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L’amour et la mort

Par Éric-Olivier Dallard

Vous inquiétez pas: je laisse de côté un moment l’ironie, le sarcasme et tout le bataclan clinquant de procédés stylistiques désobligeants.

Vous inquiétez pas non plus: ça ne durera que l’instant d’un paragraphe!

C’est que vous savez, vraiment, vous m’épatez. C’est sincère. Pas une semaine ne s’écoule sans que je ne reçoive de votre part, lectrices, lecteurs, un ou deux commentaires qui me laissent sans voix. Brillants. Incisifs. Intéressants. Plus que les miens. Mieux tournés. Mieux pensés. Plus réfléchis, nuancés… Vous êtes vraiment des gens formidables, de grands lecteurs. Vous savez penser. Tiens!, inspiré par Josée – euh… par son Espace griffé je veux dire! –, je vous ferai une place de choix dans cette chronique au cours des prochaines semaines…

Mais en attendant… retour au naturel et aux textes-parapluies que j’affectionne… Comme disait l’autre: on déploie le parapluie… et il pleut des cons.

J’suis snob! (air connu, bien entendu… on s’refait pas!)
Ça me fait sourire ce retour à l’iconographie punk, vidée de l’idéologie, dont on a seulement retenu les artifices et le commerce, que l’on voit depuis quelques années, d’Emily the Strange à Green Day, en passant par _nommer ici tous les groupes, surtout pré-pubères, aux musiques et aux propos un peu acérés que l’on a vus (et surtout entendus) passer depuis l’ère du grunge_.

Le punk est mort pendu, il se balance toujours au bout d’une corde, avec le chanteur de Joy Division.

Mais si vraiment vous tenez à en apercevoir, qui le squelette, qui le fantôme, soyez hérétiques et faites un tour du côté de l’album de Nina Simone «Remixed and Reimaginated» par des deejays de génie (2006, une pochette orange très Andy Warhol), plutôt que de celui de _nommer ici tous les groupes, surtout pré-pubères, aux musiques et aux propos un peu acérés que l’on a vus (et surtout entendus) passer depuis l’ère du grunge_. Y’a du punk, je vous l’assure, dans cette galette; cherchez.

Et l’on va encore me traiter de snob.

Car ma chronique d’il y a deux semaines sur Bon cop m’a valu, je ne m’en doutais pas, beaucoup de surprenants appuis, mais aussi, je m’en doutais, d’acrimonieux appels et correspondances. Petit snobinard narcissique et prétentieux, va! Bon Cop Bad Cop et Nez Rouge, c’est pas suffisamment bien pour toi? Tu boudes ton plaisir ou quoi? Au moins, ne viens pas gâcher celui des autres… Il te faut du Kubrick? Du Godbout ou du Godard? Du Allen, du Lynch, du Scorsese? David Fincher? T’as vraiment dû détester Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, toi…

Vraiment détester? Pas tout à fait. Pas compris l’engouement, une fois de plus, tout simplement. Un exemple de ce que j’ai vraiment détesté? Eh oui!, vous avez dans le mille: Elvis Gratton dernier du nom, par exemple.

Vous voulez que je vous dise c’est quoi la grande prétention, le véritable snobisme intégral? Ce sont ces réalisateurs radio et télé, très radio-canadiens, avec qui je causais l’autre jour et qui lâchent tous, les uns à la suite des autres, chacun en remettant sur le précédent, après que l’un d’eux eut parti le bal, que «franchement les critiques dithyrambiques sur Les invasions barbares sont très surfaites». Tu leur demandes: alors, pour vous, si ce n’est ce film, quel est le meilleur, surtout dans le propos, qui n’ait jamais été tourné au Québec?
– (…)

Vous voulez que je vous dise c’est quoi la grande prétention, le véritable «snobisme intégral»? Ce sont ces gens, du reste adorables, aux carrières florissantes et passionnantes, rencontrés lors d’un 5 à 7 mondain à Saint-Sauveur, qui t’invitent à venir «poursuivre la soirée chez eux», disons à Sainte-Adèle, où l’on discutera, très tard et très avinés, aide humanitaire, géopolitique humaniste, néoromantisme, postmodernité, philosophies libérales; et qui lâchent tous, les uns à la suite des autres, chacun en remettant sur le précédent, après que l’un d’eux eut parti le bal, que «franchement le succès de Pierre Lapointe en France est loin d’être acquis, il n’est ni sympathique ni si brillant que ça, le garçon». Tu leur demandes: alors, pour vous, si ce n’est Pierre Lapointe, quel est le meilleur auteur-compositeur que nous ait donné le Québec au cours des dernières années?

En cœur cette fois-ci, à croire qu’ils se sont concertés:
– Les Dales Hawerchuk! Les Trois Accords!

J’ai même entendu les Denis Drolet.

C’est cela, très exactement, qu’être snob.

En passant, Jopi, finalement je n’ai pas eu le courage d’écouter le premier épisode de Elvis Gratton Ma vie, My Life à TQS, ce chef-d’œuvre du burlesque (s’cuse, là je mélange avec le premier film du duo Falardeau/Poulin, de 1985). J’ai plutôt zyeuté du côté des Golden Globes. Vive Borat!

Question de peau

Non, ce n’est pas une suite à mon texte de la semaine dernière (La machine à fabriquer des putes), c’est plutôt peut-être un début de réponse à l’incompréhension homme/femme qu’effleure Josée dans sa chronique de cette semaine: et si tout n’était qu’une question de peau? J’parle pas de couleur, ici. Je parle d’amour.

C’est peut-être là, dans la rencontre des peaux, que les êtres, un homme, une femme peuvent se retrouver le plus sûrement et le plus durablement. Je ne parle nullement de sexe (bien qu’il finisse par en découler naturellement).

Je propose seulement, parlant d’expérience, une idée… La Douce et moi, il y a plus de douze ans que nos peaux se sont trouvées, nous que tout aurait pu séparer.

N’en déplaise à Lamartine et Luis Mariano, oui, l’amour pourrait bien être d’abord une question d’épiderme; l’amour qui dure pourrait bien être surtout une question d’épiderme. De grain. L’amour c’est une compatibilité, presque chimique, alchimique, des peaux qui se trouvent et ne cessent de vouloir se retrouver; se découvrant tout en se reconnaissant chaque fois. C’est de la chimie, je le répète.

La qualité du tissu des draps n’est pas à négliger non plus, mais demeure secondaire…

Vous en pensez quoi? C’est peut-être réducteur… mais ça a le mérite d’essayer une approche scientifique de la question, qui va au-delà des phéronomes.

Pas tannées de mourir?

Dans une chronique précédant la naissance de Christ (Avant que le coq n’ait chanté, 22 décembre), j’écrivais ceci, en lien avec la destruction de bâtiments de la congrégation Saint-Francis-of-the-Birds, par le Manoir Saint-Sauveur, afin de construire un stationnement: «Combien de nos morts déterrera-t-on demain de nos cimetières pour ériger des “centres commerciaux”, ces nouvelles églises, où nous irons, la conscience légère et le porte-feuille alourdi serré contre nous dans la poche-révolver de nos vestons – à la place exacte du cœur, juste par-dessus lui – faire tourner l’Économie?»

L’Histoire se répète – et ce n’est qu’un début, je vous le prédis: les bulldozers sont ces jours-ci sur le cas de l’église Saint-Julien, à Lachute. Le but: un terrain de stationnement (encore!), pour l’usine Cascades.

Vous êtes pas tannés de mourir?

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