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« La maison du bonheur »

Par Rédaction

-Reportage-

Une initiative citoyenne est en branle afin d’implanter une maison des jeunes à Prévost. Pour l’occasion, le Journal a visité une maison des jeunes à Saint-Sauveur, laquelle intervient auprès des adolescents de 11 à 17 ans.

« Je viens ici depuis que j’ai 10 ans. C’est tellement accueillant et chaleureux. On peut s’évader en même temps que d’être encadré », confie Chesside, aujourd’hui âgée de 19 ans et intervenante à la Maison des Jeunes de Saint-Sauveur et Piedmont, situé au cœur du village de Saint-Sauveur, sur l’avenue de l’Église.

« La maison du bonheur », comme on la surnomme, ressemble à une demeure familiale. L’entrée donne sur une cuisine et une salle à manger. Des pâtes alimentaires, des barres tendres et des soupes-repas sont offertes gratuitement aux jeunes. Dans le salon trône un grand écran de télévision, dédié aux jeux vidéo et aux films.

Au premier étage, il y a quatre ordinateurs et des bureaux, où se donne des cours pour des raccrocheurs du secondaire. C’est le cas de Chesside qui termine actuellement son secondaire 5.

Au sous-sol, une table de billard, une table de ping-pong et un sac de boxe sont mis à la disposition des jeunes. Au fond, une salle de musique est bien garnie d’instruments.

Une deuxième maison

« Si je pouvais, je passerais ma vie ici », lance Mégan, 15 ans, qui habite à Prévost et qui ne peut venir que si l’un de ses parents la reconduit en voiture. Elle dit envier les autres qui sont à quelques minutes à pied.

Mégan vient depuis deux mois, pour socialiser et l’aider à surmonter son trouble d’anxiété social. « C’est comme une deuxième maison », dit celle qui aime faire du karaoké ou jouer au billard. « C’est un espace où on peut rester soi-même, décompresser et se confier aux intervenants. »

Arthur, 14 ans, vient depuis deux ans à la Maison des Jeunes, à quelques minutes à pied de chez lui. « C’est le fun, il y a tout le temps du monde. Tu rencontres beaucoup de personnes », dit-il.

Avant de rejoindre ses amis à l’arrière de la maison pour jouer au basket-ball, Arthur explique que depuis qu’il vient au centre, il a pris l’habitude de laver la vaisselle, chose qu’il ne faisait pas avant.

Origine et mission

C’est Carole Asselin et Luc Charbonneau qui ont fondé cet organisme à but non lucratif, il y a 31 ans, en 1990. L’objectif était de rendre les jeunes responsables et autonomes en plus de les valoriser. Bâtie il y a une dizaine d’année, la maison accueille habituellement une vingtaine de jeunes. Le respect est de mise et à quelques endroits, la même affiche annonce : « Pas de contact physique sous peine d’expulsion ».

Un impact positif sur la communauté

« Il y en a qui sont tought à l’école, mais ici, c’est leur maison et ça se passe bien », dit M. Charbonneau. « Les jeunes n’endommagent pas leur maison parce que c’est leur espace », ajoute-t-il. Le directeur de l’endroit a installé trois caméras sur chaque étage. S’il doit intervenir, il prend sa voiture et se rend au centre en l’espace de cinq minutes.

« Quand les jeunes sont ici, ils ne trainent pas dans le village et ils ne font pas de niaiseries », ajoute M. Charbonneau, qui considère que l’organisme a un impact positif sur la communauté.

Quand Karl dit qu’il travaille comme inter-venant dans une maison de jeunes, il est souvent confronté à des stéréotypes voulants que ce sont tous des jeunes « difficiles ». « Non, ce sont des jeunes qui veulent juste avoir du plaisir », résume-t-il.

« Si la maison des jeunes n’avait pas été là, je ne sais pas ce que j’aurais fait », raconte Chesside, qui était une « jeune à problème ». « On me disait souvent que je n’irais nulle part. Ici, on valorise la différence. Je redonne aux jeunes ce que j’ai reçu. »

Un appui

Une maison de jeune s’articule autour de la prévention, de la sensibilisation et de la participation citoyenne, selon Nicholas Legault, directeur du Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ).

La programmation se façonne selon les désirs des jeunes du milieu où la maison est implantée. C’est pourquoi certaines maisons de jeunes sont davantage artistiques alors que d’autres sont plus sportives.

Le RMJQ offre notamment des formations et des assemblées, en plus d’aider à la promotion et au financement auprès des instances politiques.

« Le jeune doit être au cœur du projet, c’est à dire qu’il doit avoir un pouvoir décisionnel », explique M. Legault. Ainsi, dans plusieurs maisons, des comités de jeunes sont formés pour pouvoir mieux être à l’écoute de leur besoin et de les responsabiliser.

Les maisons de jeunes existent depuis 45 ans au Québec. Au total, 207 maisons de jeunes font partie du regroupement.

La 24e édition de la Semaine des maisons des jeunes aura lieu du 11 au 17 octobre.

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