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Les nuits folles de Val-David et de Val-Morin

Par Jean-Patrice Desjardins

 

richard Desjardins

Richard Desjardins a présenté son spectacle Les derniers humains Chez Coco.


Roger Tabra

Décédé ce printemps 2016, Roger Tabra a peut-être écrit Chez Coco une de ses 350 chansons endisquées par de nombreux artistes?


Chez Coco

L’enseigne de Chez Coco en forme de grosse guitare a accueilli les gens à l’entrée de Val-David pendant 20 ans.

Laurentides rock’n’roll

Lorsque, vers 1860, Augustin-Norbert Morin, avocat, homme politique et plus tard juge, ouvre la première route menant les colons de Sainte-Adèle au territoire qui deviendra Val-Morin (puis plus tard Val-David, avec l’arrivée du train), il ne se doute pas que ce chemin du mont Sauvage sera le lieu de plusieurs nuits folles, un siècle plus tard. Et que Val-David sera un des châteaux forts de la chanson québécoise. Les Laurentides rock’n’roll, ça passe par l’hôtel du mont Sauvage et par Chez Coco.

Val-David est un village reconnu pour sa Butte à Mathieu et son apport à l’évolution de la chanson québécoise. L’aventure dure 15 ans et se termine avec la fermeture de l’endroit en 1974. « En 1980, il n’y avait rien à Val-David », lance d’emblée le fondateur du café Chez Coco, Jacques Miron.
Lui-même chansonnier, il reprend les locaux du café Belle Lurette, au coin des rues de l’Église et de la Rivière. Avec sa conjointe France Sirois, il ouvre sa boîte à chansons. Il se souvient du premier show, celui du bluesman Mose Scarlett.
« On a eu ben des problèmes avec notre permis d’alcool, mais on servait de la bonne bouffe. Claude Saint-Denis a développé un menu. Il y avait toujours un menu du jour et Chez Coco était connu pour sa bouffe mexicaine et ses assiettes de fromage », soutient Coco Miron.

De grands noms y sont passés

Au fil des ans, de nombreux artistes sont passés par la petite salle qui acceptait 50 personnes : Raymond Lévesque, Karen Young, Richard Desjardins, Roger Tabra, Dan Bigras, Bob Walsh, entre autres. Le boogieman Alan Gerber, qui habite à deux pas du café, y a souvent joué, parfois pour des concerts-bénéfices. Un autre groupe local, Vent du Nord, y a lancé un album.
« C’était un endroit où les gens écoutaient les paroles des chansons. Si quelqu’un se mettait à parler, on le faisait taire », lance fièrement Coco Miron, qui a aujourd’hui une résidence à Val-Morin, mais également au Mexique.
« Quand on ne réussissait pas à booker des artistes, je jouais le rôle de bouche-trou », lance Jacques Miron en riant, lui qui est aussi compositeur et interprète. Un album, Live Chez Coco, sera mis sur le marché et c’est Jacques Miron lui-même qui a signé la chanson Chez Coco.

Un esprit rebelle

Malgré qu’il se mérite le prix de l’entreprise de l’année aux Grands prix de la culture des Laurentides en 1993, le Café Chez Coco choque par son esprit un peu rebelle. « Notre gang de Saint-Sauveur, on sortait parfois à Val-David. C’était un endroit un peu rebelle. Ça fermait tard. Le local était vieux, poussiéreux. Je me souviens des chandelles sur les tables et de l’ambiance », affirme Martin Alarie, musicien connu sous le nom de Domaine Alarie, mais aussi ex-leader de Tankaochôde et ses Éléments.
C’est cet esprit rebelle qui a probablement mis fin aux activités de Chez Coco. « Des voisins se plaignaient du bruit », conclut Coco Miron. De guerre lasse, Jacques fermera Chez Coco en 2000, quelques mois après avoir fêté 20 ans de musique.

