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La motoneige n’a pas que des amis

Par nathalie-deraspe

Exclue du parc du Mont-Tremblant?

Le parc national du Mont Tremblant comptent beaucoup d’adeptes, mais les raisons de l’attachement des uns et des autres pour cet espace naturel diffèrent. Pour les Amis du parc, une chose est claire depuis longtemps. Les motoneigistes n’y ont pas leur place.

Créé en 1895 et protégé dès 1977 par une loi cadre visant à établir un réseau de parcs illustrant les 43 régions naturelles du Québec, le parc national du Mont-Tremblant est le plus vaste de toute la province. Les 1510 kilomètres carrés qui le composent, sont partagés de part et d’autres entre les territoires des Laurentides et de Lanaudière. Au fil du temps, 85 kilomètres de sentier ont été aménagés par les motoneigistes, et sont depuis tolérés par les gouvernements qui se sont succédés, enfreignant ainsi les lois sur les parcs, sur la faune, sur la conservation du patrimoine naturel, sur les terres du domaine de l’État et sur les véhicules hors routes. Sur les 22 parcs existants, rares sont ceux qui acceptent encore cet «intrus».
«Les motoneigistes ont toujours considéré qu’ils avaient un droit acquis», déplore la présidente des Amis du parc national du Mont-Tremblant, Simone Fabre. Chaque hiver, la vice-présidente du Conseil régional en environnement des Laurentides réitère les pressions afin que ceux-ci empruntent une voie de contournement. «Ça fait longtemps qu’on en parle, précise Mme Fabre. Le sentier est prévu, il est tracé sur papier même, mais il a du mal à se réaliser à cause des pressions.»

Pourtant en décembre, le gouvernement a une fois de plus manifesté son désir de mettre un terme à ces cas d’exception. Dans une missive adressée aux Amis du parc le 19 avril dernier, le ministère du Dévelop­pement durable, de l’environnement et des parcs affirme qu’il set «soucieux de mettre en place une solution durable au problème de circulation des motoneiges sur ce territoire naturel protégé» mais hiver après hiver, la situation perdure.
«Les pressions sont énormes, confie à nouveau Simone Fabre. Et même si le Conseil régional en environnement de Lanaudière est de tout cœur avec nous, le lobbying de l’industrie pèse lourd. On nous sert toujours l’argument des retombées économiques, mais je serais curieuse de connaître celles engendrées par le milieu du plein air, qui profite du parc durant trois saisons.» C’est d’autant plus choquant que les motoneigistes ne paient pas de droit d’accès au parc, sous prétexte qu’ils entretiennent le sentier», ajoute Mme Fabre. Le président démissionnaire de la Table de concertation sur la véhicules hors route, Charles Garnier, affirme pour sa part que les choses ne sont pas simples. «La bonne nouvelle en 2007, c’est que le gouvernement avait annoncé que les motoneiges ne passeraient plus dans le parc. Mais les aubergistes et les restaurateurs grognent.» Pour le préfet, la nuisance principale est le bruit causé par ces engins de plus en plus puissants. «Enlève le bruit et tu viens de rrégler le problème.»

Territoires témoins de grands écosystèmes, les parcs nationaux ont été créés et gérés selon les critères de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN). En raison de sa vaste étendue, le parc national du Mont-Tremblant, qui comprend 400 lacs et abrite 1922 espèces d’oiseaux, contribue grandement à la protection de la biodiversité biologique du Québec et constitue à lui seul à plus de 20 % de l’ensemble des aires protégées de la province. Dans son plan stratégique régional 2000-2005, le Conseil régional de développement voulait faire des Laurentides «la région de référence au Québec comme à l’étranger pour ce qui est de la qualité de vie de ses résidents» en se dotant entre autres, d’un «répertoire des sites d’intérêt écologique et patrimonial à protéger et mettre en valeur». Il est peut-être temps de passer de la parole aux gestes, estiment plus d’un.

Les quadistes se prononcent

Les commentaires retrouvés par des utilisateurs de quatre-roues sur un forum de discussion en ligne concernant la décision éventuelle d’interdire l’accès aux motoneiges dans rares parcs de la province qui les tolèrent sont sans équivoque. «Le gouvernement ne sait plus quoi faire pour se faire détester.» «Je pense que le gouvernement veut interdire les motoneiges et les VTT dans les parcs pour préserver les bancs de neige.» «Une bonne couche d’asphalte pis vive les bicycles à pédales qui font rouler l’économie avec leurs graines de sésame.»

Voir autre texte sur la motoneige en page 18 de cette édition-ci d’Accès.

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