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Un exemple remarquable au sein des Forces armées canadiennes !

Par Martine Laval

Brigadière-générale Josée Robidoux

Pionnière en son domaine, la Brigadière-générale Josée Robidoux occupe le plus haut poste qu’ait occupé une femme au sein des Forces armées canadiennes. Reçue à l’Ordre du mérite militaire en tant qu’officier en décembre 2017, elle fut nommée, en novembre 2015, l’une des 100 Canadiennes les plus influentes de l’année par le Réseau des femmes exécutives.

La Brigadière-générale Josée Robidoux avec un de ses collègues, le colonel (retraité) Jim Goodman, lors de son déploiement en Afghanistan.

Désormais une habituée des « premières » après être devenue, en juin 2015, la première femme commandant du 35e Groupe-brigade du Canada ainsi que la première femme à commander un groupe-brigade de la province de Québec, elle est devenue la première femme de la Réserve de l’Armée canadienne à être promue au grade de brigadière-générale, occupant dorénavant le poste de commandant adjoint de la 2e Division du Canada et de la Force opérationnelle interarmées.

Qu’est-ce que ça demande de votre caractère, de votre personnalité, aujourd’hui, pour être en ce poste élevé d’autorité dans ce monde d’hommes?

Ça prend de la détermination, de la persévérance, de la confiance en soi. Dixième officier général dans les Forces canadiennes sur un total d’environ 120, j’ai réalisé que je faisais encore partie d’une minorité, et donc régulièrement confrontée à être la seule femme dans une réunion de niveau stratégique composée d’hommes. Ne pas me laisser intimider, avoir confiance en mes compétences, mes expériences, mes habiletés, je mérite d’être au même niveau que tous ceux autour de la table. Ayant acquis cette position, j’ai donc plein droit de m’exprimer. Pas toujours facile, mais c’est ce qui me pousse à m’affirmer continuellement.

Comment est perçu ce poste d’autorité tenu par une femme au sein de ce monde masculin?

Je pense qu’aujourd’hui, c’est très bien accepté par l’ensemble des gens dans les Forces canadiennes. On a fait beaucoup de chemin sur ce plan. Depuis mon premier poste de commandement en 2005, les trois unités qui se rapportaient à moi ne m’ont jamais donné sentiment que mon autorité n’était pas acceptée parce que j’étais une femme.

Il faut comprendre qu’au sein des Forces canadiennes, lorsque le ministre et le Chef d’État-Major de la Défense décident d’une personne pour prendre le commandement, c’est le leadership des Forces qui annonce à ses membres que c’est la personne en poste d’autorité. Ne pas respecter cette autorité, c’est ne pas respecter l’autorité du Chef d’État-Major de la Défense. Mon autorité est donc acceptée d’emblée, cependant l’autorité et le respect, ça se gagne. Il y a une différence entre l’exécution pure et simple, et créer le désir chez nos subalternes d’exécuter nos directives ou nos ordres. C’est là que l’atmosphère de travail devient différente. Mon objectif, dans tous les postes que j’ai occupés, a toujours été de faire en sorte que mon leadership soit inspirant afin que les gens veuillent travailler pour moi et avec moi pour atteindre nos objectifs.

La Brigadière-générale Josée Robidoux lors de l’exercice de concentration de milice en 2015, exercice que la Brigadière- générale commandait et qui regroupait environ 1000 réservistes.


 

Dans la foulée du mouvement Moi Aussi, comment ça se passe aujourd’hui dans votre organisation? Des actions ont-elles été prises?

Avant même que l’article (« Crimes sexuels : le cancer qui ronge l’armée canadienne ») soit publié dans l’Actualité (avril 2014) concernant les cas d’agressions sexuelles dans les Forces armées canadiennes et le manque de réaction et de prévention, le Chef d’État-Major de la Défense, le général Lawson, avait déjà ordonné en janvier l’enquête externe qui fut conduite par l’ex-juge à la retraite Marie Deschamps.

Le rapport de Mme Deschamps fut publié, et les onze recommandations furent acceptées par les Forces et le département pour corriger la situation et mettre en place des mesures de prévention : soutenir nos victimes; ne pas laisser tomber les personnes accusées de harcèlement ou d’agressions avant qu’il y ait une preuve de culpabilité, en quel cas des actions sévères sont prises; mise en place d’un centre d’aide aux victimes où appeler 24 heures/24, 7 jours/7, avec des conseillers qualifiés en cas de crise pour leur répondre; programme d’instruction et d’entraînement dans tous nos cours de recrues en début de carrière sur la question de prévention et d’action à prendre sur la chaîne de commandement; et devoir d’agir et d’intervenir obligatoirement pour tout témoin de comportement non approprié.

Tous les cours des Forces armées canadiennes comportent désormais ces éléments, ainsi que des formations annuelles données au sein de toutes les unités. Le Chef d’État-Major de la Défense a de plus été très clair sur le fait que ce genre de comportement n’est pas approprié, n’est pas acceptable et ne sera pas toléré!

Depuis la mise en place d’Opération honneur, titre de l’effort pour éliminer les comportements inappropriés, on a observé une augmentation du nombre d’incidents rapportés, démontrant qu’on a gagné la confiance des personnes à rapporter la situation. Confiance que l’on prendra action, que les situations seront corrigées, qu’il n’y aura pas de répercussions pour les personnes qui porteront plainte, ce qui nous donne espoir de voir augmenter le nombre de femmes appliquant pour joindre les Forces armées canadiennes.

Un petit mot de la fin pour clore la conversation, Générale Robidoux?

On passe tellement de temps au travail que c’est important d’exercer un métier pour lequel on a une passion, et que si on a une sphère d’intérêt qui nous tient à cœur, persévérance, confiance en soi et détermination sont les clés du succès.

 

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