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Les accommodements raisonnables il y a 140 ans!

Par lpbw

Louis-Joseph Papineau

Montréal, 17 décembre 1867. La Confé­dération vient d’être votée. Papineau a 81 ans, il accepte, à l’invitation de son neveu Louis-Antoine Dessaulles, de venir faire une conférence à Montebello pour le 23e anniversaire de l’Institut Canadien.

Ce sera son testament politique,il allait mourir quatre ans plus tard.

Voyons une partie de ce discours, où Papineau visionnaire, nous interpelle du passé, et tend des clés qui pourraient servir d’habiles guides pour nos hommes politiques actuels. Il y est question de l’homme du Nouveau-Monde.
«Que ces reproches de propension à la violence viennent mal de ceux qui ont constamment recours à la violence pour empêcher la libre discussion de questions politiques ou sociales, violence physique au moyen de la loi, violence morale par l’anathème. Il ne me reste plus qu’à vous complimenter sur la haute intelligence et la libéralité éclairée avec lesquelles vous avez proclamé et appliqué le principe de la solidarité, et du concours dans votre enceinte, comme dans toute organisation politique et sociale de notre patrie, de toutes les races, de toutes les croyances religieuses, de toutes les opinions librement exprimées et librement discutées . Bien aveugles sont ceux qui parlent de la création d’une nationalité nouvelle, forte et harmonieuse sur la rive nord du Saint-Laurent et des grands lacs, et qui à tout propos ignorent et dénoncent le fait majeur et providentiel que cette nationalité est déjà toute formée, grande et grandissant sans cesse; qu’elle ne peut être confinée dans ses limites actuelles; qu’elle a une force d’expansion irrésistible; qu’elle sera de plus en plus dans l’avenir composée d’immigrants venant de tous les pays du monde, non seulement de l’Europe, mais bientôt de l’Asie dont le trop plein cinq fois plus nombreux n’a plus d’autre déversoir que l’Amérique, composée dis-je, de toutes les races d’hommes, qui, avec leurs mille croyances religieuses, grand pêle-mêle d’erreurs et de vérités sont toutes poussées par la Providence à ce commun rendez-vous pour fondre en unité et fraternité toute la famille humaine. Le grand fait est trop évident sur toute l’étendue de l’Amérique et dans toute son histoire, depuis sa découverte par Colomb; il est trop inévitable, pour qu’on n’y reconnaisse point l’une de ces grandes indications providentielles que l’homme ne peut se cacher, et sur lesquelles néanmoins il n’a pas plus de contrôle que sur les lois immuables qui gouvernent l’univers physique. On doit y voir l’enseignement divin de la tolérance universelle et de la fraternité du genre humain. Sur cette base solide, l’homme du Nouveau-Monde, qu’il soit homme d’État, philosophe, moraliste, ou prêtre, doit asseoir la société nouvelle et ses nouvelles institutions. La patrie n’aura de force, de grandeur, de prospérité, de paix sérieuse et permanente, qu’autant que toutes ces divergences d’origines et de croyances s’harmoniseront et concourront ensemble et simultanément au développement de toutes les forces et de toutes les ressources sociales. Ce noble programme que vous avez affiché et qui vous a attiré de l’opposition de la part de ces ennemis de la raison et de la pensée ( ici Papineau fait allusion au clergé ) qui ont souhaité la dispersion de l’Institut et de ses livres, doit rallier autour de vous l’appui et le bon vouloir de tous les citoyens instruits et éclairés, de tous les patriotes qui désirent vraiment le bonheur et la grandeur de notre commune patrie, à nous Canadiens natifs et d’adoption.

Cet appui vous le méritez. Vous l’avez conquis; il vous restera, je n’en doute pas, et personne ne saurait mieux s’en réjouir plus que je ne le fais.»

Papineau va mourir en 1871,dans son manoir de Montebello, et tout comme son père le fit, il refusera les derniers sacrements que lui offrait son curé. Sur sa table de chevet il y avait les biographies de George Washington et de Thomas Jefferson, ainsi qu’un livre de jardinage.

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