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Pas de tour dans ma cour!

Par Thomas Gallenne


Antennes relais et ondes cellulaires dans les Laurentides

Piedmont, Lac-des-Seize-Îles, Sainte-Anne-des-Lacs. La pression des fournisseurs de services en matière de téléphonie mobile ou d’internet est croissante dans les Pays-d’en-Haut. Sachant qu’il est difficile d’aller contre le progrès, comment concilier couverture du territoire de services sans fil, et réduction des impacts sur la santé et les paysages? Le tout sans verser dans le syndrome du «pas dans ma cour».

 

L’équivalent de la Place Ville-Marie à Lac-des-Seize-Îles

L’érection d’une tour de télécommunication de 85 mètres sur une montagne qui s’élève à environ 120 mètres, est loin de faire l’unanimité dans la petite communauté de 180 résidents permanents, à laquelle s’ajoute près de 800 villégiateurs durant la saison estivale. Le maire Luc

Lamond  croit qu’en plus d’améliorer la couverture de service sans fil, la future tour Vidéotron viendra ajouter une saine concurrence. «On est une municipalité dévitalisée et on devrait offrir un accès haute vitesse aux familles, sur l’ensemble du territoire», ajoute-t-il.  Le maire reconnaît toutefois que cette tour aura un impact: «C’est clair qu’on doit sacrifier un peu le paysage, mais c’était l’endroit le plus propice. Et l’impact environnemental sera réduit car le chemin d’accès au futur emplacement existe déjà.» Les opposants balaient du revers de la main les arguments servis par le maire. Alexandre Barns demeure proche de la future tour. Pour lui, cette installation est un non-sens. «On a déjà des services haute vitesse, avance-t-il. Cette tour va défigurer notre paysage qui est notre principal attrait.»

 

Un processus

décisionnel contesté

Edward B. Claxton, villégiateur depuis plusieurs générations, se dit outré de la décision du conseil municipal. «Pour moi, toute cette démarche est abusive», soutient-il, rappelant que ce projet n’a jamais fait l’unanimité au sein de la communauté. Il remet aussi en doute la légalité du changement de zonage nécessaire à l’implantation de la tour.

 

Cependant, Luc Lamond ne croit pas que le débat divise tant que ça la population. «Les gens ont hâte que le signal soit disponible et que la compétition s’installe» lance le maire. De son côté, M. Claxton n’entend pas baisser les bras. «J’ai déposé un recours contre la municipalité», déclare cet avocat basé à Montréal. Trop peu trop tard? «Le socle sera posé cette semaine, précise le maire. Mi-décembre, la tour sera levée et à la mi- janvier, le signal devrait être disponible.»

 

Sainte-Anne-des-Lacs:

les citoyens montent au créneau

Samedi dernier, un comité de citoyens touchés par le projet d’implantation d’une tour de télécommunication de 54 mètres en plein village, s’est réuni pour préparer l’offensive. Ils demeurent préoccupés quant aux impacts sanitaire, visuel – la tour projetée aurait l’équivalent d’environ 20 étages – et économique. Le conseiller municipal Sylvain Charron  qui assistait à la réunion avec ses collègues Serge Grégoire et André Lavallée, a reconnu que le conseil s’était mis un peu la tête dans le sable dans ce dossier. «On a remis le fardeau du choix et de la décision finale sur les citoyens», a-t-il avoué. Pour sa part, M. Grégoire a rappelé que la communauté devra réfléchir sur la volonté ou non d’avoir une couverture cellulaire complète sur le territoire, et le cas échéant, d’en déterminer les conditions et les moyens. Bien que la décision finale appartiennent à Industrie Canada, M. Charron a confirmé que les parties concernées (Rogers et Robert Boyer) sont prêts à revoir le projet.

Le comité qui représente une quarantaine de résidents touchés par ce projet de tour, a lancé une pétition en début de semaine dernière.  «On a déjà récolté plus de 350 signatures en une semaine», confirme un des citoyens concernés, Peter Italiano.

 

La municipalité promet une consultation publique

Lors du «samedi matin des élus», le maire Claude Ducharme a démenti les propos allégués par Rogers, à l’effet que la municipalité n’avait pas répondu à leur demande d’emplacement sur des terrains municipaux. Le maire ajoute que le député fédéral du comté,

Marc-André Morin, a été saisi du dossier et que la municipalité allait organiser une consultation publique sur le projet. «Même si en bout de ligne, Industrie Canada va trancher, il ne faut pas laisser les citoyens se battre tout seul, ajoute M. Ducharme. Et il ne faut pas laisser de simples individus imposer leur décision à l’ensemble de la communauté.»

 

André Lavallée a indiqué que son administration envisage également de revoir le règlement pour encadrer l’implantation de ce type d’équipement sur le territoire annelacois.

 

Piedmont se dote

d’un règlement plus restrictif

Le 12 octobre dernier, la municipalité de Piedmont adoptait son règlement numéro 807-11 portant sur les usages conditionnels. «Étant donné qu’on ne peut pas interdire l’installation de tours de télécommunication sur le territoire de la municipalité, avec ce nouveau règlement, on vient restreindre leur implantation», précise le maire de Piedmont, Clément Cardin.

 

Piedmont compte déjà trois tours de télécommunication sur son territoire: la tour Bell au mont Olympia, la tour Rogers au mont Avila et enfin la tour Télus sur le mont Belvédère, à l’intersection des chemins de la Corniche et du Cap. Le maire Cardin a confirmé que la tour Vidéotron située sur la 117 sera démantelée d’ici à début décembre et que l’équipement de transmission sera installé sur la tour Télus.

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