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L’Église catholique, l’Économie et les States

Par leo-paul-lauzon

Depuis toujours, je suis un socialiste chrétien pratiquant et fier de l’être comme quand, dans la trentaine, je lisais régulièrement les épîtres de Saint-Paul aux Corinthiens à l’église St-Pierre-Apôtre dans le faubourg à m’lasses de Montréal. Selon moi, être chrétien c’est être socialiste comme l’était, à mon avis, Jésus-Christ de Nazareth. J’ai retracé quelques positions et déclarations du pape et d’évêques effectuées ces dernières années pour que vous puissiez juger par vous-mêmes sur l’orientation politique, économique et sociale de l’Église catholique et du courage de ses prises de position.

Payer des impôts est un devoir

Le 14 septembre 2004, le Journal de Montréal titrait: «Le ministre des Finances du pape: payer les impôts n’est pas un péché». Le cardinal Nicora soulignait que «L’État n’est pas un ennemi et payer les impôts n’est pas un péché mais un devoir». «L’État est la maison de tous et les impôts sont nécessaires pour assurer tous les services qui rendent la société plus humaine» qu’a souligné avec justesse le religieux. Ici, comme l’on préconise l’État-minimal modernisé et réingénierisé avec la privatisation de nos services publics, de nos sociétés d’État et de nos richesses naturelles qui viennent avec, nos politiciens et le patronat cultivent la haine des impôts publics préférant être taxés par le privé pour la santé, l’éducation, l’eau, les autoroutes et les banques, les pétrolières, les pharmaceutiques, etc. Payer des impôts aux gouvernements pour des services publics c’est mal, mais payer des gros impôts aux affairistes pour nos instruments collectifs démantelés et privatisés, c’est bien selon eux. Pour s’en convaincre, vous n’avez qu’à observer du côté des States et ce que les Américains paient en impôts et tarifs privés exorbitants pour leur santé privée, leur éducation privée, leur électricité privée, leurs garderies privées, etc. Le ministre des finances du pape tient un discours nettement divergent de nos ministres des finances provincial et fédéral.

L’injustice des paradis fiscaux

Le 13 mars 1999, le même quotidien titrait: «Le pape dénonce les paradis fiscaux». Le pape a alors dénoncé «les privilèges injustes en faveur des pays ou des groupes sociaux les plus riches et a demandé aux politiciens de mettre fin à ces activités économiques». Aujourd’hui, les banques, les compagnies et les nantis canadiens ont détourné frauduleusement pour 100 milliards$ dans les paradis fiscaux avec la complicité des politiciens et de professionnels «respectés». Ce sont à ces mêmes malfrats, économistes de banques et fiscalistes de bureaux d’experts-comptables, que nos médias, incluant Radio-Canada, demandent quotidiennement des solutions «réalistes et novatrices» pour gérer l’État, nos services sociaux et nos instruments collectifs. Toutefois, ces médias passent sous silence ces gestes frauduleux d’une violence inouïe qui sèment la misère et la mort. L’éthique journalistique et leur travail d’enquête les amènent plutôt à passer au peigne fin et à traiter abondamment du comportement des cols bleus, des assistés-sociaux et à nous entretenir sur l’état des nids-de-poule et à s’étendre sur les complaintes de Gilbert Rozon et de Luc Plamondon, des assistés sociaux de luxe. Voilà ce qui se produit quand les médias sont détenus par des transnationales comme Power Corp. qui possède de nombreuses filiales dans des services publics comme dans la santé, les pensions de vieillesse, l’eau, l’énergie, etc. Pour rire de vous et vous méprisez encore plus, vos élus prétendent qu’ils doivent respecter la souveraineté politique de ces pays de havre fiscal. En fait, ce ne sont pas des pays, mais des colonies détenues et gouvernées par les nantis des pays occidentaux. Anguilla, un des principaux paradis fiscaux, compte 12 000 habitants et les Îles Turques et Caïcos 19 000 habitants. Allô pays! Des «pays» plus petits que Pointe-Calumet et Saint-Tite… Que dire aussi de Niue avec ces 1 400 habitants bien comptés, Nauru qui en compte un gros 13 000 et les Îles Caïmans 42 000. Saviez-vous que les Îles Caïmans représentent le 4e centre bancaire et le 6e centre d’assurances au monde et où naturellement, toutes nos banques canadiennes sont intensément présentes. Même Barack Obama, le président des États-Unis a ironisé récemment en disant que 18 857 entreprises étaient enregistrés à la même adresse du bureau d’avocat Maples and Calder des Caïmans qui vient d’ouvrir un bureau à Montréal, très subventionné par Québec, pour faciliter les affairistes d’ici à détourner encore plus de revenus non taxés vers cette île fiscalement enchantée. Les mêmes bonzes qui nous disent comment gérer l’État québécois, qui ont en horreur l’immobilisme et qui nous demandent de faire preuve de solidarité pour nous sortir de la crise financière qu’ils ont eux-mêmes fomentée. En vérité, je vous le dis, avec un minimum de volonté politique, les gouvernements des pays occidentaux pourraient rayer de la carte et mettre fin à l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux en quelques heures, simplement en imposant un embargo financier et économique. Mais, ils ne veulent pas contrarier leurs maîtres et préfèrent taxer et «varger» sur le monde ordinaire. Des lâches, si vous voulez mon avis.

