|

Lord Durham répond à madame Pauline Marois

Par guy-marceau

Madame Marois ayant exprimé l’opinion que les cours d’histoire et de géographie du Québec devraient être enseignés en anglais afin que les finissants du cours secondaire soient bilingues, nous faisons appel à l’histoire pour qu’elle comprenne dans quel marécage elle s’enlise.

Lorsqu’en l’an 954 après Jésus Christ, les

Picts et les Scots conquirent la ville d’Edin­burgh, fondée par l’Anglo-Saxon Edwin de Northumbrie, les rois écossais, loin d’être les conquérants, virent leur victoire s’estomper par l’attrait de la civilisation anglo-saxonne.

Les conquérants celtiques devinrent à l’instar des Romains vainqueurs de la Grèce, prisonniers de son rayonnement intellectuel.

Les Écossais furent si impressionnés par

la civilisation anglo-saxonne, qu’ils firent d’Edinburgh leur capitale. Les hautes montagnes qui étaient leur pays d’origine devinrent alors plus étrangères, plus éloignées de leur identité propre, que le milieu anglo-saxon d’Edinburgh.

La perte d’identité devint si grande qu’il se produisit une substitution de la langue parlée par les Écossais, qui était le gaélique.
Ce que l’on qualifiait maintenant de langage écossais correspondait à la langue anglaise.

Le vaincu imposa sa langue au vainqueur par la seule force de sa culture. Au Bas-Canada (le Québec actuel), en 1837, soixante-dix-sept ans après la Conquête par les Anglais,les vaincus que sont les Français, se qualifient de Canadiens; ils ont découvert, colonisé et civilisé le pays nommé Canada; ils parlent français, sont toujours de religion catholique, régis par le code civil Napoléon et des lois criminelles anglaises. Ils ont artificiellement le contrôle de la Chambre d’Assemblée où ils sont majoritaires mais les décisions doivent être reconnues par le pouvoir exécutif aux mains d’une petite caste de marchands anglais.

Après les insurrections, devant cette culture de résistance à la domination anglaise, le pouvoir doit reprendre autorité politique et économique sur ces irréductibles gaulois… Il ne peut songer à une déportation à l’Acadienne car ils sont trop nombreux, il choisit alors une déportation intérieure.

Par l’intermédiaire de Lord Durham, l’identité qui doit prédominer sera anglaise avec l’aide d’un génocide intellectuel comme il en témoigne dans son fameux Rapport: «C’est pour les tirer de cette infériorité que je veux donner aux Canadiens notre caractère anglais. Je désire encore plus l’assimilation pour avantage des classes inférieures. Leur aisance commune se perd vite par suite du surpeuplement des réserves où ils sont enfermés. S’ils essaient d’améliorer leur condition en rayonnant aux alentours, ces gens se retrouveront nécessairement de plus en plus mêlés à une population anglaise; s’ils préfèrent demeurer sur place, la plupart devront servir d’hommes de peine aux industriels anglais. Dans l’un ou l’autre cas il semblerait que les Canadiens français sont destinés en quelque sorte à occuper une position inférieure et à dépendre des Anglais pour se procurer un emploi. La jalousie et la rancune ne peuvent que décupler leur pauvreté et leur dépendance; elles sépareraient la classe ouvrière des riches employeurs.

On ne peut guère concevoir de nationalité plus dépourvue de tout ce qui peut vivifier et élever un peuple que les descendants des Français dans le Bas-Canada du fait qu’ils ont gardé leur langue et leurs coutumes particulières. C’est un peuple sans histoire et sans littérature. En vérité, je serais étonné si, dans les circonstances les plus réfléchies des Cana­diens français entretenaient à présent l’espoir de conserver leur nationalité. Quelques efforts qu’ils fassent, il est évident que l’assimilation aux usages anglais a déjà commencé (…).

Le plan Durham était simple et dévastateur, réunir le Haut et le Bas-Canada, les Canadiens français deviendraient alors minoritaires démographiquement et auraient moins de représentants politiques, le Bas-Canada (sans dettes) paierait les dettes du Haut-Canada, l’équivalent de $1million de dollars contemporain, ainsi les Canadiens français fournissant le capital, permettaient la naissance économique de ce qui deviendra le Canada anglais en leur permettant de canaliser leurs voies commerciales. Cette fraude intellectuelle précipitera les Canadiens français dans un état d’infériorité économique sans fin alors que le Canada anglais nous méprisera toujours pour notre inhabilité à traiter des questions économiques…. Mais l’histoire continuait sa marche et les patriotes modérés avec l’aide des réformateurs canadiens anglais réussiront à reprendre une influence suffisante pour rééquilibrer les forces. Devant cette alliance inattendue le Canada anglais va tenter d’assassiner Louis-Hippolyte Lafontaine en le pendant dans son jardin, comme ils avaient tenté d’assassiner Papineau en 1837.

Mentionnons aussi l’incendie du parlement à Montréal en 1849, car les Canadiens français devenaient politiquement menaçants…

Mais peu à peu les idéaux patriotes s’immis­cèrent à l’intérieur du nouvel ordre politique,

il y a toujours un climat de confrontation,

mais des nouveaux venus, des «janissaires» appuyés par le pouvoir occulte de la culture de domination interviennent, cette fois avec une naissance ambiguë où la mère patrie fait place aux Pères de la Confédération. Mais qu’on ne s’y trompe pas les projets de déportation intérieure étaient toujours présents, tout comme les idéaux patriotes.

NOUVELLES SUGGÉRÉES

0 Comments

Submit a Comment

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *