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Dénaturer sa vraie nature?

Par Josée Pilotte

Le week-end de l’Action de grâces, on a pris le temps d’aller mouliner notre bonheur au Vermont. Une petite escapade de trois jours entre amis, entourée de mes trois hommes. Un grand privilège.

Croyez-moi, ce n’est pas toujours facile de convaincre le petit et le grand ado de venir pédaler avec pôpa et môman une fin de semaine de temps. Voyez-vous, c’est qu’ils ont une grande vie sociale à gérer à cet âge-là. Un party par-ci, un petit chill par-là… Bref : ça n’arrête jamais! Et moi, bien, ça me donne le tournis.

J’ai beaucoup de difficulté avec le fait qu’un ado doive dormir jusqu’à midi, prendre l’après-midi pour se réveiller, pour ensuite aligner deux, trois phrases cohérentes vers 4 h de l’aprèm pour dire la phrase qui tue : « M’man, j’ai un petit chill chez des amis ce soir! » ENCORE?!

Je négocie donc avec mes fils mes moments avec eux. Et quoi de mieux que partager une même passion pour connecter sur l’essentiel. Des moments tout simples, mais si bénéfiques pour moi, pour nous.

C’est donc, oui, un privilège d’être dans le bois avec eux, presque en vase clos à dévaler les montagnes.

Et c’est fou ce qu’une bonne dose d’endorphine peut avoir comme effet sur notre condition mentale et physique. Et entre vous et moi, ça vous réveille un ado sur un moyen temps, une ride de vélo à 9 h le mat, par 5 degrés de température. Pour chiller, ça chill en masse!

Faut dire qu’à Burke, il y a de quoi rendre le sourire aux plus bougons d’entre nous. Des kilomètres et des kilomètres de bonheur. On n’a qu’à faire la Sidewinder et entendre les cris de joie pour s’en convaincre.

Chaque fois, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec nos sentiers et nos pistes de vélo de montagne. J’estime que 80 % de la clientèle lors du week-end de l’Action de grâces était québécoise. Avec le taux de change en ce moment à 30 %, faut croire que les Québécois sportifs (les élitistes, selon nos élus) ne sont pas si cassés que ça, hein?

Burke, c’est 1571 habitants et gens d’affaires visionnaires qui se sont mobilisés pour développer leurs sentiers et en faire un attrait touristico-sportif tout en préservant leurs ressources naturelles. Elle a su mettre sa nature et ses forêts en valeur. 160 kilomètres de sentiers en fait, tout ça grâce à la très grande générosité de plusieurs propriétaires terriens qui acceptent de donner leur accord pour un droit de passage. C’est beau de voir la cohésion communautaire et de pouvoir en profiter.

Burke, c’est un tout petit village avec un bike shop, un dépanneur, un petit bistro, une montagne de ski, des sentiers, sans oublier sa bière locale. Presque rien quoi! Pas de Factoreries à l’horizon. Euh rien! Burke nous ressemble par sa beauté des paysages, mais là s’arrête la comparaison.

Pourquoi je vous parle de tout ça? Pour ce qu’une poignée de citoyens de Sainte-Anne-des-Lacs et de Prévost s’apprêtent à faire : se mobiliser, trouver du cash. Et pour quoi? Pour sauvegarder ce qui est le plus précieux et qui est notre identité : la nature. C’est pas sexy comme projet, j’entends certains me dire… Ça apporte quoi au commerce local, d’autres me lanceront… On est loin du glamour d’une Fiesta Cubana ou d’un Oktobierfest, je vous l’accorde. Mais le pleinairiste de base, qui est en forte progression partout sur la planète, a besoin qu’on s’occupe de lui. Premièrement parce que c’est une clientèle de qualité, au niveau socioéconomique le plus élevé, et qui recherche une expérience de plein air globale et cohérente. Ce que nous ne sommes pas capables pour l’instant de lui offrir, par manque de vision et par manque de volonté de cohésion, pas seulement de la part de nos élus, mais des parties prenantes que sont les citoyens, les grands propriétaires terriens ou encore les promoteurs.

Je trouve ça hot que ces gens qui se sont relevés les manches pour entretenir et développer un réseau de sentiers, aujourd’hui, se mobilisent pour sauvegarder cet acquis qui est un leg important pas seulement pour eux, mais pour ceux qui viennent nous visiter et pour ceux qui nous succéderont.

Burke a compris qu’en misant sur leur communauté, sur leur particularité, ils ont non seulement séduit leurs propres citoyens, mais ont su nous séduire nous, les voisins du nord, les Quebecers!

Et ce que je trouve triste chaque fois que j’y vais, c’est de faire le même constat : on est pareils, on a les mêmes ressources, mais ce qui nous sépare, c’est non seulement la fierté (le patriotisme), mais surtout la vision et la volonté de l’accomplir. Amen!

Y’a un effet magique de se retrouver tous ensemble, là, dans le bois. À se bâtir nos souvenirs, à se raconter nos exploits, à partager nos expériences, voir tes ados et tes amis sourire, c’est pas ce qu’on appelle vivre un moment de bonheur?

Et ce qui se passe sous notre nez à Sainte-Anne-des-Lacs, il faut juste l’encourager et que ça devienne contagieux. Parce qu’on a tout pour être beau et être heureux chez nous!

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