Les excès de l’économie de marché

Le 15 juin 1999, La Presse publiait un texte intitulé: «Le pape dénonce les excès de l’économie de marché», dans lequel Jean-Paul II dénonçait avec virulence le néolibéralisme: «Du fait des lois du marché, les droits de l’homme sont oubliés… le pape a fustigé la tendance actuelle qui, pour satisfaire les exigences de profit et d’enrichissement, en vient à considérer que l’homme, qui accomplit le travail, n’est plus important… il n’est qu’un instrument de production accomplissant un travail déshumanisé». Avoir tenu les mêmes propos, le patronat et leur cortège de lucides autoproclamés m’auraient traité de communiste révolutionnaire. Le 16 juillet 2001, le même quotidien titrait: «Le Vatican s’en prend à la mondialisation et au tourisme», dans lequel il est souligné que: «Le fossé entre pays riches et pays pauvres s’est agrandi. Une nouvelle forme d’esclavage et de dépendance des pays plus pauvres a été introduite et une suprématie de l’ordre économique menaçant la dignité humaine s’est instaurée». Dans un article du Journal de Montréal du 9 janvier 2007, le pape Benoît XVI a aussi appelé «les pays riches à prendre les dispositions nécessaires pour que les pays pauvres, souvent pleins de richesses naturelles, puissent bénéficier des fruits des biens qui leur appartiennent en propre». En gros, ça veut dire que les pays occidentaux doivent arrêter de s’approprier et de voler les ressources naturelles des pays sous-développés qui ne pourront jamais devenir «en voie de développement», exploités et colonisés comme ils le sont par les transnationales occidentales.

Dénonciation de la richesse

Puis, le Journal de Montréal du 11 novembre 2004 publiait un article dans lequel le pape Jean-Paul II, devant des membres du Cirque du Soleil, dénonçait avec force la richesse. Ici, Pauline Marois et Joseph Facal du parti québécois, Alain Dubuc de La Presse et d’autres, nous demandent de faire l’éloge de la richesse et de ne pas être jaloux de ceux qui sont devenus riches en nous exploitant. Les Québécois ont peur de la richesse qu’avait dit l’incorruptible André Boisclair, ex-chef du PQ, devenu lobbyiste pour les faiseux. Faut donc, selon eux, se laisser arnaquer sans rechigner et continuer à engraisser nos riches «bienfaiteurs». Pour le pape, «la richesse s’accroche au cœur de l’homme… pour s’assurer prestige et pouvoir».

Appel au partage des richesse

Dans un article de La Presse du 24 septembre 2007, intitulé: «Le pape appelle au partage des richesses. L’argent peut enfermer l’homme dans un égoïsme aveugle», Benoît XVI a souligné que: «la logique du profit accroît le fossé entre riches et pauvres et l’exploitation de la planète. Le capitalisme ne doit pas être considéré comme le seul modèle d’organisation économique valable». Pourtant, nos médias, le patronat et leurs laquais nous répètent à satiété qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme et ils cultivent la haine du socialisme, Et, dans un texte du Journal de Montréal du 13 novembre 2006 titré: «Le pape part en guerre contre le scandale de la faim», Benoît XVI a appelé à une intensification des efforts pour «éliminer les causes structurelles liées au système gouvernant l’économie mondiale, qui réserve l’essentiel des ressources de la planète à une minorité de la population». Enfin, dans un article du 12 décembre 2008 du même quotidien, il a «accusé les pays riches d’exercer un chantage sur les pays pauvres en conditionnant leur aide économique à l’adoption de politiques contraires à la vie». Belle leçon servie aux pays occidentaux et à leurs mercenaires attitrés que sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. Croyants ou pas, faut reconnaître et admirer le courage du pape.