Les nuits du mont Sauvage

Il ne faut pas confondre avec l’Auberge du mont Sauvage, un hôtel où étaient célébrés des mariages et se faisait le couronnement de la reine du carnaval d’hiver de Val-Morin, avec l’hôtel du mont Sauvage, anciennement l’hôtel Panorama.
Situé près de la 3e avenue, tout près du centre de ski du mont Sauvage, l’hôtel du mont Sauvage accueillait les skieurs avec deux choix pour l’après-ski. De la musique plutôt électrique (parfois des groupes) en haut dans la discothèque, des chansonniers au sous-sol.
L’hôtel a eu sa passe hippie durant les années 1970, avec ses divans et ses tables de billard. Puis dans les années 1980, on y a aménagé une discothèque.
Une image vous donnera une idée de l’ambiance et situe très bien l’époque. « Plein de jeunes entrés avec des fausses cartes, habillés de leurs combinaisons de ski, qui se lèvent d’un trait pour danser lorsque débute la chanson Shout de Tears for Fears. » La source est anonyme.
Nous sommes dans les années 1980 et bientôt ce sera la fin des nuits folles de Val-Morin. Une vieille et grosse bâtisse, décorée de pierre, l’hôtel du mont Sauvage sera démoli et le centre de ski du mont Sauvage démantelé.
 

Quelques anecdotes de Chez Coco et du mont Sauvage

Jean-Patrice Desjardins – Chez Coco, la grosse guitare est apparue dès la première année. Denis Morin avait un compte et, pour le payer, il a construit cette enseigne en forme de guitare. Elle était faite comme une vraie guitare, mais quand est venu le temps d’en jouer… aucun son n’en est sorti! La guitare aurait été brûlée par les nouveaux locataires.
« J’hésite sur le qualificatif, mais je me souviens que l’endroit était, mettons, convivial. Parfois, Chez Coco, il fallait aider le barman, qui buvait avec nous. En tout cas, ça vous donne une idée de l’ambiance: ça buvait solide. » – Martin Alarie.
Une légende veut qu’un drink ait été inventé par Billy, le barman du mont Sauvage : le upside down, un verre de boisson forte servi la tête à l’envers.
« On acceptait que les clients grimpent un bill, mais pas plus que 50 $. »
« Alan Gerber a donné un concert-bénéfice parce qu’on s’était fait voler toute la réserve de boisson. »
« Quand on n’avait pas de permis de boisson, on servait une assiette de salade avec la consommation. » -Jacques Coco Miron
Jacques Coco Miron a écrit de nombreuses chansons, mais un de ses classiques demeure Des patates pis du steak haché.
Il semble que ce soit la pègre qui gérait l’hôtel Panorama, avant l’hôtel du mont Sauvage. Selon certaines sources, il y aurait eu des meurtres. Cela explique la réticence de certains à vouloir être cités pour parler de cet endroit.

jim zeller

Natif de Sainte-Agathe, l’harmoniciste Jim Zeller est souvent passé par Chez Coco.


 
vent-du-nord-chez-cococ--(1)

Richard Tremblay jouant de l’harmonica avec le groupe Vent du Nord…

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6 Comments

  1. Stéphanie

    En fait ce n est pas Dan Bigras qui joue de la ruine babine c est mon beau père Richard Tremblay 🙂

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    • Thomas Gallenne

      Une simple erreur d’inattention. L’erreur a été corrigée sur la version web. Merci pour votre vigilance!

      Reply
    • Thomas Gallenne

      Merci, l’erreur a été corrigée sur la version en ligne.

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  2. Stef

    En fait ce n est pas Dan Bigras qui joue de la ruine babine mais bien mon beau père Richard Tremblay 🙂

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  3. noël Dubois

    Je ne me souvenais pas que Dan Bigras avait jouer avec nous Vent du Nord ,chez COCO
    Quel beaux souvenir Robert Legault à la guitard solo, Guy Meunier à la basse moi comme accompagnement notre groupes vent du nord.

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  4. Eric gignac

    Mon dieu mes plus beaux souvenirs de jeunesse se sont passés a l’auberge du mon sauvage avec du U2 et tearsfor fears!! Belles années ..

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