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Accès à Cannes!

Par jacqueline-brodie

En être ou n’en pas être?

Mois de mai, mois de Cannes. La fièvre du Festival s’est répandue sur la planète cinéma, provoquant d’un continent à l’autre des sentiments de diverse nature. 

Jacqueline Brodie, Correspondante à Cannes

Parmi les 1715 films visionnés par son Comité, une cinquantaine a été sélectionnée. Pour la compétition du long métrage, 19 élus seulement dont nombre d’incontournables: l’Espagnol Pedro Almodovar, le duo belge des frères Dardenne, le génial danois Lars Von Trier, l’Italien Nanni Moretti, le Finlandais Aki Kaurismaki, le Français Alain Cavalier et l’Américain atypique Terrence Malik dont le film The Tree of Life enfin terminé, est attendu depuis un an. Tout un défi pour Robert de Niro, président du Jury !

 

Faut-il préciser que comme chaque année, l’annonce du choix des élus a provoqué quelques commotions: ambroisie pour les uns, pilule amère pour les autres qui figurent sur la longue liste des refusés. C’est notre cas; de films canadiens, nenni. Nos compatriotes abonnés à la sélection cannoise sont occupés ailleurs. Denys Arcand, quatre fois sélectionné, 2 fois primé, qui présentaitL’Âge des ténèbres en 2007 – et dont la dernière invitation en compétition remonte à 2003 avec Les Invasions barbares (Prix du scénario) – scénarise. Atom Egoyan, l’un des favoris du Festival – 7 longs métrages en sélection officielle dont 5 en compétition, (Grand Prix 1997 pour The Sweet Hereafter/De beaux lendemains) – président du jury Cinéfondation Courts métrages 2010, prépare deux mises en scène theâtre et opéra et lui aussi scénarise. Quant à David Cronenberg – 4 invitations dont 3 en compétition, Prix spécial du Jury en 1996 pour Crash et Président du Jury en 1999 – il prépare le tournage, prévu fin mai, de son prochain film Cosmopolis avec, entre autres, Juliette Binoche et Mathieu Amalric. Son dernier thriller A Dangerous Method sera offert au Marché du Film. Nous voilà rassurés, pas de chômage pour nos vétérans !

 

Et la relève ? Pour Xavier Dolan, 22 ans, débordant de talent, poulain du Festival 2010 côté découvertes avec Les Amours imaginaires en sélection officielle, il nous faudra attendre. Notre jeune prodige tourne actuellement son 3e film Laurence Anyways que… peut-être l’an prochain Cannes, fidèle à ses créateurs nous fera découvrir. Déçus, producteurs et distributeurs s’interrogent. Notre cinéma, bien vivant sur nos écrans serait-il à classer dans la catégorie œuvres pour consommation locale seulement ? Serions-nous devenus les mal-aimés du Festival ? Et de citer Incendie, refusé à Cannes, sélectionné à Venise et nominé aux Oscars…

 

Le beau risque

Les habitués du célèbre festival se souviennent d’un cinéma québécois inventif, audacieux et rebelle et de ses années fastes sur la Croisette: André Forcier, Denys Arcand, Jean Pierre

Lefebvre (un record de 11 films à Cannes !), Gilles Carle, Jean-Claude Labrecque, Micheline Lanctôt, Anne- Claire Poirier et plus tard Jean-Claude Lauzon, autant d’auteurs découverts par la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle alors adepte du beau risque. Idem pour la compétition qui ose présenter en 1974, le premier long métrage de Michel Tremblay et André Brassard Il était une fois dans l’Est. 1975, Les Ordres de Michel Brault remporte le Prix de la mise en scène; 1976, L’Amour blessé de Jean Pierre Lefebvre est invité hors compétition; 1977, 2 films en compétition: Le vieux pays où Rimbaud est mort de Jean Pierre Lefebvre et J.A. Martin Photographe de Jean Beaudin (Prix d’interprétation féminine à Monique Mercure). Le dénominateur commun à ces choix ? Défi au conformisme, innovation, recherche esthétique particulièrement aboutie et actualité socio-politique. Nous sommes alors dans les années 70-80. Dans le sillage de la visite d’un certain général, onde de choc au Québec. Attentats, violence, répression, fièvre référendaire… le Canada et le Québec en crise sont propulsés dans l’actualité. Le monde – francophone en particulier – s’intéresse à nous et Cannes à notre cinéma.

 

 

Nous voilà dans le vif du sujet. Que veut Cannes ? Laissons son Président, Gilles Jacob, nous l’expliquer:

«Le festival de Cannes n’a pas vocation à voler au secours de la victoire. Il est là pour être à la pointe de la recherche, de l’exploration. Pour faire avancer l’écriture et la forme. Permettre aux œuvres non formatées de s’exprimer… Pourquoi, par exemple un cinéma comme le cinéma israélien parvient-il à aligner tant de bons films par rapport au nombre de films produits ? A obtenir autant de sélections et de récompenses dans les festivals internationaux ? On en tirera peut-être l’enseignement que ce sont les films faits dans l’urgence, sur des problèmes contemporains, des enjeux primordiaux, des tensions palpables, parce que c’est un cinéma qui rencontre son époque en jouant sans cesse sa peau. Mais Cannes ne serait pas Cannes s’il ne tenait pas son rôle de diplomate…»

 

Réitérant l’indéfectible soutien du Festival à Jafar Panahi, cinéaste iranien emprisonné dans son pays pour avoir exprimé ses opinions, et se référant aux pays en proie à des bouleversements politiques ou naturels, M. Jacob ajoute: «Cette année, nous aurons une pensée particulière pour le Japon, la Tunisie et l’Egypte: L’Egypte sera notre pays invité.»

 

Chez nous rien à signaler, merci. Démocratie tranquille avec scandales ordinaires, pas de guerre ou de révolution à l’horizon. Reste la sédition, le non-conformisme, l’innovation. A suivre…

 

Haut le court!

Trêve de jérémiades ! L’honneur est sauf… de justesse. Le sauveur, Nicolas Roy, auteur de Ce n’est rien, une fiction de 14 minutes sélectionnée en compétition dans la section court métrage. Qui est Nicolas Roy, consolateur de notre ego cinéma blessé ? Scénariste, réalisateur et monteur, ce Québécois de 36 ans est l’auteur de plusieurs courts films dont Jour sans joie en compétition au dernier Festival de Locarno en compagnie de Curling de Denis Côté dont il avait signé le montage. Il scénarise un long métrage!

 

Année de l’Egypte – Le documentaire québécois tourné au Caire, La nuit, elles dansent sera présenté en projection spéciale à la Quinzaine. C’est une réalisation d’Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault.

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