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Cachez cette pipe que je ne saurais voir

Par Josée Pilotte

L’indécence existe-t-elle encore? Ouf!, grande question, presque philosophique…

Comment vous dire à quel point notre page couverture de la semaine dernière a fait réagir?… Nous y mettions en lumière ce qui se passe parfois dans un bar de la région (et sans doute dans quelques autres…), des nuits où l’on incite des jeunes filles à simuler sur scène des actes sexuels devant une foule émoustillée…

D’abord une multitude de parents et lecteurs qui ont applaudi au courage de notre équipe. Ils m’ont démontré par leurs réactions outrées, scandalisées de découvrir cette vérité-là, que l’indignation existe encore (ce dont, rappelez-vous, je n’étais pas certaine). Ces lecteurs-là ont le courage de regarder en face, même sous l’éclairage glauque d’une scène d’horreur, ce qui se passe réellement près de chez nous. L’indécence existe-t-elle encore? Depuis cette semaine, je sais au moins que l’indignation, elle, existe.

«Où était votre fille samedi soir?», titrait-on… À vous lire, Lectrices, Lecteurs, je vois au moins ceci: vos enfants, où qu’ils se trouvent le samedi soir, se trouvent d’abord au cœur de vos inquiétudes, de vos préoccupations. Au cœur de vos cœurs en souci.

Puis, bien entendu, les Hypocrites, eux, se sont déchaînés sur la photo que nous avons utilisée. C’est une position que les faux puritains aiment bien: s’attaquer à la forme du message plutôt qu’au message lui-même.

Comment leur faire comprendre que ce sont les enfants et les ados qui sont les premiers protégés quand on dénonce clairement ce genre de comportements dans les médias, quand on conscientise les parents sur ce qui arrive réellement dans certains endroits de la région, quand on crie – comme la Une d’Accès le criait – son indignation… 

Comment leur faire comprendre que ce travail journalistique d’Accès demandait du courage de la part de notre équipe et qu’il sert d’abord à protéger les jeunes en mettant la lumière sur des situations dérangeantes, qui nuisent à leur épanouissement, comme le mentionne notre texte… C’est ce courage de certains médias qui permet de mettre fin à des abus inqualifiables. 

Cette valse des hypocrites est une danse dangereuse, qui sert d’abord les «tueurs d’enfance » et autres mon’oncles vicieux des partys de Noël, bien trop heureux qu’on ne montre pas ces choses-là.

Oui, si notre journal de la semaine dernière a révélé des parents inquiets et des citoyens aux abois, il a aussi révélé toute cette hypocrisie qui dort encore dans nos chaumières… Bonne conscience, on fait un chèque pour les causes de bienfaisance et on appelle sa mère à la fête des Mères! Tout ça est d’une infinie lâcheté…

Oui, nous aurions pu être plus «soft» dans notre traitement de cette information… Mais aurions-nous alors fait honnêtement notre travail, aurions-nous eu l’écho que cette nouvelle méritait? Comme disait Yvon Deschamps: «On veut pas le «saouère», on veut le «ouère»…»

Sachez que ces photos se sont retrouvées – et se trouvent encore – sur les pages Facebook d’enfants de la région, (et quand je parle d’enfants, je parle d’enfants de 10 ans à peine) dont les parents nous ont appelés. Nous croyons à l’intelligence de nos lecteurs et que, plutôt que de les mettre dans l’embarras face à leurs enfants, ce journal permettra d’ouvrir une discussion franche dans les familles, lors de laquelle les parents pourront mettre en garde leurs enfants contre des lieux ou des situations à éviter.

Ceci permettra peut-être aux parents de questionner leurs ados sur leurs allées et venues le samedi soir…

Mais.  J’y pense… Peut-être n’étiez-vous pas prêts à ouvrir la discussion? Peut-être n’étiez-vous pas prêts à entendre les réponses qu’elle aurait pu susciter…? 

L’indécence existe-t-elle encore? Oui, et elle est dans l’Hypocrisie ambiante. Partout.

Une chroniqueuse de la région, aux propos gauchistes mais qui travaille pourtant pour l’Empire (ah!, encore l’hypocrisie, bout-d’viarge!), a tenu cette semaine des propos avec lesquels – et j’en suis la première surprise! – je suis pour une fois plutôt d’accord: elle élaborait le concept du «parent-roi», celui qui s’immisce dans tous les aspects de la vie de son enfant (roi, lui aussi) afin de le protéger de tout, et de l’école et de ses profs en premier lieu.

J’ai envie de les mettre en garde, ces parents-rois… Ils ne savent pas tout de ce qui se passe dans leur Royaume, ni toujours où sont leurs princesses et leurs princes quand leurs écrans d’ordinateur s’allument et que la nuit tombe…

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