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Changements et darwinismes

Par Jean-Claude Tremblay

Chronique d’un X

par JEan-Claude Tremblay

Ça y est, la routine est en train de s’installer, les rencontres de parents ont été animées, vous avez choisi les cours et activités qui égayeront journées et soirées. Oui, ce changement, transition obligatoire qu’amène ce temps de l’année, est bel et bien amorcé, la circulation de la 15 a retrouvé son apogée et, sous peu, couettes, pantoufles et feux de foyer nous allons apprécier.
Au fait, qu’est-ce qui nous rend si fébriles à l’idée de retrouver nos émissions automnales, et de retomber dans ce rythme de croisière saisonnier? Une réponse possible : le confort de la familiarité. L’humain est une créature d’habitude. C’est probablement l’hypothèse la plus simple et la plus juste pour expliquer le comportement de notre race.

La fin de l’hibernation estivale

La définition classique de l’hibernation est de « passer l’hiver dans un état d’engourdissement ou de profonde léthargie ». Rassurez-vous, je ne délaisse pas ma plume pour devenir paléoanthropologue. Je me sers de cette réalité animale, voire végétale, où, traditionnellement, le métabolisme diminue de 98 %, pour illustrer la torpeur dans laquelle nous nous retrouvons durant l’été. Une période où l’horaire n’est pas loi, où le strict régiment n’existe pratiquement pas, et où la boussole collective ne guide point nos pas.
Néanmoins, ce retour fait office de métronome rassurant. Autant nous voulons la liberté non clôturée que nous procure l’été, autant nous sommes contents de nous faire organiser et de retrouver une apaisante stabilité. Contents oui, mais pour combien de temps et à quel prix? De là toute la complexité de notre relation avec le changement, déjà abordé dès la mi 1800, par le fameux Darwin.
Même si le principal legs de Charles parle d’évolution et de mutation, il n’en demeure pas moins que le fondement de cette théorie de l’évolution est la question du changement.
J’ai élaboré l’équation mathématique suivante pour expliquer la motivation par laquelle arrive généralement le changement chez l’humain : ∑ Si D (SQ) > P (LP) = C Simple, non?! N’ayez crainte, je ne vous demanderai pas de sortir vos crayons et de personnifier Aristote, le fondateur de la logique formelle.
La définition verbatim ressemble à ceci : lorsque la Douleur (D) de conserver le statu quo (SQ) est supérieure à la Peur (P) de lâcher prise (LP), le Changement (C) a lieu. C’est un principe vrai pour tous les êtres vivants, mais l’Homme, celui avec un grand H parfois écrit en minuscule, aime se démarquer.
Le reste de l’écosystème, dont nous faisons intégralement partie, a pourtant compris. Alors que l’humain fait l’apologie du masochisme, le reste du système fonctionne à l’instinct et n’a nul besoin de souffrir pour être beau.
La plante ne se battra pas avec un mur de ciment, elle va simplement grimper ou contourner.
L’oiseau n’attendra pas d’être entouré de neuf chats avant de s’envoler et de se percher.
L’humain… Eh bien, lui, il est Thomas; il veut toucher les trous et la croix, il croit ses yeux avant ses tripes, il veut pas le sawoère… il veut le woère, comme dirait le grand Yvon Deschamps.
D’ailleurs, je me permets d’ouvrir une parenthèse : saviez-vous que cette expression populaire tirée du monologue Cable TV datant de 1970, traite de l’humain et de sa relation avec le changement? Ce texte ludique, mais ô combien profond, exprime la transformation des mentalités avec l’arrivée de la télévision, où l’homme ne veut plus l’entendre à la radio, il veut désormais le voir à la télé. Je ferme la parenthèse.
La Douleur est optionnelle mes amis, c’est un choix. Seuls l’humain et son cerveau reptilien sont programmés pour ne jamais voir le verre à moitié plein. Il (encore notre cerveau) est essentiellement bâti pour nous protéger du danger, non pas pour nous faciliter la vie lors de changements. C’est cette pensée soi-disant articulée, ce raisonnement synonyme de faculté qui nous distingue des animaux. C’est aussi elle qui brouille les cartes et qui nous rappelle que le changement rime systématiquement avec perte de confort, anxiété, désir de stagner et vieilles paires de jeans confortablement trop portées. Il faut alors se servir de sa volonté et user de stratagèmes futés pour le court-circuiter.
Soyons de cette cuvée d’individus que Darwin appela la « sélection naturelle » – un collectif où seuls les êtres les mieux adaptés pourront survivre et assurer une descendance. Nous nous devons bien ça.
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