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Rectitude, sainteté et moralité

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Chronique d’un X

par jean-claude tremblay

En novembre 1989, vous avez avoué votre admiration sans honte pour Pierre-Joseph Proudhon, précurseur de l’anarchisme? – out. Échangé quelques coups de gueule bien sentis rue Crescent en octobre 1995? – out. Fumé le calumet pour souligner la paix des braves en février 2002? – out. « Non, mais attendez… je vous jure, je n’ai jamais inhalé! », tant pis, toujours out.
Dur dur le politico, nous rappellent crûment les récentes démissions forcées en pleine partielle provinciale dans Louis-Hébert. Cet apothicaire-épicier, qui prête son nom à la circonscription de la capitale nationale, n’est nul autre que le premier colon français du Canada et de la Nouvelle-France. Dans son repos bien mérité, ce dernier doit tout de même se ronger la postérité à force d’entendre autant d’incongruités.
Du côté municipal et à la veille du scrutin, soit au 309e jour du calendrier grégorien, je me demande quelles sortes de candidats oseront même se présenter, sachant que le bûcher est toujours à proximité.
Vous ne trouvez pas ça troublant que l’on se prive de personnes d’exception, sous prétexte que leur passé n’est pas assez digne pour se présenter aux élections? En même temps, on ne voudrait pas n’importe qui pour nous représenter, mais où devons-nous tracer la ligne de la moralité?
En 2017, on ne pardonne pas… ou on pardonne trop? Notre « Piment Fort » est devenu Espelette ; il n’est plus l’ombre de l’Habanero qui avait jadis élu domicile dans nos assiettes. Entre poursuite humoristique et droits et libertés, on verse souvent dans la subjectivité – nous sommes des contrariétés, nous sommes juges et jurés, nous servons de la dichotomie pour le souper.
À preuve, prenons René, notre fumeur invétéré et symbole national adulé. Éternel consensualiste, aux airs d’un distrait pacifiste, sa biographie le décrit pourtant comme étant colérique et impatient, et pas toujours jojo dans ses relations personnelles avec la gent. Lynché dans les derniers moments de son vivant public, canonisé dès son décès tel un incontournable acteur dramatique : allez comprendre la logique.
Ici, on se divertit à grands coups de synchronisation labiale, mais on oublie vite les pantalons baissés dans un parc familial. Nous voulions de la nouveauté? Ah, mais conduire en état d’ébriété grâce à une fumée légalisée c’est maintenant beaucoup moins drôle dans la réalité, quand on prend conscience que nos enfants peuvent y passer – et pourtant, c’est pour ça que la majorité a voté.
Je me souviens… de ce que je veux, quand je le veux, et lorsque ça m’arrange le mieux.
Chers Laurentiens, candidats en devenir ou citoyens, votre passé vous a permis de forger la personne que vous regardez dans le miroir chaque matin – acceptez, laissez aller et poursuivez. Dans le doute, consultez votre âme et conscience, l’ultime conseillère, celle par excellence.
Pour ceux que ça intéresse, vous avez jusqu’au 6 octobre pour vous engager dans la course de votre municipalité. Je n’ai pas de conseils à vous donner, hormis celui de ne pas vous laisser berner par la tiède définition du rôle des élus, telle que décrite par le ministère des Affaires municipales, cette machine parfois incongrue.
En gros, voici la proposition de valeur que l’on nous donne pour décrire le poste d’élu (lire leur meilleur pitch de vente pour attirer des candidats) :
« …les élus municipaux sont chargés d’administrer les municipalités afin que l’offre de services réponde aux besoins de la population… »
Sexy, non?! En lisant ça, j’ai juste envie de regarder l’affichage de poste dans les yeux pis de lui dire : « Envoye dans l’lit, maudite chanceuse! »
Bon, trêve de Florida, n’ayez crainte, le rôle n’a pas à être si brun et plat. Couleurs vives, authenticité et vision, voici ce qui manque pour atteindre un nouveau jalon. Ras-le-bol du politico, nous voulons des idéaux. Pas un débat sur une rue piétonnière, mais une urbanisation extraordinaire. Une qui se veut entrepreneuriale, artistique et communautaire, pour célébrer notre précieux coin de terre.
Candidats et autres intéressés, posez-vous la question suivante avant de vous engager : quel héritage voulez-vous laisser? Si votre réponse commence par « budget équilibré », c’est que vous n’avez absolument rien pigé, et à la table à dessin, vous devez retourner.
Quel que soit le rôle que vous jouerez, gardez en mémoire que les gens ont besoin de progrès pour évoluer.
Laissons la vierge offensée dans le passé, honorons la laïcité des idées, redéfinissons notre moralité et remettons-nous à rêver.
VOUS SOUHAITEZ RÉAGIR ? ÉCRIVEZ À L’AUTEUR : JCTREMBLAYINC@GMAIL.COM

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