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Deux de pique

Par stephane-desjardins

21

Le cinéma américain multiplie les films cools qui se déroulent à Las Vegas. La capitale du péché, de la démesure et du mauvais goût est devenue celle de la branchitude cinématographique. En témoigne le dernier film en date à se dérouler sur la strip: 21, de Robert Luketic, inspiré d’une histoire vraie rapportée par un journaliste du magazine Wire.

Mais, contrairement à bien du monde, et surtout à un groupe de plus en plus important de jeunes filles trippant sur le comédien principal (Jim Sturgess), je n’ai absolument pas été impressionné par ce film convenu et prévisible. Certes, le contraste frappant entre une Boston hivernale où on se les gèle dans un quotidien drabe et le clinquant d’un Vegas mythifié, est magnifié par ce récit qui mise pleinement sur ce genre de dissimilitude. Car le film illustre la différence entre une vie rangée et sans envergure que les étudiants mènent à Boston, durant la semaine, et celle de rockstar qu’ils connaissent durant plusieurs fins de semaines à écumer les casinos de Las Vegas. Les jeunes vivent sans le sou, se déplacent à vélo et en autobus, et endurent la température et les sautes d’humeur de leurs profs et camarades de classe lorsqu’ils sont sur la côte Est. La fin de semaine, incognito, ils deviennent de riches héritiers, de jeunes cyberentrepreneurs, des artistes désabusés, traités en pachas par le personnel obséquieux des casinos. Ils multiplient leurs exploits aux tables de black jack et finissent la soirée à écumer partys branchés et boutiques de luxe. Sans oublier l’alcool et le sexe. Évidemment. Un tel contraste entre deux styles de vie antinomique ne peut qu’affecter n’importe quel (jeune) cerveau. C’est ici que le film excelle. Notamment au niveau de l’introduction et de l’épilogue, assez habiles. Pour le reste, c’est la recette habituellement pratiquée à Hollywood: le jeu de chat et de souris entre le bon et le méchant, le triomphe ultime du bon après avoir traversé les pires épreuves, les retournements de situation-surprise, cousus de fil blanc, les révélations faites au spectateur vers la fin du film… On a vu ça cent fois au cinéma. Je me dis toujours que certaines personnes se font encore piéger par ces procédés narratifs usés à la corde. Mais, bon, les naïfs sont légion. D’autant plus que le film comporte la petite histoire d’amour habituelle, entre la jeune héroïne qui joue le rôle de faire-valoir sexy (Kate Bosworth) qui n’apporte strictement rien au film, hormis les traditionnelles scènes de baiser sur la bouche et autres prises de vues en robe courte ou en costume de bain. 21 a aussi la faiblesse de sa force: le néophyte aux cartes aura de la misère à suivre les stratagèmes déployés par les jeunes joueurs. Mais comme le film emprunte aux techniques des vidéoclips, ces moments plutôt ordinaires passent assez rapidement. Et le film s’ouvre sur le personnage principal, Ben Campbell (Sturgess), dont le rêve est de faire sa médecine à Harvard. Campbell est ce fils que n’importe quelle mère rêverait d’avoir: il a tout sacrifié pour ses études de médecine, il ne boit pas, ne fume pas, il a de bonnes manières, il aime sa maman, il ne fugue pas, etc. Ce gars est aussi très humble. Et, finalement, attachant. Il est à ce point honnête et effacé qu’il ne veut absolument pas se brouiller avec ses meilleurs amis. Impossible de lui trouver un défaut. Le comédien rend d’ailleurs très bien ce personnage, habilement dessiné par le scénario. Mais ce dernier a un défaut et une qualité: il manque d’argent mais a le génie des nombres. Il doit donc trouver les 300 000$ qui financeront Harvard. Et il se fera remarquer par un des professeurs (Kevin Spacey), un ex-joueur professionnel banni à vie des casinos, qui l’embrigadera dans son «équipe» de jeunes joueurs, sachant compter les cartes. L’équipe performe donc aux tables de black jack, et M. le prof empoche 15% des gains. De l’argent facile, sans danger… Mais c’est sans compter le monsieur désabusé chargé de traquer les arnaqueurs (Laurence Fishburne).

Bon, j’arrête ici. À vous de choisir: un no-brainer avec quelques belles scènes d’hélicoptères et autres moments agréables pour agrémenter votre soirée, ou Harold et Kumar, une sous-merde scatologique juste bonne pour les 8 ans d’âge mental.

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