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Les États-Unis ont bien Obama, eux

Par Josée Pilotte

Vous avez été deux ou trois, mettons quatre ou cinq, okay… mettons environ 244 000, à me féliciter pour ma chronique de la semaine dernière. Vous avez été 244 000 à me dire que j’étais une grande idéaliste et que, franchement, l’idée d’inviter les maires de notre région à rouler sur nos routes laurentiennes était une fichue de bonne idée.

Je vous en remercie. C’est très gentil. Et vous avez parfaitement raison sur une chose, je suis une idéaliste finie. Voilà c’est dit. Que voulez-vous, je rêve d’un «monde meilleur» ou d’un «monde plus sain» et, par les temps qui courent… je rêve principalement à de meilleures conditions pour rouler.
À chacun son dada, il y a en a qui rêvent de renouveler leur mandat à la Mairie pendant que d’autres rêvent de devenir trapézistes pour le cirque du soleil (une autre profession à haut risque!)
– C’est «cool», Jopi, ton affaire de vouloir faire un projet «durable» (une piste cyclable) pour notre petit coin de pays, mais j’espère que tu ne penses pas que les maires vont vraiment aller faire du vélo avec toi?!
– Pouquoi pas?
– Ben franchement, ils n’ont rien à cirer de nos routes de Beyrouth et de nos voies d’accotements en état de décomposition… quand elles existent! Ils en ont encore ben moins rien à cirer d’une piste cyclable.
– Ils vont venir…

Sauf que parmi les 244 000, il y a quelques fins-finaux (disons cinq, six…) qui ont voulu péter ma baloune. Je les trouve moins drôles, les péteux de baloune: «Va pas te présenter à la Mairie, Josée, avec un programme comme ça; les gens, ce qu’ils veulent, c’est que leurs vidanges soient ramassées le mercredi et que les routes soient bien entretenues. Et puis, puisque pour les routes il y du gros travail à faire, tu comprends que le développement d’un circuit pour les cyclistes, les joggeurs, les rollers… c’est pas dans les plans de l’électeur».

Comme péteux de baloune, on peut pas demander mieux…

Mais. L’idéaliste finie refuse cette théorie.

Les gens qui passent dans le nord leur vie comme leur weed-end, ils viennent pour avoir la paix, oui, mais une paix qui ne naît pas seulement de l’isolement d’un terrain bien aménagé, ils viennent pour une paix qui naît aussi (surtout?) de la qualité de VIE qui passe d’abord par l’extérieur («Va jouer dehors!»). On vient dans le nord pour s’oxygéner, se déplacerautrement dans un univers différent, sur des sentiers patrimoniaux préservés et balisés, sur des pistes cyclables sécuritaires et invitantes, sur des routes et de voies d’accotement dignes de ce nom.

Imaginez un instant que l’on puisse circuler d’un village à l’autre en toute sécurité. Imaginez nos Laurentides autrement. Imaginez des Laurentides qui se laissent goûter par ses sentiers et ses routes, comme Venise se laisse prendre par ses canaux.

Le politicien qui osera en faire un enjeu électoral, qui osera la différence, qui osera moderniser sa pensée, qui osera voir plus loin que lui, donc la vision fera éclater ce putain d’esprit de clocher qui sclérose ce que nous sommes et qui nous rapetisse… celui-là,

moi je suis certaine qu’il aurait de grandes chances de remporter ses élections.

Le politicien de demain arrive à l’hôtel de ville à pied, et sur ses pancartes électorales il porte fièrement le cuissard de vélo aux couleurs de sa ville! Imaginez le slogan: «Avec Lui rouler vers un avenir en santé». Tu le vois comme c’est beau?

En tous cas. Toujours est-il que…

Je sais pour l’avoir lu dans mon journal qu’ils se sont enfin décidés à relier le Corridor aérobic et le Parc linéaire; ça leur a pris une dizaine d’années à statuer, mais ils y sont arrivés. Thanks God! Enfin presque: on n’a pas encore choisi la route, on parle de la rue de l’église qu’on devra agrandir, ou encore de la 364 qu’on devra civiliser.

Car c’est dans l’action, dans l’idéal des idéaux, que le meilleur se produit. Or j’ose espérer que d’en parler et reparler encore et encore finira par faire comprendre qu’il existe là une richesse collective et individuelle qui pourra nous rendre plus modernes, plus fiers, plus distincts, plus rassembleurs, plus rassemblés, plus sains, plus en santé. Plus beaux.

C’est plus qu’une piste cyclable, plus qu’une route bien entretenue, plus qu’une voie d’accotement, plus que des sentiers patrimoniaux dont je parle. C’est d’un Chemin. C’est d’un véritable un mode de vie.

Soyons raisonnables pour une fois: ne le soyons pas.

Rêvons un peu plus haut, rêvons un peu plus loin. Osons l’idéalisme!

Yes we can.

PS: N’oubliez, messieurs les maires, de venir rouler avec l’équipe d’Accès ce lundi à 16h. Rendez-vous au journal!

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