Glamping bien malgré moi

Par Journal Accès

Sous la patte d’Omalley Par CHRISTIAN GENEST

J’avais planifié quelques jours de désintoxication mentale dès mon arrivée à Lisbonne, afin de décanter les dernières semaines de boulot plutôt corsées.

Comme si je m’étais changé en machine à solutions, d’ailleurs, prenez un billet, comme à la boucherie parce que ça chauffait!

Lecture, dodo, jogging, gin-tonic et piscine seraient mes préoccupations de premier ordre. Mon choix s’était arrêté sur un hôtel-éco nouveau genre établi côté champ, à environ une heure de route de l’aéroport.

Arrivé sur place, je garai l’affreuse Volkswagen Up entre une rangée de choux kale et une autre de vinho verde, marchai tout près de la piscine à débordement en apercevant au fond du terrain une serre d’herbes et de légumes.

Roulai ma valise sur une promenade en bois recyclé surplombant une véritable mare aux grenouilles… vraiment tout plein de grenouilles… jusqu’à la chambre 12. Une jolie habitation de béton avec un toit vert, au design industriel stylé, munie d’un immense bain avec vue sur une terrasse gazonnée. En y ouvrant la porte, je découvris le mobilier artisanal en bois recyclé, une coupole et tout le nécessaire pour jouer au scout afin de contempler le ciel étoilé.

Vous pigez? Un lieu exceptionnel! Y’avait même une doudou pour les soirées fraîches à la portugaise.

J’assumais le désert gastronomique qui bordait le lodge, sans toutefois m’en préoccuper outre mesure étant donné que le site vantait allègrement les prouesses de son chef jardinier. Surtout que je n’avais pas l’intention de jouer au guide touristique durant ces journées de décantation.

SUPERCHERIE!

Le chef en question doit avoir pêché son diplôme dans une boîte de Cracker Jack parce qu’il ne sait même pas monter un sandwich, alors je n’ose pas vous décrire le risotto aux tomates et poisson frais.

YEURK!

Avez-vous déjà rencontré l’archétype parfait? LA personne qui vous fait craquer physiquement en tous points… mais sans substance.

Pouet, pouet!

C’est tout à fait ça : le turn off total. La déception suprême. C’est exactement ce que je ressentais. Nous avons d’abord osé, c’est le cas de le dire, quelques adresses catastrophiques en périphérie.

Sardines frites, sardines marinées, sardines grillées entières, sardines saumurées, sardines tomatées… Ma gorge sensible doit manquer cruellement d’expérience sur la digestion des arêtes, peau, œil et compagnie; je n’y arrive tout simplement pas. Je me suis donc dirigé vers l’épicerie malodorante du bled. C’est que les piles de Bacalhau à l’air libre émanent un parfum envahissant et répulsif, au point où votre linge en est imprégné.

Poulet en crapaudine, olives, pinard du Douro et papier d’aluminium. Exactement ce que vous imaginez.

J’ai habillé la volaille dans l’alu et lui ai chauffé les fesses au coucher du soleil, sur la terrasse du resort un peu nez en l’air.

Moi qui ai horreur du camping et assume pleinement mon côté poule de luxe, sans vouloir faire de jeu de mots trop facile, j’ai probablement expérimenté à fond ce qu’on appelle le glamping en proposant à ma copine un pique-nique dont j’allais être le héros.

Drôle hein? Mais à petites doses! J’avoue m’être fait surprendre par ce moment qui collera à mon disque dur des années à venir.

Glamping à Obidos; poulet boucané, ciel étoilé et sonate de criquets.

Comme quoi ces situations inattendues et loufoques, où l’on s’abandonne, forgent des moments de grâce.

Pour moi manger est un bonheur au quotidien, pas seulement en vacances.

Après tout, ce que l’on mange nous définit un brin, right?

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