dans un centre de villégiature. Non, je ne trouve pas normal qu’en sortant de chez moi, ma vie et celle de mon fils soient mises en danger en pratiquant notre sport préféré. Vous me direz, tu n’as qu’à aller rouler sur le corridor aérobique ou au P’tit train du nord, la grande. Okay!! Mais j’y vais comment, moi, rouler sur le P’tit train du nord? En auto? En VUS? À pieds (êtes-vous fous c’est ben trop dangereux)? De toute façon, je ne peux pas rouler avec mon «vélo de route» aux deux endroits. Et «route» veut dire asphalte, et asphalte veut dire route… L’un des problèmes justement c’est l’état de nos routes quoiqu’on s’y habitue; mais le vrai problème, c’est surtout le fait de n’avoir aucune voie d’accotement, aucun espace ou se tasser quand un 18 roues te frôle (t’envoies ta bécane dans le décor ou bien t’attends de te faire «drafter» dans le décor)… et quand tu as un petit Lou entre toi et le décor, ben tu fais dûr… Comme dirait Éric Léger, un vrai passionné de vélo, il faut être un peu casse-cou pour rouler dans les Laurentides à vélo. Moi je dirais qu’il faut être prêt à risquer sa vie pour rouler. Les Lauren-tides se développent à une vitesse folle, en particulier notre MRC. Nous cohabitons tous ensemble: jeunes familles, retraités, touristes (quel genre de touristes veut-on, au fait?). Me semble que dans une région comme la nôtre, ça devait être une urgence, sinon une évidence, pour nos élus que de penser à développer des pistes cyclables pour les sportifs, des endroits réservés aux piétons… je pense juste à nos retraités que je croise chaque matin, obligés de marcher carrément dans la rue. C’est paradoxal de vivre dans un cadre aussi enchanteur, mais ne pouvoir l’admirer en toute sécurité que de son habitacle automobile. C’est comme vivre dans un cage de verre. J’exagère un peu? Moi je ne trouve pas. Je connais des gens qui n’osent plus pratiquer le vélo parqu’ils ont trop peur d’être fauchés par une voiture, et là, je ne vous parle pas en plus du manque de civisme entre cyclistes et automobilistes ou l’inverse. Je vous parle uniquement de sécurité. Et comme dirait le préfet Charles Garnier: «C’est normal Josée, c’est partout sur nos routes le “chemin du Roi”, c’est étroit». Mais j’y pense là, en Europe c’est aussi partout des «chemins du Roi», non?! Pourtant, on fait beaucoup de «place» au vélo, et dans tous les sens du mot. Jus-tement notre MRC est la deuxième région du Québec à endosser un projet-pilote mis sur pied conjointement avec Hydro Québec qui veut connaître, via un questionnaire, nos habitudes de consommation et veut dresser un diagnostic résidentiel de chacun des ménages participants. La beauté de la chose c’est que pour tout questionnaire complété, la société d’État remet 35$ à la MRC pour des «projets collectifs». Et imaginez-vous que nos élus veulent utiliser cet argent pour l’établissement d’un lien entre le corridor aérobique et le P’tit du nord. On en parlait déjà dans Accès en février dernier. Avez-vous rempli votre questionnaire? (Sinon, continuez à nous lire, le projet va être ré-annoncé très bientôt). Ça pourrait régler en partie mes problèmes du dimanche….
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Au sujet de nos routes, en parlant du CHEMIN DU ROI, Charles Garnier voulait sans doute dire CHEMIN DE CROIX.

En tout cas, mon petit Lou, lui, pour sa première sortie, il l’a portée, sa croix.

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