Droits de l’individu versus droits de la personne

Dans un article du Journal de Montréal du 11 décembre 2008 titré: «Droits de l’homme: il reste un long chemin à faire» qu’a dit le pape Benoît XVI. Dans le même texte, le cardinal Renato Martino a critiqué une conception «individualiste des droits de l’homme transformée en affirmation des droits de l’individu plus que des droits de la personne, c’est-à-dire de l’être humain amputé de sa dimension sociale et privé de transcendance». Bien dit. Pour les capitalistes, le patronat et ses porte-queue, le droit à la propriété privée est prioritaire et plus important que le droit à la vie, à la dignité et à l’égalité. Ils prônent à tout vent une conception étroite et intéressée de la liberté individuelle, fondée principalement sur le capital et la propriété privée. Aux States, le pays le plus puissant et le plus riche du monde, qui leur sert toujours de modèle à suivre, ça revient à quoi la liberté des cinquante millions d’individus qui n’ont aucune assurance-santé, des millions de pauvres qui n’ont pas accès à l’éducation supérieure et aux garderies et aux millions de prisonniers? Égalité ne rime pas avec égalitarisme. Le respect de la Charte des droits de l’homme signifie que tous ont droit à l’égalité des chances, ce qui n’existe même pas au Canada et aux États-Unis. Il ne peut y avoir de véritable liberté sans égalité des chances. Et il ne peut y avoir d’égalité des chances s’il n’y a pas un accès universel et gratuit à tous les services sociaux premiers. Pour les doctrinaires de droite, la notion de liberté individuelle se résume à ériger l’égoïsme en vertu et au droit d’exploiter les autres sans limite. Ce n’est pas d’être rêveur et vertueux que de militer pour un meilleur partage des services publics, de nos ressources naturelles et de la plus-value créée par le travailleur que les exploiteurs se sont appropriés au nom du droit à la propriété privée.

Tout ça en nous faisant avaler que le capitalisme, qui repose justement sur la détention des capitaux par une minorité, sera bénéfique pour l’ensemble. Selon eux, point de salut en dehors du capitalisme. Le pape pense autrement. Avec un meilleur partage de nos ressources collectives, qui est un droit légitime à revendiquer, on ne parlerait plus de charité. C’est la marque de commerce des profiteurs que de donner des miettes sous forme de charité privée, déductible d’impôts, et de se faire voir abondamment dans leurs médias, qui jouent le jeu de l’exploitation érigée en système. Ils appellent ça de la compassion pour les plus faibles de la société. Faut parler de partage et non de charité.

Le Vatican fustige les pharmaceutiques

Dans un article de La Presse du 1er février 2004, titré: «Sida: le Vatican fustige les pharmaceutiques», il est dit: «Le Vatican a lancé une attaque sans précédent contre l’industrie mondiale pharmaceutique l’accusant de «génocide» des sidéens des pays pauvres. Au moins 400 personnes meurent chaque jour au Kenya à cause du sida. C’est l’action génocide du cartel des entreprises pharmaceutiques qui refusent de rendre les médicaments abordables… C’est une question morale qui montre le manque de conscience sociale de ces entreprises capitalistes». Ça fait longtemps que je dis, appuyé par des recherches empiriques, que les pharmaceutiques, les banques et les pétrolières sont des criminelles en bonne et due forme.

Faut souligner aussi le courage des religieuses québécoises qui s’en sont prises à Alcan et à Bombardier pour leur comportement dans les pays sous-développés, tel que rapporté dans Le Devoir du 5 avril 2006: «Les religieuses s’attaquent à Alcan et à Bombardier».

