|

L’intestin : une étroite relation avec le cerveau

Par Journal Accès

Dominique Cloutier, N.D.A

Des chercheurs ont mis en évidence la forte relation qui existe entre notre cerveau et notre intestin. Le plus intéressant : cette relation est à double sens. L’anxiété peut ainsi affecter notre système intestinal; à l’inverse, celui-ci peut avoir des répercussions sur notre humeur.

L’étroite relation entre le cerveau et l’intestin

Vous avez déjà eu la « boule au ventre » avant de prendre la parole ? Vous avez alors fait l’expérience de l’étroite relation qui existe entre notre cerveau et l’intestin. Celui-ci est doté de ce que l’on appelle « le système nerveux entérique », appelé « second cerveau ». Les chercheurs ont découvert qu’il dépendait de la plupart des mêmes molécules de signalisation (neurotransmetteurs) que notre cerveau. Cela signifie donc que nos deux « cerveaux » sont en communication constante. En d’autres termes, votre tête et votre ventre sont intimement liés. Si vous êtes stressé, vous pouvez avoir mal à l’estomac. À l’inverse, si vous avez une infection intestinale, vous pouvez développer une certaine anxiété, voire une forme de dépression.

L’intestin est notre deuxième cerveau. Expliquez.

L’intestin est un organe extrêmement précieux et complexe qui contient des millions de neurones. Comme le cerveau, le tube digestif dispose de neurones connectés entre eux qui émettent des signaux lui permettant de se contracter et de participer à la digestion. Il y a un vrai dialogue entre l’intestin et le cerveau.
Vous savez, lorsqu’on est stressé avant un examen ou une conférence, on a mal au ventre, on ne se sent pas bien. Le stress va faire en sorte que des signaux du cerveau vont être envoyés à l’intestin qui va se contracter davantage, provoquera des spasmes et le transit sera accéléré. On a l’impression que notre ventre parle, ce n’est pas une vue de l’esprit, ce n’est pas psychosomatique, il y a des connexions qui se font entre le cerveau, les émotions et l’anxiété et qui vont avoir un lien direct avec l’intestin, et ça va dans les deux sens. C’est ça la grande nouveauté.

La nouveauté, c’est donc que l’intestin envoie aussi des signaux au cerveau?

Exactement. Là où ça va plus loin, c’est que les nombreuses bactéries que contient l’intestin peuvent envoyer des signaux qui partent de l’intestin vers le cerveau. Tout d’un coup, on réfléchit au fait que certaines maladies qui n’étaient pas vues comme étant des maladies intestinales pourraient, en partie, prendre leur source depuis l’intestin. On peut utiliser des traitements intestinaux pour soigner d’autres maladies, voire des médicaments pour des maladies neurologiques pour l’intestin.
La digestion n’est pas la seule fonction de l’intestin. Il contient plus de 100 millions de neurones et sécrète au moins 20 neurotransmetteurs identiques à ceux que l’on trouve dans le cerveau et il produit 85 % des cellules immunitaires de l’organisme, tout en hébergeant environ 100 milliards de bactéries.
Structurellement et fonctionnellement, le système nerveux intestinal (ou système nerveux entérique) et le cerveau se ressemblent.
Dans les sept mètres et plus d’intestin repose un ensemble complexe de microcircuits dirigés par plus de neurotransmetteurs et de neuromodulateurs que l’on en trouve dans le système nerveux périphérique. Cela permet au système nerveux intestinal de réaliser bon nombre de ses tâches en dehors du contrôle du système nerveux central.
Le rôle de l’intestin ne se limite donc pas à la digestion des aliments, mais s’étend notamment à la protection de l’organisme. Véritable frontière entre le milieu extérieur et l’organisme proprement dit, l’intestin assure ainsi une protection efficace contre les bactéries, virus, toxiques et allergènes présents dans la lumière intestinale.

Une interaction complexe

La connexion cerveau/intestin à travers le nerf vague crée une relation complexe entre les deux systèmes nerveux. Un nerf vague activé envoie un courant permanent de messages entre le cerveau et l’intestin, le nombre de messages allant du cerveau à l’intestin surpassant ceux allant de l’intestin au cerveau. Par exemple, le système nerveux de l’intestin informe le cerveau du danger d’un aliment infecté en provoquant nausées ou douleurs abdominales. À travers le nerf vague, le système nerveux intestinal joue un rôle majeur dans la protection de l’organisme contre les menaces extérieures.
Dans des circonstances normales, le système nerveux intestinal transporte les aliments à travers le système gastro-intestinal de manière organisée. Mais s’il reçoit un signal de détresse du cerveau, il réagit de manière différente.
La réponse varie selon l’individu. Le système nerveux intestinal peut arrêter le système digestif ou le vider par excrétion ou vomissement.
Lorsque l’intestin reçoit du cerveau un signal de danger, il aide à protéger l’organisme en déclenchant le système immunitaire.

En conclusion

Si la recherche sur les multiples rôles du système nerveux intestinal, le second cerveau de l’Homme, a beaucoup avancé depuis sa découverte dans les années 60, de très nombreux travaux restent encore à faire.
Leurs résultats devraient déboucher sur de nombreuses applications cliniques et, notamment, faciliter le diagnostic et le traitement de maladies actuellement rassemblées sous le terme générique de maladies fonctionnelles de l’intestin. Mais en attendant, une chose reste certaine : la santé de l’intestin est très importante et il faut donc lui apporter les aliments et nutriments indispensables à son bon fonctionnement.
Des suppléments nutritionnels et, en particulier, les probiotiques, les fibres, les enzymes digestives, mais aussi des acides gras essentiels oméga-3 et des antioxydants peuvent participer efficacement à sa protection.
 

Coup de coeur

Les probiotiques sont des micro-organismes présents dans la flore intestinale. Il s’agit de « bonnes bactéries » responsables de piloter la production de cellules immunitaires, qui vont naviguer dans tout le corps, notamment jusqu’au système respiratoire. Les probiotiques luttent également contre l’augmentation des bactéries pathogènes (qui peuvent provoquer des maladies) et préviennent les infections virales. Les probiotiques aident également à la digestion de certains aliments.

NOUVELLES SUGGÉRÉES

0 Comments

Submit a Comment

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *