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Redéfinir le couple en âge avancé

Par diane-baignee

Coeur mature a enfin trouvé partenaire

Chronique défi, bien vieillir
par Diane Baignée

Une histoire comme ça. Un homme et une femme aguerris. Après s’être installés confortablement dans leur célibat de seniors, ils eurent l’idée, un certain printemps (cette saison éveille les ardeurs du cœur), qu’il serait donc plaisant de rencontrer une gentille personne bien mature avec qui partager activités et, pourquoi pas, sa vie.
Encouragés par quelques amis et par curiosité évidemment, ils s’inscrivent tous deux sur le site Réseau Dépôt des Cœurs matures. Celui-ci est bien réputé. Finalement et je vous passe tous les détails et les dédales liés à la procédure de recherche, une rencontre, enfin la bonne! Voilà une attirance mutuelle qui s’installe. Wow! Après l’étape où l’on déballe toutes ces questions d’usage et passe en rafale chaque tranche de son curriculum vitae, nous voilà au moment d’examiner la liste des intérêts communs. L’inventaire est bien exhaustif. Après examen, tout semble baigner dans l’huile pour l’instant. Nous passons donc le test. Un baiser, on se revoit? Le moment présent est bien agréable. Mais voilà que…

Un bagage de vie collé sur les talons

Au moment où nous mettons le pied dans un début de relation, nous oublions parfois que nous transportons une belle grosse valise (ou deux) à roulettes dans laquelle se cachent des craintes, peurs, douleurs, des je-ne-veux-plus-jamais-vivre-ça et autres types d’émotions cumulés par les expériences passées. Par surcroît, et sur le tas, s’entassent des attentes et espoirs qui font que le couvercle de la mallette a bien du mal à fermer.
Ce bagage de vie est d’une force inéluctable. Il pourrait bien nous être utile pour redéfinir une relation évolutive, mais peut trop souvent nous barrer les pieds et la route. En vivant seul, on croit bien avoir évacué tous les fantômes du placard. On se dit pouvoir aller au front et s’annoncer comme ayant un « passé réglé ».
Or, les douleurs antérieures risquent de refaire surface à un moment où une situation bien particulière vient peser sur un bouton mémoire (ou panique, parfois). Le défi des nouveaux couples, qui ont cumulé des années d’expérience de vie, est d’arriver à faire un grand nettoyage dans le cœur et l’esprit – seul ou avec de l’aide – afin de voyager le plus léger possible, ensemble. Une communication franche et limpide ainsi qu’un paquet de bonne volonté m’apparaissent les principaux moyens pour y arriver.

L’amour véritable en trame de fond

Or, des conflits et tempêtes de vie se présenteront probablement encore, car l’être humain est ce qu’il est, avec ses forces, ses faiblesses. Le défi étant de ne pas jeter aux ordures ou dans un site de « Serpuarien » une relation dont la base s’avère riche malgré les différences. Cette société de consommation rapide, du cliquer et supprimer, nous induit une façon de faire qui porte son lot de conséquences négatives.
Toutefois, si l’amour véritable entre deux personnes a pu s’installer, il gagnera la bataille contre ses vieux revenants qui ne cherchent qu’à faire diversion d’un bonheur à deux en apprentissage. Oui, même aîné, mature d’expérience, dans une nouvelle relation, le mode apprentissage est toujours de rigueur.
Émietter les mauvais souvenirs pour enfin pondérer leur valeur. Quelle place doit prendre le passé? Accepter les différences, l’imperfection et les appréhensions. Voir en l’autre une personne qui souque dur à son bonheur et à celui de son partenaire par surcroît.
Une nouvelle relation en âge avancé pourrait, ma foi, offrir un nouveau terrain de pratique qui finalement peut nous faire évoluer encore. Il n’y a pas d’âge pour évoluer. Prendre conscience qu’il n’est pas nécessaire de retourner dans des standards de couple bien installés dans notre ADN, c’est un pas dans la bonne direction.
Pourquoi ne pas se donner des pauses, des moments pour faire le point? Changer le terme « faire chambre à part », pour « se créer un lieu de ressourcement ». Donnons la chance et l’opportunité à nos épreuves de nous faire grandir plutôt que de nous séparer. Rien n’est parfait, jamais.
Le but ne serait-il pas de faire la paix avec le pire pour laisser place au meilleur? Et pourquoi ne pas redéfinir le couple, selon « sa recette » et non celle des autres. Vous êtes le seul maître à bord de votre vie!
Et ils furent heureux, s’aimèrent à leur façon. Ils s’amusèrent avec les gens qu’ils aiment et la trâlée de petits-enfants.
Diane Baignée est travailleuse sociale en pratique privée.
Pour commentaires ou questions, vous pouvez la joindre à diane.baignee@gmail.com

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