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Futur poste de la Sureté du Québec

Par Journal Accès

Saint-Sauveur ou Sainte-Adèle?

Alors que le choix de l’emplacement du futur poste de la Sureté du Québec (SQ) pour le territoire de la MRC des Pays-d’en-Haut semblait acquis, une étude commandée par la Ville de Sainte-Adèle vient le remettre en question. Va-t-on assister à une nouvelle saga dans le dossier de la police, la bataille se jouant entre deux villes cette fois?

 

Le 30 novembre dernier, le journal Accès rapportait que le conseil des maires de la MRC des Pays-d’en-Haut avait statué: le futur poste de la SQ serait bien sur un terrain en bordure de la route 364 à Saint-Sauveur, comme prévu dans le protocole d’entente signé entre la SQ et la MRC en mars 2009. Ce choix avait été entériné par sept maires contre trois. Depuis, la situation a changé puisque la Ville de Sainte-Adèle a obtenu officiellement l’abolition de son service de police. La SQ prendra le relais sur le territoire adélois dès le 18 mai prochain.

 

Une bataille annoncée?

«Mon conseil a envoyé une résolution à la MRC des Pays-d’en-Haut, lui demandant de reconsidérer le choix de Saint-Sauveur pour l’emplacement du futur poste de la SQ», confirme le maire de Sainte-Adèle, Réjean Charbonneau. Il se base sur une étude qu’il a commandée à la firme Raymond Chabot Grant Thornton, laquelle faisait l’analyse d’une localisation pour une desserte policière optimale sur le territoire de la MRC des Pays-d’en-Haut. Datant de février dernier, l’étude qui a coûté 17 000$ selon le maire, soutient que «le site offrant le plus d’avantages est celui situé à l’intersection de la sortie 64 et de l’autoroute 15».

 

Pour le maire de Saint-Sauveur, Michel Lagacé, la situation est claire: «Le maire Charbonneau cherche à avoir le pain, le beurre et l’argent du beurre!» Pourtant, l’étude semble sérieuse, et la réputation de la firme RCGT l’est tout autant. Le maire Lagacé balaie du revers de la main les conclusions de l’étude: «Avoir dépensé cette somme, j’aurais eu une étude qui serait arrivée aux mêmes conclusions avec l’emplacement sur la route 364. Pour moi, c’est un coup d’épée dans l’eau!» Selon lui, la localisation n’est pas un élément qui a une incidence sur la présence de la police sur le territoire de la MRC. «Le premier bureau des policiers, c’est leur auto, croit M. Lagacé. Les patrouilleurs sont sur le terrain; le service, il est mobile.»

 

Mais pour le maire de Sainte-Adèle, cet argument ne tient pas la route: «C’est vrai que les policiers sont mobiles, mais ils doivent prendre leur auto au poste et quand il y a des arrestations ou des rapports à rédiger, ils doivent encore retourner au poste.»

 

De plus, M. Charbonneau ajoute que l’étude de la firme RCGT a étudié l’emplacement situé en bordure de la route 364 et que celui-ci ne remplissait pas la moitié des critères qu’elle avait établis. «Et il ne faut pas oublier que cette route a un débit routier important et qu’elle ne comporte qu’une seule voie. De plus, Saint-Sauveur est très achalandée en période de pointe. En revanche, le secteur du Mont-Gabriel est desservi directement par l’autoroute 15 et la route 117, ainsi que par le chemin de la Rivière-à-Simon», ajoute-t-il.

 

Cependant, le maire de Sainte-Adèle ne craint-il pas qu’il y ait apparence de conflit d’intérêt, alors qu’une étude que sa ville a commandée l’avantage dans ce dossier? «Pour localiser ce poste de police, il faut se baser sur des faits avérés. Or dans le choix du site sur la route 364, à ma connaissance, je n’ai jamais eu vent d’aucune étude de localisation. Et là, on va construire un poste pour les 25 prochaines années, sur des présomptions? Je pense que notre étude a fait réfléchir les gens», déclare M. Charbonneau.

Grenouillage dans la MRC?

En 2009, sept municipalités sur dix que compte la MRC des Pays-d’en-Haut, étaient desservies par la SQ au moment de la signature du protocole d’entente avec la SQ. Or la police provinciale couvrira à partir de mai, l’ensemble de la MRC. La cohésion autour de Saint-Sauveur va-t-elle demeurer? «Ça me surprendrait que les municipalités de l’est de la MRC changent d’avis», croit Michel

Lagacé. Mais les autres? «Il y a du maraudage, admet le préfet de la MRC Charles Garnier. Le maire Charbonneau va sans doute essayer d’aller chercher d’autres appuis.» Il reconnaît également que la donne a changé depuis: «J’ai signé en 2009 au nom de sept municipalités, un protocole de desserte policière par la SQ, incluant une clause prévoyant la construction du nouveau poste à Saint-Sauveur. Pour l’instant je me dois de faire respecter l’engagement pris. Toutefois depuis 2009, les municipalités de Piedmont et de Sainte-Anne-des-Lacs se sont ajoutées et depuis peu la ville de Sainte-Adèle. C’est donc dire qu’un nouveau protocole devra être négocié.» Et il reconnaît qu’il n’y a pas eu d’étude de localisation qui a été faite en 2009 pour étayer le choix de l’emplacement à Saint-Sauveur. «À ma connaissance, la Ville de Saint-Sauveur a payé pour faire une étude exhaustive du terrain seulement. C’est sur un marais, mais il peut être asséché. La Ville a d’ailleurs obtenu un certificat d’autorisation (CA) par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP).

 

Toutefois, ne craint-il pas le conflit qui s’annonce? «J’aime pas quand il y a de la division, reconnaît le préfet. J’ai deux villes centres qui sont en compétition, en éternelle rivalité. C’est un peu la faiblesse de ma MRC. Dans ce temps-là, on n’avance pas. Il faut faire des consensus.»

 

Droit de prépondérance

Le maire Charbonneau a l’intention de remettre à l’ordre du jour du prochain conseil des maires de la MRC, le 10 avril prochain, la question de la localisation du futur poste de la SQ à Saint-Sauveur. S’il parvient à convaincre au moins deux autres maires à le rejoindre, le conseil des maires se retrouverait donc divisé à 50/50. Le préfet pourrait être appelé à utiliser son droit de prépondérance, afin d’entériner ou non la décision de rouvrir le dossier. Ce qui semble inéluctable. La saga risque donc fort de se poursuivre…

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