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Demain matin, les Laurentides l’attendent!

Par Martine Laval

Michel Tremblay discute de la pièce Demain matin Montréal m’attend.

Michel Tremblay

Au bord de sa piscine, au milieu des orchidées de son petit paradis de Key West, Michel Tremblay m’accorde cette entrevue téléphonique au cours de laquelle nous discutons de Demain matin Montréal m’attend, une pièce écrite en 1970 qui sera jouée au théâtre Gilles-Vigneault les 11 et 12 avril et au théâtre Lionel-Groulx les 28 et 29 avril.

Quelle fut l’inspiration de cette pièce écrite en 1970 ?

C’était une commande pour le Jardin des étoiles de l’Expo 67, un cabaret où l’on présentait des spectacles de variétés. J’ai donc inventé cette histoire de petite fille qui se sauve de la maison pour rejoindre sa sœur aînée en ville, soi-disant vedette de petit cabaret. C’était la première mouture d’un spectacle gratuit de 50 minutes qu’on jouait deux fois par soir devant 1500 personnes par représentation. 3000 spectateurs chaque soir!

Deux ans plus tard, en 1972, mon agent John Goodwin nous a demandé d’allonger le scénario pour en faire une vraie comédie musicale pour le théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. C’est depuis le Demain matin Montréal m’attend qu’on connaît.

René-Richard Cyr a monté plusieurs de vos pièces. Est-ce de la connivence entre vous, un grand amoureux de votre œuvre, ou votre metteur en scène préféré?

René-Richard et moi avons une espèce de lien de parenté entre nous. On a eu une enfance semblable, on est nés à peu près dans le même milieu, et je pense que très jeune, il s’est identifié à ce que j’écrivais. Il monte mes pièces depuis 32 ans! On aime travailler ensemble.

Avez-vous votre mot à dire dans les nouvelles productions que l’on fait de vos œuvres?

Je donne carte blanche, car il faut penser qu’une pièce de théâtre ne prend vie que lorsqu’elle se rend sur scène. Mise en scène, décors, costumes, éclairages, choix des acteurs et des techniciens deviennent alors la création d’autrui. J’ai appris très tôt d’ailleurs à abandonner mes textes.

Demain matin Montréal m’attend a été associée au 375e de Montréal, au 50e de l’Expo et a vos 75 ans! Est-ce la consécration de la pièce?

Lorsque René-Richard m’a annoncé que le Théâtre du Nouveau Monde et les Francofolies voulaient monter la pièce, j’ai d’abord refusé. Je trouvais que les chansons de la comédie musicale étaient supérieures au texte, qu’il y avait des vieilles jokes des années 70, et que la pièce était figée dans son époque avec des citations très spécifiques. René-Richard m’a alors demandé la permission de relire le texte et de faire un nettoyage.

Quand il m’a envoyé le texte retravaillé, je l’ai trouvé très drôle. Sans rien inventer, rien retirer, juste nettoyer et remplacer des chansons, ça donnait un texte plus solide. J’ai donc donné mon accord et c’est devenu un spectacle absolument stupéfiant avec une mise en scène incroyable et des actrices et acteurs fabuleux. C’est très bouleversant pour une comédie musicale! À la fin y’a trois ou quatre chansons qui vont droit au cœur !

***

Primeur et plan déjoué

À l’approche de l’ouragan Irma qui fonçait tout droit vers les Keys en septembre dernier, Michel Tremblay avait fait le deuil de ce lieu cher à son cœur qui lui avait inspiré tant de manuscrits au fil des décennies. Parallèlement, n’ayant rien de particulier à raconter, il avait également décidé de prendre une année sabbatique d’écriture. Et puis voilà que non seulement Irma a dévié sa route et épargné son petit coin de paradis, mais voilà que le prolifique écrivain s’est mis à l’écriture d’un nouveau livre.

« Vous êtes la première à qui j’en parle! J’ai toujours clamé, depuis 50 ans, que le jour où je n’aurais rien à dire, j’aurais l’intelligence de me taire. Ne trouvant rien à raconter, j’avais donc décidé que cette année serait sans mots. J’étais bien le seul à me croire, car je suis à l’écriture de Flashs : une autobiographie en mille morceaux, comme si on avait cassé un miroir dont on ramasse chaque éclat pour le décrire. Des petits flashs de deux, trois pages où je pige de façon éparse des souvenirs de ma vie, plutôt qu’une biographie chronologique. Je souhaite que ce petit livre – parce qu’il sera tout petit – saura tout de même faire le portrait de « cette personne » de qui l’on parle…

(Comment peut-on parler de petit livre lorsqu’on parle de Michel Tremblay, me dis-je…)

Demain matin Montréal m’attend

Théâtre Gilles-Vigneault, 11 et 12 avril
www.theatregillesvigneault.com    450 432-0660

Théâtre Lionel-Groulx, 28 et 29 avril
www.odyscene.com    450 434-4006

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1 Comment

  1. François Dompierre

    Il est surprenant que Michel Tremblay et/où la journaliste ne mentionne pas la part très importante du compositeur François Dompierre dans la création de sa « pièce » en comédie musicale. Une comédie musicale est un assemblage à part égale du texte et de la musique. Sans l’un ou l’autre, la « comédie musicale » n’existe pas.

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