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Cette chronique est réservée aux 18 ans et plus

Par Josée Pilotte

Je sais que la job d’un chroniqueur, c’est parfois de dire «noir» quand tout le monde dit «blanc». Mais c’est aussi d’élever le débat, d’attirer l’attention sur des histoires en apparence anodines, mais qui en fait symbolisent quelque chose. C’est faire des liens entre des événements pour leur donner leur pleine résonance, proposer une autre lecture du monde; parfois même le redessiner avec sarcasme, ironie ou humour, selon le cas. Essayer de dire tout, tout en ne disant rien… Le plaisir minuscule de la «première gorgée de bière» et le «petit pesant d’or de l’abeille»…

Je sais ça. Mais, parfois, il semble qu’il n’y ait pas d’explication «intelligente» à donner à la bêtise humaine, pas de solution à soumettre pour stopper la chute de la déchéance de l’Homme, surtout quand la déchéance de l’Homme devient la déchéance de la Femme, comme dans ces histoires récentes. Des histoires d’infanticides, monstrueuses à en avoir les joues en rivières.

Six drames familiaux depuis le début de l’an-

<br>née. Treize morts dont 8 enfants. Huit enfants tués par papa-maman, par ceux-là même qui avaient promis protection, amour et bonheur-pour-la-vie.

Il n’y a plus une semaine sans qu’on ne voit la violence transpercer nos écrans de télé, sans entendre la folie perforer nos ondes radio, sans voir toute cette douleur découper nos pages de journaux.

Que dire de tout ça? De ce mal envahissant dépourvu de toute cohérence? Que dire à nos enfants quand ils voient et entendent que, dans ce monde-ci, les mamans et les papas, ben… parfois, ils tuent. Leurs petits loups. Que dire?

Rien. Rien que je ne puisse expliquer. En fait, j’aimerais tout éteindre. Éliminer télé, radio, journaux, «out!», pour mieux entendre le silence.

Parce qu’on en manque.

La finance fait trop de bruit, l’argent prend trop de place, il nous définit. Trop. À partir de là,

pas étonnant qu’une crise économique dégénère en drames humains.

J’aimerais tout éteindre. Éliminer télé, radio, journaux, «out!», pour mieux entendre le silence. Parce qu’on en manque, parce qu’on est trop saoulés de publicités agressives, de jeux vidéo agressants, de films violents, d’enfants violentés, de sécurité démesurée, de terrorisme, de plasticité, de paranoïa.

Parce que si tu n’es pas l’humain schizophrénique du 21e siècle avec ta carte crédit gold, gavé d’oméga-3, de vitamines B12; si tu ne te nourris pas de cuisine méditerranéenne et de PlayStation 3; si tu ne portes pas le casque, le protège-coudes et la genouillère assortis au cheveu; si tu as le malheur d’avoir les yeux secs et d’avoir à amener ton 3 ml de gouttes dans l’avion… t’as rien compris. T’es rien.

Toutes ces normes et ces schémas destinés à nous rassurer et à nous sécuriser alimentent au contraire notre peur et l’insécurité d’exister avec nos fêlures (patche-les, prends ton Paxil).

La vie est plus lourde que jamais à gérer – la preuve: ça nous prend des coash de vie! – complexe et compliquée; dès qu’on ne fait plus le poids et qu’on est peu «fêlé», seules deux issues s’offrent: Dieu ou le gun.

Et puisque que Dieu est mort.

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