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Moustafa en costume de moine

Par Journal Accès

Sous la patte d’O’Malley par Christian Genest

J’aurais aussi pu intituler cette chronique New-York partie 2!

Je n’en reviens toujours pas de m’être fait prendre comme un lapin de six semaines. Et plus j’y pense, plus cette arnaque à la New-Yorkaise pourrait être vachement rentable, si elle ne tombait pas dans la démesure.

Je vous laisse évaluer mon taux de naïveté …

D’un pas probablement «touristo» sans l’admettre, je marche sur la 48e et je balaie d’un regard insouciant un personnage ressemblant à un moine. Je suis à la fois curieux et attendri par tout ce qui entoure le bouddhisme, je l’avoue d’emblée. À travers ce capharnaüm post-Times-Square, s’établit un contact oeil à oeil soutenu avec celui qui représente le stéréotype parfait du moine bouddhiste: porte le costume Bhikshu et affiche le crâne rasé. Cet être a le regard sympathique et doux, se déplace de manière dandy et affiche un sourire qui rivaliserait avec l’ourson du célèbre pot de beurre de pinottes.

Une mise en scène parfaite de savoir-être …

Nos pas semblent converger l’un vers l’autre alors que Moustafa me tend à distance un papier, une médaille, un proverbe? D’un regard sage et enjôleur, il me confie une amulette en saisissant ma main d’un contact plutôt délicat. Je comprends qu’en échange de celle-ci, il s’attend à ce que je fasse un don au Temple associé à sa pratique, pratique assez classique quoi !

C’est alors qu’il dégaine un petit bloc note, restant muet, il me pointe les 3 colonnes clairement sous-titrées: name, wish, donation. Sans trop regarder ce qui remplit les lignes du haut, j’y gribouille mon nom, y inscris ensuite «faith» en toute âme et conscience… Probablement trop… arrrrg.

D’un geste sûr et bien planifié, Moustafa me glisse au poignet un bracelet de type «pur noisetier» en esquissant un sourire frisant maintenant l’hypocrisie (à présent que j’y pense), alors que je consens à verser 2$ aux bonnes oeuvres. À l’instant même, le costumé se met à gesticuler et user de mimes démontrant clairement que mon don est ridicule et pointe vers les pseudos-donateurs précédents où sont marqués successivement 60, 80 et 75 $.

En théorie, je sais qu’il existe un équilibre précaire entre la diffusion de la doctrine bouddhiste et les subventions des fidèles pour parvenir aux besoins matériels des professionnels de la méditation et de l’enseignement de celle-ci. Je suppose du même coup que cette amulette inoffensive devrait sécuriser mon voeu et le gardant vivant en mon coeur et conscience ou plutôt au centre de mon portefeuille!!!

Tout en m’esclaffant sans retenue, je sors ma carte de crédit en tentative de barrage grossier à cette mise-en-scène bien orchestrée! Vous n’en croirez pas vos yeux: Mustafa reprend son sérieux, replace son sourire presque béat, comme s’il replaçait son chapeau sans toufefois émettre un son et mime le signe international du pouce et de l’index désignant «cash only»!

Ah merde… «Débarrasse Moustafa» … L’arnaque en 3 temps, je n’en reviens pas.

Et la finale sucrée arriva alors que l’acteur-arnaqueur réapparut d’un pas décidé après quelques minutes afin de reprendre son «pur noisetier»! Ça m’apprendra à être fana-de-bouddhisme.

Namaste !

Shukubo

Vous en avez envie pour vrai?

Un incontournable en visite au Japon est d’expérimenter une nuit dans un temple bouddhiste.

Nul besoin d’être pratiquant pour vivre l’expérience, mais plutôt connaître les coutumes de cette micro-société. En voici quelques-unes:

Un temple cultive rigoureusement le calme et entraîne les fidèles à méditer – il vous faudra avoir envie de pratiquer ce sport spirituel de haute précision.

Les moines sont des gens archi-méga-méthodiques, vous devrez respecter l’horaire à la seconde près: cérémonie de «chanting» dès 6 heures du mat, onsen et purification à 7 h, petit-déjeuner – délicieux d’ailleurs – à 8 h… et ainsi de suite.</p>

Ne vous sentez pas obligé à tout faire, vous pouvez sauter une activité afin de rencontrer un moine qui vous guidera dans votre quête personnelle. Et pourquoi pas tout simplement rêver de foutre le bordel dans le jardin zen?

Ne vous attendez pas au Ritz, vous serez confiné à une chambrette style Minshuku, c’est-à-dire un futon gisant sur le tatami. Surtout, laissez vos patins (pantoufles nippones) bien ordonnés à l’extérieur de celle-ci, pour ne pas endommager la paille – vous avez bien lu – prévoyez vos anti-allergènes!

Une solide coche au-dessus du yoga, un repli sur soi qui défrise, angoisse, re-centre, détend … Choisissez ou encore embrassez toutes ces émotions mais surtout ne les combattez pas.

Gasshö

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