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Le dîner de cons

Par Jean-Claude Tremblay

Chronique d’un X

par jean-claude tremblay

Bonjour chers amis, aujourd’hui dans la chronique Un X dans le frigo, je vous parle des ingrédients essentiels dont vous aurez besoin, pour bien réussir votre recette. Alors, il vous faudra : des charlatans à l’imagination fertile; des enfants rois qui n’aiment pas qu’on lève le ton; des journalistes subjectifs, plus verts que les bananes du supermarché; une délégation d’humoristes opportunistes, qui ignorent le mot solidarité; quelques accommodements et une libération, aux apparences déraisonnables.
N.B.: Histoire de bien monter la sauce au cynisme qui va accompagner votre plat, mettez-y de l’abuseur. Utilisez du vrai S.V.P. Je sais que c’est un ingrédient qui se fond parmi d’autres, mais il apportera cette fameuse saveur Umami tant convoitée.
Au moment d’écrire ces lignes, le monde entier semble être l’hôte d’un grand bal organisé pour célébrer la reine Médiocrité. C’est dans l’ordre des choses, je suppose, étant donné que l’humain doit aller aux extrêmes, avant de revenir au centre. Néanmoins, les plats que l’on nous sert ces jours-ci sont dignes d’un festin de fond de ruelle – où la mort-aux-rats brille par son absence.
Des individus qui romancent leur vie, et hypnotisent le monde pour vous transformer en cheval, c’est trompeur. Un pape imbu du privilège des ondes, qui méprise et personnalise ses attaques dans la complaisance, c’est pathétique. Un groupe hermétique qui sans nuances jette le bébé avec l’eau du bain, pour servir ses propres intérêts, c’est catastrophique. Quelques rois élevés dans la ouate de leur palais-couffin, qui salissent des réputations et brisent des vies, sous la tutelle de pseudo-journalistes qui n’ont ni enquêté ni réfléchi aux conséquences, c’est carrément dangereux.
Pour demeurer dans le thème culinaire de cette semaine, savez-vous quels ingrédients ont en commun ces histoires? Les voici : La peur, l’égoïsme, l’ignorance, l’opportunisme, le manque de compassion, de jugement et ultimement – le besoin de se faire voir et entendre… à tout prix. Personnellement, j’ai un peu peur que cette turbulence masque les vrais cas d’agression, qui, faut-il le rappeler, doivent être dénoncés. Je crains que l’humain s’insensibilise, au point où le discernement n’aura sa place que dans un poussiéreux Almanach du peuple.
Un superaliment anti-extrémiste : le « gris »
Certes, se faire crier après est offensant, mais ce n’est pas nécessairement du harcèlement psychologique. Se faire masser les épaules n’est pas forcément de l’agression sexuelle. Se faire humilier une fois n’est pas automatiquement de l’intimidation. Étiqueter sans recul, sans s’informer, sans analyse ni sens de la critique : c’est une forme d’extrémisme sur fond noir, ou blanc. Vivement le gris : une saveur nuancée, un aliment bourré d’espoir.
Cautionner la chasse aux Sicottes (une sorte d’agneau du Québec braconné pour son cri vif et son statut) crée un dangereux précédent et nourrit le sensationnalisme. Comme me disait un ami, québécois d’adoption et français d’origine : « Si les élans passionnels et les débordements émotifs sont les principaux critères de harcèlement, alors il faudra foutre la plupart des Français en prison ! »
À la fin, si nous condamnons et emprisonnons au moindre soupçon, il ne restera plus grand monde en liberté. À part peut-être quelques émissaires de générations à venir, qui bien emmitouflés dans leur confort virtuel, régneront sur le royaume du JE, assis seuls devant leurs écrans à communiquer via caméra, la singulière importance du MOI.
Dans un monde où on pourra bientôt voir des gens se doper tranquillement sur le tarmac, juste avant de prendre l’avion avec sur eux une lame de 6 centimètres, légale au nom de la religion – vous vous ferez arrêter aux douanes en tentant de passer avec votre dangereuse bouteille d’eau. Non, ce n’est pas un concept culinaire abstrait émanant d’un jeune chef tatoué, c’est bien le futur menu table d’hôte d’un restaurant nommé Chez Vous.
Entre tout ça et la libération du Vaillancourt d’Amérique, on peut comprendre pourquoi le cynisme est à son paroxysme, et le Nantel menacé d’extinction. Malgré tout résistons à la tentation et demeurons aux aguets, en montant scrupuleusement la garde, aux portes de nos esprits respectifs et collectifs.
Ayons la rigueur intellectuelle de la question, l’intelligence émotionnelle de la compréhension et la bienveillance de la compassion. Surtout, ayons la clairvoyance de ne pas se laisser berner par ce festin social pas très édifiant – tout cela fait ombrage à la beauté humaine. Résistons et créons plutôt notre propre banquet, ou discernement et lucidité seront nos principaux invités.
P.-S. Pour tous les autres, vous recevrez éventuellement une invitation à votre propre dîner, un mercredi soir.
jctremblayinc@gmail.com

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