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Le poids des apparences

Par Josée Pilotte

Vous avez tous vu passer quelque part sur les réseaux sociaux et même à la télé ou dans les magazines féminins, la publicité de Dove qui fait l’éloge de la femme «unique» et «singulière», loin des clichés d’une beauté «photoshopée».

Dove ose donc présenter des vraies femmes de la vraie vie qui nous ressemblent dévoilant ainsi au grand jour leur courbes pulpeuses mettant par le fait même la hache dans les stéréotypes féminins, qui étaient le fameux 36-24-36. Un corps de Barbie quoi, avec des gros seins! Bonjour la pression auprès des petites filles.

Enfin une marque qui nous propose une vision différente de la beauté. Quelle audace quand même. On comprend pourquoi cette publicité a été virale sur les réseaux sociaux. Vive les rondes!

J’ai vu par la suite passer sur Facebook une photo d’une jeune fille pulpeuse, jolie comme tout et qui vraisemblablement était très bien dans sa peau. Jusque-là tout va bien. Mais. À côté de cette photo d’adolescente se trouvait une autre adolescente toute aussi mignonne mais dans un corps filiforme. Certains la traiteraient de maigrichonne. Les questions posées: «Laquelle préférez-vous?» «Laquelle à l’air le plus en santé?»

Et le plus fou dans tout ça, c’est que les gens ont répondu. Mais sur quelle planète vit-on, pour se permettre ainsi de juger telle ou telle personne sur son apparence physique?

Commentaires blessants, discriminants, fusant aussi bien de la part des hommes que des femmes. Bref, les gens s’en sont donnés à cœur joie. Y’en a pas de problème, vive la liberté d’expression!

Et bien, qui selon vous a eu le plus de votes? La grosse ou la maigre? Parce que c’est bien de ça dont on parle, non? Casser les stéréotypes de la beauté féminine, avec d’autres stéréotypes: bravo la subtilité! Avant on stigmatisait les grosses. Aujourd’hui, on valorise les grosses au détriment des maigres. Cherchez l’erreur. En voulant véhiculer un message d’acceptation de son image et de dire d’être bien dans sa peau, on grafigne au passage encore la femme.

Voulez-vous que je vous en raconte une bonne? La fille d’une amie a vu cette page Facebook, probablement comme des milliers d’autres jeunes filles. Elle a demandé à sa mère: «Maman, suis-je trop maigre? Est-ce vrai que les hommes préfèrent les filles plus rondes?» Et sa mère de répondre: «Mais de quoi tu parles? T’es juste bien comme t’es! C’est quoi cette folie?»

Cette anecdote témoigne de la puissance des images des femmes qui sont véhiculées par les femmes elles-mêmes, par les réseaux sociaux, par l’industrie, qui malheureusement représentent l’opinion publique. On pense qu’on évolue avec des pubs comme celles de Dove, et qu’on s’accepte telle qu’on est, mais force est de constater que la réalité est toute autre: des grosses qui voudraient maigrir, des maigres qui se trouvent trop maigres, des vieilles de 75 ans qui veulent en paraître 50, et ainsi de suite. Mais dites-moi, quand est-ce qu’on va s’accepter telle que l’on est?

De tout temps, les femmes, qu’elles soient pulpeuses, petites, grandes, maigres ont toujours eu un rapport insidieux avec l’image que renvoyait leur miroir. Nous sommes génétiquement constituées pour «être les plus belles», et par la bande, se trouver un paquet de défauts, que voulez-vous. On n’est jamais contente de notre corps. Nos fesses, nos cuisses sont toujours trop grosses. C’est plate de même!

Nous vivons dans une société qui valorise la perfection, nourrissant par le fait même le sentiment d’insatisfaction. Et c’est en nourrissant cette insatisfaction qu’on perpétue ce déséquilibre. Ça va nous prendre plus que des pubs de Dove pour qu’on accepte nos différences et qu’on arrête de se comparer entre nous et se discréditer publiquement comme de vulgaires objets.

Et si au lieu de faire campagne sur l’apparence des femmes, nous focussions sur le bonheur d’être? Si on apprenait à nos jeunes à être heureux? Simplement.

Le cancer fait de plus en en plus de ravage autour de nous. Je suis profondément attristée par la perte récente de mon coiffeur, mon ami de plus de 20 ans, Daniel Wingfield.

Tu as traversé la maladie comme ta vie : avec force et courage, avec prestance et panache. Homme de conviction, homme d’idées et d’opinions, je me souviendrai longtemps de nos discussions animées!

Je me souviendrai aussi d’un homme qui a su transcender les tabous parce que tu as su rester authentique, en respect à tes valeurs profondes. Tu étais un homme, un père, un amoureux et surtout un ami.

Je voudrais souhaiter mes plus sincères condoléances à son conjoint Guillaume, sa fille Pénélope ainsi qu’à toute sa famille.

Tu vas me manquer Daniel.

Que la puissance de l’amour règne sur nous tous.

Repose en paix mon ami. Love.

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