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Violence

Par Journal Accès

Il est difficile de parler de la violence sans enfoncer des portes ouvertes, sans pontifier, bêler comme un mouton pacifiste, ou sans taper du poing sur le comptoir du bar. Mais ce qui se produit en ce moment dans nos pays occidentaux mérite qu’on s’arrête et contemple la question. Un coup de gueule étant par essence un peu violent, nous allons prendre donc le contre-pied, et passer derrière le bar.

La violence est le résultat d’un débordement que l’on n’arrive pas à contenir, qui prend racine dans des problèmes de voisinage, de pauvreté, d’argent, de drogue, de justice ou d’injustice, de racisme, de police, de faits de sociétés, j’en passe. Ce faisceau de causes non résolues se réunit donc dans un nœud et ne se libère que dans des rapports de force complètement inégaux, depuis le brasse-camarade jusqu’à l’invasion d’un pays par un autre, en passant par le lynchage, le meurtre ou la prise d’otage, j’en passe aussi.

 

Ces mois derniers on a assisté aux États-Unis à des épisodes qui nous touchent de près d’abord parce qu’ils se produisent chez nos voisins. Et parce qu’ils prennent racine dans des situations que nous rencontrons souvent de ce côté de la frontière. Également, on nous a rapporté qu’à Marseille, les tracasseries des petits pourvoyeurs minables de drogue se réglaient désormais à l’arme de guerre. Là-bas, cette semaine passée, 30 impacts de balles pour un tué, le quatorzième depuis le début de l’année, haché menu à la Kalachnikov, dont on dit que 110 millions d’unités ont été fabriquées en tout.

 

Dans l’ancien temps, comme pépé le disait aux petits en racontant une histoire, il y avait certes la guerre, qui est le stade institutionnel de la violence. Mais il y avait une justice accessible, rendue au pied du chêne, ou de proximité pour reprendre le terme actuel. Une justice charnelle, palpable où tous les protagonistes étaient de part et d’autre d’un arbitre. Afin d’éviter que chacun ne s’étripe pour un oui ou pour un non. La compréhension ou la soumission aux institutions était et doit être le lubrifiant de notre comportement social et moral. Au lieu de comprendre que la violence est dévastatrice, et qu’il ne faut surtout pas copier nos politiques, qui anéantissent des pays en montrant des photos truquées ou des fioles de poudre blanche, ils filent exactement en sens inverse ett tentent de réparer mitraillette au poing telle ou telle injustice, souvent en faisant fausse route, comme de confondre des musulmans et des sikhs.

 

Il semblerait que cette violence trouve son expression la plupart du temps dans la facilité qu’ont les gens nerveux et colériques à se procurer l’instrument de leur hargne et de leur vengeance. Le cinéaste Michael Moore avait parfaitement souligné la corrélation entre la position de la National Rifle Association, la vente d’armes libre, cet amendement à la Constitution Américaine, la mentalité des «red necks» et les massacres dans les universités ou les supermarchés *. Il avait également cité le Canada en exemple de ce qu’il fallait faire pour conserver un minimum de sens moral. Même si nous avons eu notre très petite part d’évènements, ils restent des accidents regrettables dont les causes ne sont pas aussi claires que ce que nous dénonçons.

 

Mais, car il y a un mais d’importance. Notre bien-aimé guide suprême, bouche bée d’admiration devant nos cousins du Sud, a démoli notre législation sur les armes d’épaule. Gesticulant contre la tradition anglaise, où même les policiers, ces sympathiques «bobbies» ne portent pas de pistolet. Je ne suis pas convaincu que ce soit bien le moment pour nous de singer les américains. Malheureusement, ça n’est pas la première fois que notre Premier rame vigoureusement avec ses cowboys à contre courant de l’histoire et de la morale.

 

* Bowling for Columbine – 2002

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