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CINEMA – Qui prend mari prend pays

Par stephane-desjardins


Je vous trouve très beau

On a déjà vu plus original, mais le thème du film Je vous trouve très beau donne lieu à cette série de situations qui peuvent faire – ou défaire – des comédies dramatiques de la plus éloquente façon. À ce registre, la cinéaste Isabelle Mergault réussit relativement bien son pari de divertir sans trop tomber dans la guimauve fondue. Ce qui, franchement, permet de mieux endurer ce putain de mois de novembre trop gris et pluvieux à mon goût et probablement au vôtre.

Bon, oublions la météo et penchons-nous sur le film, voulez-vous?

Concrètement, nous sommes dans un petit village perdu au fond de la campagne française (qui, d’ailleurs, fait penser à notre campagne à nous, sauf que les bâtiments sont en pierre et non en bois). Aymé (Michel Blanc) est bien embêté car sa femme meurt subitement d’un accident tout bête. Ce n’est pas que leur mariage était couronné de succès. Pour l’amour ou la romance, on repassera. Mais sa femme lui permettait tout de même de mener les travaux de sa ferme sans trop rogner sur son temps de sommeil. Ce qui est précieux pour un agriculteur, convenons-en.

Vous aurez compris que la révolution féministe a passé sans s’arrêter dans cette maison presque dépourvue d’humanité. Aymé ne vit apparemment que pour une chose: son tracteur. Cet homme bourru, sans culture, sans raffinement, qui n’a apparemment jamais quitté son village, doit se rendre à l’évidence: il lui faut une femme. De ménage, s’entend!

Il fait ni une ni deux et se rend en Roumanie, à la suggestion d’une agence matrimoniale. Les candidates se bousculent pour le «poste». Elles affirment toutes à ce riche français qu’elles le trouvent très beau (d’où le titre, mais vous avez compris…). Ce dernier se rebiffe: ces filles manucurées ne pourront jamais survivre au dur labeur de la ferme. Et il sait parfaitement qu’il n’est pas un bellâtre.

Mais une candidate, Héléna (Medeea Marinescu), se détache du lot. Jeune mais pas trop sexy, robuste mais enjouée, elle fera l’affaire.

Aymé ramène derechef en France celle qui choisit de s’exiler pour mieux nourrir sa famille, qui vit dans la misère. Aymé, qui ne cherche qu’une paire de bras pour la ferme, finit toutefois par s’attacher à cette femme qui ne demande pas mieux que de se trouver un véritable mari. Même au fin fond de la campagne française.

S’ensuit une série de malentendus qui ne servent qu’à mettre du flou entre les personnages et à repousser une réconciliation que les spectateurs espèrent depuis le début.

Aymé a peut-être mauvais caractère, mais c’est un bon diable. Héléna ne pense qu’à ses proches et ne veut que se faire accepter de son futur (?) mari. N’est-ce pas le propre de tout immigrant que de vouloir que son intégration se fasse dans les meilleures conditions?

Quelque chose sonne faux dans ce film qui demeure, somme toute, assez superficiel. La réalisatrice se permet même quelques clichés, qui ne sont pas appuyés par des ingrédients comiques ou dramatiques. Et qui sont d’autant plus difficile a digérer. Les dialogues, jamais trop profonds, ne permettent pas aux acteurs de sauver ce film bien ordinaire. Marinescu et Blanc ne se débrouillent pas trop mal, malgré tout. Certaines scènes sont même émouvantes.

La magie ayant opéré avec ma blonde, je me demande si c’est moi qui ne filait pas ce soir-là, ou si elle est moins intransigeante que votre scribe. Comme le film fut un **blockbuster** en France, allez vous faire une idée par vous mêmes.

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