Un évêque socialiste comme président du Paraguay

Dans un article du Devoir du 4 août 2008 titré: «Au Paraguay, l’ancien «évêque rouge» obtient une dispense papale pour devenir président». Monseigneur Fernando Lugo a remercié le pape pour cette dispense, lui qui mènera au Paraguay des politiques socialistes afin de sortir la moitié des six millions de Paraguayens de la misère, exploités qu’ils ont été par les capitalistes locaux et étrangers. Le prix Nobel d’économie, l’Américain Joseph Stiglitz, s’est rendu au Paraguay pour conseiller «gratuitement» le nouveau président. Ce n’est pas ici que l’on est prêt à élire un socialiste ou un communiste comme premier ministre. Juste mentionner le mot «socialiste» fait peur au monde qui pense que les communistes et les socialistes mangent les enfants. D’ailleurs, aucun parti politique de gauche ne veut accoler le mot socialiste au nom de leur parti pour ne pas faire peur au monde. Qu’il est vraiment pathétique de se voir accuser, par le patronat et leur faire-valoir d’ici, d’être communiste ou d’être socialiste, comme si c’était un crime de l’être. Mais, ça réussit et les gens les voient d’un mauvais œil, même que certains voudraient les emprisonner. Faut être aliénés pas à peu près. En France, le parti communiste est dans le paysage politique depuis toujours et a gouverné à quelques reprises le pays avec les socialistes en ayant des ministres au cabinet. En plus, il y a les partis trotskistes et marxistes de Lutte ouvrière et de la Ligue communiste révolutionnaire qui jouissent d’une grande tribune médiatique. C’est quand la fois que vous avez vu passer un article de La Presse ou du Journal de Montréal sur un communiste, sauf pour le tourner en ridicule, ou un journaliste de ces quotidiens demander l’opinion d’un économiste ou d’un sociologue communiste? Ils préfèrent l’opinion des économistes de banques, ces mêmes institutions qui sont responsables de l’actuelle crise financière avec son lot de pertes d’emplois, de dilapidation de rentes de retraite et de misère. Eh bien, à ceux qui me traitent de communiste, moi je les taxe d’être capitalistes.

La guerre des States en Irak

Dans un article du Journal de Montréal du 23 mars 2003 intitulé: «La guerre en Irak menace le sort de l’humanité», croit Jean-Paul II», le pape s’en est pris vivement aux États-Unis et à son président George W. Bush, pourtant très religieux selon ses propos. La réponse du gouvernement américain ne s’est pas fait attendre et est bien résumée par le titre de ces deux article du Journal de Montréal du 27 février 2003: «Bush ne se laisse pas émouvoir par les appels à la paix du pape» et du 1er juin 2003: «Powell (le secrétaire d’État américain Colin Powell) ne demandera pas l’absolution du pape pour la guerre en Irak». Loin de se laisser intimider par Bush et ses mercenaires, le pape a durement rappeler à Bush «son opposition à la guerre en Irak» tel que rapporté dans le Journal de Montréal du 5 juin 2004. Tout de même curieux de voir le pape s’en prendre à celui qui prétendait parler à Dieu et pleurer souvent sur son épaule. Plusieurs Américains, avec leurs ridicules télé-évangélistes et leurs bondieuseries, interprètent à leur façon l’Évangile afin de se voir conforter dans leurs droits à l’exploitation, à l’hégémonie, à la richesse, à la guerre, etc. «Les guerres américaines servent les droits de l’Homme» qu’aimaient répéter Bush et ses acolytes. Puis, dans un texte du Journal de Montréal du 15 novembre 2006 intitulé: «Le mur condamné», le cardinal Renato Martino, haut responsable du Vatican, a condamné le mur érigé par les États-Unis le long de la frontière mexicaine. Le cardinal a dit: «À propos des frontières, je dois malheureusement dire que dans un monde qui a salué dans la liesse la chute du Mur de Berlin, de nouveaux murs sont érigés entre des quartiers, entre des villes, entre des nations». Ici même au Québec et au Canada, c’est ce qui se passe et les riches ont leurs propres villes, leurs propres endroits de villégiature, leurs propres hôpitaux, écoles, collèges, garderies, etc. Voyons donc, c’est dégradant pour les nantis d’être soignés dans les mêmes hôpitaux et cliniques que le «peuple» et d’envoyer leurs rejetons dans les mêmes écoles et garderies que celles du monde ordinaire. C’est pour ça qu’ils prônent la privatisation de tous les services publics. Même qu’aux States, il y a de plus en plus de villes et de villages où l’on a érigé des murs et qui sont protégés par des policiers privés afin d’écarter et d’expulser les intrus. L’accès à ces villes privées est strictement limité aux notables. Enfin, terminons par une comique, représentative du courage du pape que n’ont pas nos petits politiciens d’ici soumis qu’ils sont aux Américains, tel que l’illustre le titre de cet article paru dans le Journal de Montréal du 20 septembre 2007: «Vatican: le pape a refusé de recevoir Rice». Courage exemplaire si vous voulez mon avis. L’ancienne secrétaire d’État américaine Condoleeza Rice, une criminelle comme Bush, Cheney, Rumsfield et cie, si vous voulez encore ou pas mon avis.

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